Pour Poutine, la «cancel culture» transforme la lutte antiraciste en «racisme inversé»
Le président russe s'est exprimé sur la «cancel culture» dont le terme controversé désigne une idéologie née outre-Atlantique qu'on pourrait traduire par «culture de l'effacement». Il a critiqué l'évolution des luttes contre le racisme en Occident.
Lors de son intervention du 21 octobre à la 18e édition du Club international de discussion Valdaï, le président russe Vladimir Poutine a abordé le volet sociétal à travers l'évolution des luttes contre le racisme. «La lutte contre les manifestations de racisme est nécessaire et noble, mais avec la nouvelle cancel culture, elle se transforme en discrimination à rebours, c’est-à-dire en racisme inversé», a notamment déclaré le chef d'Etat, avant de mettre en garde contre «l'accentuation obsessionnelle du thème du racisme», phénomène qu'il a estimé être à l'origine de divisions.
Vladimir Poutine a par ailleurs fait référence à Martin Luther King, qui rêvait de voir une nation où ses enfants ne seraient «pas jugés selon la couleur de leur peau, mais selon leur caractère». «Le rêve des véritables militants des droits civiques était justement d’effacer les différences, de ne pas diviser les gens selon la couleur de peau», a commenté le président russe durant son intervention, ajoutant : «Chez nous, en Russie, la majorité absolue de nos citoyens ne se soucient pas de la couleur de la peau d’une personne, et que ce soit une femme ou un homme, peu importe. Chacun de nous est un être humain, c’est cela qui compte.»
Poutine : «Ceux qui se risquent à dire que les hommes et les femmes existent toujours et que c’est un fait biologique sont presque ostracisés»
«Dans un certain nombre de pays occidentaux, le débat sur les droits des hommes et des femmes s’est transformé en une parfaite fantasmagorie», a en outre considéré Vladimir Poutine qui faisait ici référence à de récents débats sociétaux tels que celui sur le recours aux appellations «parent un» et «parent deux» pour remplacer le terme «père» et «mère» sur les actes d'état civil, un sujet sur lequel avait déjà ironisé le chef d'Etat russe en novembre 2019.
«Ceux qui se risquent à dire que les hommes et les femmes existent toujours et que c’est un fait biologique sont presque ostracisés. "Parent numéro un" et "parent numéro deux", "parent qui a donné naissance" au lieu de "maman", l’interdiction d’utiliser l’expression "lait maternel" et son remplacement par "lait humain" – afin que les personnes incertaines de leur propre identité sexuelle ne soient pas contrariées», a-t-il donné en exemple le 21 octobre.
Les prises de position partagées par Vladimir Poutine ne sont pas sans rappeler les propos tenus plus tôt en 2021 par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov. A l'occasion d'un entretien accordé à la chaîne Pervy Kanal, le haut diplomate avait notamment considéré qu'aux Etats-Unis, le «politiquement correct» était parfois «poussé jusqu'à l'absurde»
Créé en 2004, le Club de discussion Valdaï réunit chaque année des chercheurs et personnalités politiques russes, ainsi que des experts internationaux issus du monde académique, de la politique et des médias. Son objectif est notamment d'échanger sur le développement de la Russie et son rôle dans le monde.