Le conflit en Ukraine exacerbe les tensions internationales dans le domaine spatial

Un «train de satellites» Starlink passant à 185 kilomètres d'altitude au dessus de l'Uruguay, photographié avec une longue exposition, le 7 février 2021.© Mariana SUAREZ Source: AFP
Un «train de satellites» Starlink passant à 185 kilomètres d'altitude au-dessus de l'Uruguay, photographié avec une longue exposition, le 7 février 2021 (image d'illustration).
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Lors de récentes discussions à l’ONU sur la façon de préserver l’espace extra-atmosphérique d’une course aux armements, la délégation russe a dénoncé le recours au spatial civil, par Washington et ses alliés, dans le cadre du conflit ukrainien.

Alors que la guerre en Ukraine entame son neuvième mois, Konstantin Vorontsov, chef adjoint de la mission permanente russe auprès de l'ONU, a dénoncé «l'utilisation, par les Etats-Unis et leurs alliés, d'éléments d'infrastructures civiles [...] dans l'espace extra-atmosphérique, à des fins militaires».

Les infrastructures quasi civiles peuvent devenir une cible légitime de représailles

«Ces Etats ne se rendent pas compte que de telles actions constituent en fait une participation indirecte à des conflits militaires», a ajouté le haut diplomate russe lors de discussions organisées les 26 et 27 octobre dans le cadre de «la Première Commission» de l'ONU, dont les travaux portent exclusivement sur des questions de désarmement et de sécurité internationale. Etaient présentes les délégations d'une trentaine de pays, qui ont apporté leur contribution au débat sur la façon de préserver l’espace extra-atmosphérique de toute course aux armements.

«Les infrastructures quasi civiles peuvent devenir une cible légitime de représailles», a encore mis en garde Konstantin Vorontsov. De son côté, la délégation ukrainienne a accusé Moscou de vouloir créer «un nouveau système de défense antimissile avec une composante antisatellite», assurant que les actions de la Russie constituaient «une menace existentielle» qui, selon elle, nécessitait «une réponse immédiate».

Dans les faits, le conflit en Ukraine comporte une dimension spatiale non négligeable, comme en témoigne le recours par les forces armées ukrainiennes au réseau satellitaire Starlink. Celui-ci fonctionne sur place grâce au déploiement de nombreuses paraboles fournies depuis le début de l'année à Kiev par l'entreprise américaine SpaceX, avec l'aide financière de plusieurs pays, Etats-Unis en tête. Le réseau est notamment utilisé pour des communications téléphoniques, la transmission de vidéos ou encore le pilotage de drones.

«L’adoption de doctrines militaires considérant l’espace comme un lieu d’affrontements militaires a suscité l’inquiétude de pays appelant à la retenue et à la poursuite des efforts onusiens sur la pacification de l’espace», a rapporté l'ONU à l'issue des dernières discussions à ce sujet, marquées par des divergences d'appréciation de la situation. 

La préservation de l'espace au cœur des discussions

Comme on peut le voir sur le site des Nations unies, la délégation américaine a estimé que «la plus urgente des menaces spatiales à supprimer» était celle de «la destruction de satellites depuis la Terre et vers l’espace».

Elle a fait valoir l'engagement de Washington en ce sens et a annoncé un projet de résolution visant à ne pas engendrer de nouveaux débris spatiaux. Ce à quoi la délégation chinoise a rétorqué que les Etats-Unis disposaient déjà de capacités antisatellites très puissantes «si bien qu’ils n’ont plus besoin de procéder à des essais en la matière». Le représentant de la Chine a en outre assuré que Pékin partageait les priorités du Mouvement des pays non alignés en ce qui concerne la prévention d’une course aux armements dans l’espace et le maintien de son statut pacifique.

Par ailleurs, le haut diplomate a défendu un projet de résolution en partenariat avec la Russie, sur «le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace». Il faut noter que ce n'est pas la première initiative conjointe des deux pays en la matière, puisqu'en 2008 par exemple, Russie et Chine avaient proposé de conclure, par la négociation, «un nouvel instrument juridique international visant à prévenir [une] course aux armements dans l'espace». Pour rappel également, Washington est de son côté à l'origine des accords Artemis qui regroupent pour l'heure une vingtaine de signataires (dont désormais la France). Ils constituent une série de principes et de règles édictés par les Etats-Unis pour l'exploration et l'exploitation des astres, et sont particulièrement critiqués par Pékin et Moscou qui y voient une volonté de Washington de préserver coûte que coûte son hégémonie dans le domaine spatial. 

De façon générale, les délégations présentes lors des dernières discussions à l'ONU ont soutenu l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant afin de responsabiliser les pays bénéficiant d'un accès à l'espace extra-atmosphérique. Si personne ne s'est évidemment opposé à la nécessité de préserver l'espace d'une course aux armements, les désaccords ont surtout porté sur les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. La délégation sud-coréenne a d'ailleurs résumé son analyse de la situation en ces termes : «Si les Etats membres partagent tous l’objectif de maintenir la paix dans l’espace extra-atmosphérique, il ne faut pas fermer les yeux sur la réalité qu’il existe des points de vue divergents sur la façon d’atteindre cet objectif commun et sur les priorités urgentes dans ces domaines.»

Alors que chacun pointe aujourd'hui les dangers d'une escalade des tensions dans le domaine spatial (dont la dimension militaire a toujours été prédominante), celui-ci n'en demeure pas moins étroitement lié aux enjeux de défense de l'époque. En témoigne par exemple le discours officiel de la «Space force» américaine qui, dans une courte vidéo publiée sur les réseaux sociaux en octobre 2020, déclarait : «La Terre ne constitue que la moitié de la bataille. Aujourd'hui, l'espace est essentiel, non seulement pour notre mode de vie, mais aussi pour le mode de guerre moderne.»

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