La LDH fustige la venue en France d'un ministre «ultra-colonialiste» et «arabophobe» de Netanyahou
- Avec AFP
Dans un communiqué, l'organisation de défense des droits de l'homme a condamné la venue à Paris de Bezalel Smotrich, ardent partisan de la colonisation de la Cisjordanie, qui a récemment appelé à raser un village palestinien.
Le ministre israélien Bezalel Smotrich, attendu en visite privée à Paris le 19 mars, «n'est pas le bienvenu» en France, s'est indignée la Ligue des droits de l'homme (LDH) le 14 mars, fustigeant une personnalité «arabophobe, homophobe, ultra-colonialiste».
Le ministre des Finances de Benyamin Netanyahou est invité à Paris pour une soirée en hommage à Jacques Kupfer, un militant sioniste radical ancien président du Likoud (le parti de Benyamin Netanyahou) en France, événement relayé par des groupuscules radicaux tels que la Ligue de défense juive. Bezalel Smotrich, qui est également en charge des affaires civiles en Cisjordanie occupée, est un ardent défenseur du «grand Israël» et est lui-même un colon, souligne la LDH dans son communiqué, avant de dénoncer les saillies «racistes et homophobes» du ministre.
Smotrich est fondamentalement opposé à un État palestinien
Fin février, Bezalel Smotrich a notamment appelé à «anéantir» le village palestinien de Huwara, en Cisjordanie occupée, après que deux jeunes colons y ont été tués. Leur mort avait entraîné des représailles violentes de colons qui avaient attaqué le village et incendié des bâtiments. Les propos de Bezalel Smotrich avaient suscité des réactions indignées à Washington, Paris ou à l'ONU, poussant le ministre à concéder qu'il avait «mal choisi» ses mots.
«Smotrich est fondamentalement opposé à un État palestinien et veut soumettre le système juridique israélien à la Torah. Devant ce déferlement de racisme fanatique et de négation des droits fondamentaux, la LDH exprime ici son indignation et la condamnation de tout ce que représente ce personnage», selon le communiqué.
La visite privée de Bezalel Smotrich intervient dans un contexte tendu à l'extrême en Cisjordanie occupée, mais aussi en Israël, où une réforme judiciaire controversée examinée par le Parlement suscite une opposition inédite dans le pays et des manifestations d'ampleur pour dénoncer une dérive jugée antidémocratique.
Dans un éditorial du 13 mars, le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) Yonathan Arfi a dénoncé les «discours populistes, stigmatisants et haineux dans le débat public israélien, et ce jusque dans les propos de certains ministres en poste». Interrogé sur cette visite privée par l'AFP, le ministère français des Affaires étrangères a répondu qu'il n'y aurait pas de contacts officiels avec Bezalel Smotrich.
La venue à Washington du ministre controversé le 13 mars a déclenché des manifestations, signale i24 News : des centaines de manifestants se sont ainsi rassemblés à proximité de l'hôtel Grand Hyatt où le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, prononçait un discours à l'occasion d'une convention de l'association Israel Bonds.