Un rapport d’Europol anticipe un horizon dystopique à la Robocop en Europe d’ici 2035

La technologie robotique pourrait-elle constituer une menace à l’avenir ? Verra-t-on des Robocop dans nos rues pour maintenir l'ordre ? Les robots pourraient-ils commettre des actes terroristes ou criminels ? Autant de questions soulevées par un rapport peu rassurant d’Europol.

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Un rapport d’Europol’s Innovation Lab paru le 8 décembre sous le titre « Le(s) futur(s) sans personnel » a soulevé la question des implications de l’utilisation des systèmes qui ne nécessitent pas d’intervention humaine dans les domaines de l’industrie, la santé et plus récemment la guerre, et leurs répercussions en matière de sécurité, de confidentialité, de protection des données, de défis réglementaires et de nécessité de maintenir la confiance du public.

Le document de 48 pages dresse un tableau quelque peu inquiétant, dans la mesure où il anticipe un avenir dystopique digne du monde imaginé dans le film Robocop, d'ici une dizaine d'années. En 2035, il serait plausible, à en croire le rapport, que les forces de l’ordre aient affaire à des piratages par des cybercriminels de robots d'assistance sociale dotés d'intelligence artificielle, dont la fonction serait de veiller sur des personnes vulnérables. La menace résiderait dans le détournement de ces systèmes pour collecter des informations sur leurs victimes, et même les manipuler à des fins malveillantes, estiment les experts d’Europol.

Pire encore, le rapport anticipe une possible exploitation, à l'avenir, des capacités empathiques des robots sociaux par des criminels et des terroristes à des fins malveillantes. L’éventail de ces activités, relevant du champ de la manipulation, va de la désinformation au harcèlement en ligne. Ils pourraient notamment « tirer profit de l'utilisation abusive des robots sociaux, constituant ainsi une nouvelle modalité d'ingénierie sociale criminelle », selon Europol.

Utilisation de la technologie militaire du conflit en Ukraine par des terroristes ou des cartels de drogue

Les applications militaires des drones de combat ont beaucoup progressé durant les dernières années, au point de faire partie intégrante des nouvelles tactiques de combat sur les champs de bataille, comme c’est le cas aujourd'hui en Ukraine. Selon le rapport, les technologies employant des drones « de poche » dotés d'une intelligence artificielle pourraient être récupérées par des terroristes, pour attaquer des réseaux d'approvisionnement en électricité et en eau des villes ou libérer des criminels de prison, entre autres usages hostiles possibles.

D’après Europol, les cartels de drogue mexicains pourraient utiliser des drones dans leur trafic, comme en atteste la découverte par la police colombienne, depuis quelques mois, d’un sous-marin autonome, piloté à distance par un satellite Starlink, qui transportait une tonne et demie de cocaïne à destination de l'Europe.

Les groupes terroristes islamistes apprennent aussi à utiliser des drones bon marché et facilement accessibles, soulevant ainsi des inquiétudes quant à une possible utilisation de cette technologie pour perpétrer des attentats. 

Robocop n’est pas pour demain

Le rapport d’Europol affirme que la collaboration homme-robot devrait « devenir un aspect crucial des opérations de maintien de l'ordre », les agents et les robots travaillant côte à côte « pour répondre aux urgences, mener des perquisitions et recueillir des preuves ensemble ». Mais les robots pourraient également être détournés pour commettre des actions criminelles, soulevant ainsi des questions juridiques sur les procédures d’enquête, d’interrogatoire et de détention des robots en cas de crime.

Certains experts en robotique contestent cependant ces prédictions d'Europol, à l’instar de Denis Niezgoda, directeur commercial de Locus Robotics (entreprise spécialisée dans la fabrication de robots dotés d'IA), qui a déclaré au quotidien britannique The Telegraph que la perspective d'un Robocop grandeur nature dans les dix prochaines années était irréaliste avec la technologie dont on dispose actuellement. « Il existe non seulement des obstacles techniques, mais aussi réglementaires qui empêchent certains de ces scénarios très extrêmes de devenir réalité d'ici 2035 », a-t-il affirmé. Selon lui, il n’y aura pas de Robocop pour faire la police et les robots ne vont en aucun cas supprimer des emplois, a-t-il estimé.

Cependant, selon les déclarations de son porte-parole, l'agence Europol a souligné qu'elle ne pouvait pas « prédire l'avenir » et qu’en produisant ce rapport, son objectif était surtout « d'anticiper des scénarios futurs plausibles qui nous permettent de prendre des décisions plus éclairées aujourd'hui ».