La justice suédoise bloque deux extraditions réclamées par Erdogan
- Avec AFP
La Cour suprême suédoise a bloqué ce 13 juillet deux extraditions réclamées par la Turquie. Des demandes qu'Ankara avait lié à son soutien à l'entrée de la Suède dans l'OTAN.
La plus haute juridiction suédoise a bloqué, le 13 juillet, deux extraditions réclamées par Ankara. La décision de la Cour suprême tombe seulement trois jours après l'annonce par le président Recep Tayyip Erdogan de son accord pour que le Parlement turc ratifie l'adhésion suédoise.
La Turquie exige deux extraditions pour «participation à une organisation terroriste», au motif que les deux personnes appartiennent au mouvement d'opposition guléniste, jugé responsable par Ankara d'une tentative de coup d'Etat en 2016.
Les deux réfugiés ont téléchargé une application suspecte, selon Ankara
La demande turque souligne que les deux personnes, qui ont le statut de réfugié en Suède, ont installé une application utilisée par les membres du mouvement, qui doit son nom au prédicateur Fethullah Gülen, opposant farouche à Erdogan. Selon la décision de la Cour suprême suédoise, ce téléchargement ne peut à lui seul marquer une participation à l'organisation qui soit condamnable en vertu de la législation antiterroriste suédoise. Les deux personnes «risquent d'être persécutées» si elles sont extradées, estime aussi la cour.
La décision finale d'extradition revient au gouvernement en Suède, mais celui-ci doit obligatoirement suivre les décisions de la Cour suprême quand celle-ci s'y oppose.
Ce jugement est susceptible de provoquer l'irritation d'Ankara, après de nombreuses tensions autour du processus d'adhésion de la Suède à l'OTAN. La Turquie accuse la Suède d'être trop clémente avec des militants kurdes ou gulénistes réfugiés dans le pays scandinave, une des raisons avancées pour retarder son adhésion à l'Alliance atlantique.
Malgré le feu vert d'Erdogan annoncé le 10 juillet en amont du sommet de l'alliance à Vilnius, du chemin reste encore à parcourir. Cette ratification ne pourra ainsi pas intervenir avant octobre, après la pause estivale du Parlement turc, a affirmé le président turc le 12 juillet.
Des incidents sont encore susceptibles de faire dérailler le processus. Ankara s'est ainsi indigné à plusieurs reprises ces derniers mois que la Suède autorise des autodafés du Coran lors de manifestations publiques.