«Parent 1», «parent 2», «parent 3» : Poutine accuse l'Occident de renier certaines «normes morales»
Lors de la cérémonie de signature des accords d’adhésion à la Russie des républiques de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions de Zaporojié et de Kherson, le chef d'Etat russe a accusé l'Occident de renier certaines valeurs traditionnelles.
Au cours de son intervention au Grand Palais du Kremlin ce 30 septembre, Vladimir Poutine a évoqué l’importance, selon lui, des valeurs traditionnelles pour son pays. En même temps, le dirigeant a dénoncé ce qu'il a qualifié de «déni radical des normes morales de la religion et de la famille» par l’Occident et a souligné que les Russes avaient «un autre avenir» que celui des sociétés occidentales.
«Voulons-nous vraiment avoir ici dans notre pays, en Russie, un "parent numéro un", "numéro deux", "numéro trois", au lieu de "maman" et "papa" ?», a également ironisé le chef d'Etat, faisant vraisemblablement référence aux législations sur l'homoparentalité dans certains pays occidentaux – en France où deux personnes de même sexe ont le droit d'adopter, une députée de la majorité a défendu en 2019 un amendement (finalement rejeté) visant à remplacer sur les documents administratifs les mentions «père et mère» par «parent 1 et parent 2».
Voulons-nous vraiment avoir ici dans notre pays, en Russie, un "parent numéro un", "numéro deux", "numéro trois", au lieu de "maman" et "papa"
Et Vladimir Poutine de poursuivre, évoquant les débats en Occident sur la distinction entre identités de genre et identités de sexe: «Ils sont devenus complètement fous. Voulons-nous vraiment que dès le primaire nos enfants soient soumis à des perversions qui conduisent à la dégradation et à l'extinction, qu’ils soient élevés pour croire qu’à part la femme et l’homme il existe prétendument d'autres genres et qu’on leur propose de subir une opération de changement de sexe ? Voulons-nous tout cela pour notre pays et nos enfants ? Pour nous, tout cela est inacceptable».
Attachement aux valeurs conservatrices
La teneur d'un tel discours rappelle de virulentes critiques que le chef d'Etat russe a, par le passé, adressées à l'Occident, sur le volet sociétal.
Ce fut par exemple le cas au cours de la 18e édition du Club international de discussion Valdaï, en octobre 2021. Alors qu'il s'exprimait sur la «cancel culture», dont le terme controversé désigne une idéologie née outre-Atlantique qu'on pourrait traduire par «culture de l'effacement», Vladimir Poutine avait vertement critiqué l'évolution des luttes contre le racisme en Occident. «La lutte contre les manifestations de racisme est nécessaire et noble, mais avec la nouvelle cancel culture, elle se transforme en discrimination à rebours, c’est-à-dire en racisme inversé», avait-il notamment déclaré, avant de mettre en garde contre «l'accentuation obsessionnelle du thème du racisme», phénomène qu'il avait pointé comme en partie responsable de divisions.
Autre prise de position conservatrice : en mars 2020, dans le cadre de son projet de réformer la constitution de son pays, le président russe avait plaidé en faveur de deux amendements sociétaux, l'un fixant le principe qu'un mariage n'est possible qu'entre un homme et une femme, l'autre introduisant la mention de Dieu dans le texte. «Tant que je serai président, nous n'aurons pas de parent numéro un et [parent numéro deux] – il y aura toujours un père et une mère», avait-il déjà déclaré un mois plus tôt, rejetant sans ambages l'idée de remplacer les rapports de filiation traditionnels par des catégories plus «progressistes», utilisées par certaines administrations en Occident.