Moldavie : la police annonce 150 perquisitions visant les partisans du bloc pro-russe «Victoire»
- Avec RIA NOVOSTI
En Moldavie, la police a procédé à 150 perquisitions parmi les partisans du bloc «Victoire», a indiqué ce 23 avril le bureau du procureur pour la lutte contre le crime organisé. Ils sont visés dans une affaire de contrebande et dénoncent une tentative d'«intimidation flagrante».
«Hier, les services des douanes ont reçu un message concernant une tentative d'importation de fonds dans le pays à une échelle particulièrement importante sans déclaration», a indiqué ce 23 avril le bureau du procureur de Moldavie. Celui-ci évoque une «contrebande commise par deux ou plusieurs personnes dans l'intérêt d'un groupe criminel».
«Les 22 et 23 avril, 150 perquisitions ont été effectuées, 662 000 roubles, 3 070 euros, 1 111 340 dollars et 128 téléphones portables ont été saisis», a précisé le procureur.
L’opposition moldave avait annoncé le 21 avril, lors d'un congrès fondateur à Moscou, la formation d’un nouveau bloc politique exigeant le rétablissement des relations avec la Fédération de Russie et la fin de l'intégration moldave à l'UE. La création de ce groupement de partis a été perçue avec une grande défiance par les autorités moldaves, pro-européennes.
Chasse aux sorcières ?
Les services de sécurité, cités par Bloomberg, dénoncent une campagne de déstabilisation pilotée depuis Moscou. Andrei Spinu, ministre moldave des Infrastructures et du Développement régional, a qualifié les responsables de l'opposition de «traîtres», toujours selon la même source. «Ils ont été créés à Moscou, près du Kremlin, pour indiquer clairement pour qui ils travaillent et qui ils servent», a-t-il encore déclaré.
Selon le chef de la police locale, Viorel Cernautanu, d'autres objets ont également été confisqués : des T-shirts, des cahiers, des mugs. Les perquisitions ont débuté à l'aéroport, alors que les délégués venaient de rentrer dans leur pays, et se sont poursuivies au domicile des suspects.
Le 22 avril, les participants au congrès avaient été arrêtés à l'aéroport de Chisinau et interrogés pendant plusieurs heures. Selon Natalia Paraska, chef du parti Renaissance, citée elle aussi par RIA Novosti, les autorités moldaves voulaient connaître les détails de ses rencontres avec des responsables russes et l'ont également menacée de poursuites pénales pour son voyage à Moscou.
«Intimidation flagrante»
La députée moldave Marina Tauber a dénoncé une procédure illégale, fustigeant une tentative d'«intimidation flagrante». «L'objectif est de faire taire autant que possible ceux qui sont mécontents du régime du PDS [le Parti action et solidarité, actuellement au pouvoir] et de Maia Sandu», a-t-elle expliqué, citée par RIA Novosti, voyant dans ces manœuvres de Chisinau les «convulsions» du parti au pouvoir alors que l'opposition s'organise. La parlementaire a promis d'engager des poursuites judiciaires.
Le nouveau bloc «Victoire» unit les dirigeants des partis «Shor», «Chance», «Victoria», «Renaissance» et «Pouvoir de l'alternative et des accords de Moldavie». La dirigeante de la Gagaouzie, Evghénia Gutsul, a été élue secrétaire exécutive du Conseil national et Ilan Shor est devenu président du comité exécutif. Marina Tauber en est devenue la secrétaire.
Le parti Shor a obtenu 6,5 % au premier tour des élections présidentielles moldaves en 2022. Igor Dodon, du Parti des socialistes de la République de Moldavie, anti-européen et russophile, avait été défait par Maia Sandu, qui avait obtenu 57,7% contre 42% à son adversaire. Les relations entre la Russie et la Moldavie ont commencé à se détériorer après l’arrivée au pouvoir de celle-ci, estime RIA Novosti.
La justice moldave, en mars dernier, a annulé la tentative d'interdire d'élections le parti Shor, intentée par le gouvernement pro-européen. Ilan Shor, qui vit en exil depuis 2019, a été condamné en 2023 pour fraude, notamment pour la disparition d'un milliard de dollars du système bancaire moldave en 2014-15. Il estime que ce verdict est une «vengeance contre le mouvement de protestation» que son parti a fait naître contre Maia Sandu, «en violation de toutes les dispositions légales».
Depuis mai 2022, le parti de Shor organise en effet des manifestations antigouvernementales, dénonçant le coût de la vie, l'inflation ayant explosé, et exigeant la démission du gouvernement et de la présidente Maia Sandu.