Regain de tension en Serbie à la frontière administrative du Kosovo

Cliché pris au poste-frontière de Merdare, le 4 octobre 2021 (image d'illustration).© Visar Kryeziu Source: AP
Cliché pris au poste-frontière de Merdare, le 4 octobre 2021 (image d'illustration).
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En raison de la volonté des autorités autoproclamées du Kosovo de durcir, pour les Serbes, les conditions d'entrée sur le territoire contesté, la tension est montée d'un cran dans la région ces derniers jours.

La situation autour de la province du Kosovo s'est largement tendue ces derniers jours. En cause, la décision des autorités autoproclamées de Pristina de déclarer invalides, à compter du 1er août, les documents d'identité serbes dans la région. Selon cette mesure, les citoyens serbes devront remplacer leur passeport par une pièce d'identité temporaire pour la durée de leur présence sur le territoire. De plus, les Serbes du Kosovo dont les véhicules ont des plaques d'immatriculation délivrées en Serbie devront les remplacer par des plaques immatriculées au Kosovo.

Vucic appelle au calme mais met en garde contre toute initiative à l'encontre des Serbes

Dans une allocution tenue le 31 juillet dans la journée, le président serbe, Aleksandar Vucic, a fustigé cette mesure et mis en garde contre une possible escalade des tensions. Il a fait valoir que la situation pour les Serbes résidant au Kosovo – notamment dans le nord de la région – n'avait «jamais été [...] plus complexe et compliquée qu'aujourd'hui».

«Le régime de Pristina a pris la décision d'imposer aux habitants du nord du Kosovo-et-Métochie des choses qu'il n'a pas le droit d'imposer [...] Tout cela devrait commencer ce soir [le 31 juillet], à minuit», a-t-il ajouté, prévenant que «les Serbes ne subiront plus d'atrocités».

«Mon appel à tout le monde est d'essayer de maintenir la paix à [...] tout prix. Je demande aux Albanais de revenir à la raison, aux Serbes de ne pas tomber dans les provocations, mais je demande aussi aux représentants des pays puissants et grands, qui ont reconnu la soi-disant indépendance du Kosovo, de prêter un minimum d'attention au droit international et à la réalité sur le terrain et de ne pas permettre à leurs pupilles de provoquer des conflits», a-t-il encore ajouté.

«Nous ne voulons pas de conflits et nous ne voulons pas de guerre. Nous prierons pour la paix et rechercherons la paix, mais laissez-moi vous le dire tout de suite : il n'y aura pas de reddition [...] S'ils osent commencer à persécuter, harceler et tuer les Serbes, la Serbie gagnera», a-t-il conclu.

Des tensions rapportées dans le nord du Kosovo

Au cours de la journée du 31 juillet, des informations rapportées par plusieurs médias ont fait état de tensions dans le nord de la région du Kosovo. Le média public Radio-télévision de Serbie (RTS) a fait savoir que des citoyens serbes du Kosovo auraient érigé des barricades et que des dizaines de personnes auraient bloqué la route principale entre Raska et Pristina.

L'AFP a de son côté expliqué que «des centaines de Serbes du Kosovo [avaient] massé camions, camions-citernes et autres véhicules lourds sur les routes menant aux points de passage de Jarinje et Brnjak», situés à la frontière administrative de la région.

Selon les médias serbes, environ 200 Albanais se seraient eux réunis du côté albanais de la ville de Mitrovica, partagée avec les Serbes. Des membres de la Force pour le Kosovo (KFOR), mise en œuvre par l'OTAN, ont d'ailleurs été déployés sur ce pont situé sur la rivière Ibar.

Dans la soirée du 31 juillet, la KFOR a mis en ligne un communiqué de presse sur Twitter dans lequel elle explique être «préparée à intervenir» si la «stabilité» de la région est «mise en péril». «Le Commandant de la KFOR est en contact avec tous les acteurs principaux, y compris les représentants de la sécurité du Kosovo ainsi que le chef de la Défense serbe», est-il expliqué dans le document. La KFOR assure militer en faveur de la «normalisation des relations entre Belgrade et Pristina».

De son côté, le journal serbe Vecernje novosti a rapporté que les forces spéciales de la police non reconnue du Kosovo auraient quitté Pristina pour se rendre dans le nord de la région.

Toujours selon la RTS, des membres de la police non reconnue du Kosovo ont également bloqué les points de passage de Jarinje et Brnjak. Ils ont justifié cette décision dans un communiqué, cité par l'AFP, dans lequel ils expliquent avoir été la cible de coups de feu. Aucun d'entre eux n'a été blessé.

La RTS a également ajouté que des forces de la police serbe se dirigeraient vers la frontière. Des sirènes ont par ailleurs été entendues dans plusieurs villes du nord de la région.

Le ministère serbe de la Défense met en garde contre des «informations erronées» diffusée par Pristina

Dans une déclaration mise en ligne sur son site le 31 juillet, le ministère serbe de la Défense a prévenu contre «la grande quantité d'informations erronées que l'administration de Pristina diffuse intentionnellement et qui se propagent via de faux comptes sur les réseaux sociaux et certains sites web» et «dans lesquelles il est indiqué qu'une sorte de conflit entre les forces armées serbes et la soi-disant police du Kosovo aurait eu lieu».

«Le ministère de la Défense annonce que l'armée de la Serbie n'a, pour l'instant, pas franchi la ligne administrative et n'est en aucun cas entrée sur le territoire du Kosovo-et-Métochie», a-t-il ajouté.

De son côté, dans un message vidéo mis en ligne le 31 juillet, Albin Kurti, qui se revendique Premier ministre du Kosovo, a accusé le président serbe d'être responsable de cette escalade des tensions. Selon lui, les «les forces de l'ordre et les agences de sécurité» non reconnues du Kosovo «collectent des informations, surveillent la situation et agiront pour protéger la loi et les citoyens, l'intégrité territoriale et la souveraineté».

«Des structures illégales ont bloqué les routes plusieurs heures avant le début de la délivrance des documents d'entrée et de sortie du Kosovo», a-t-il ajouté, avertissant que les autorités locales de Pristina auraient à faire face au «au chauvinisme national serbe».

Cité par l'agence de presse serbe Tanjug, le chef du gouvernement serbe, Ana Brnabic, a assuré le 31 juillet qu'Albin Kurti était «un homme dont la seule politique est la violence et la provocation constantes».

«Kurti est celui qui a amené cette situation en privant les Serbes du droit de vote, en interdisant les élections sur le territoire du Kosovo, en ne respectant pas les accords de Bruxelles et en admettant ouvertement que Pristina ne mettra jamais en œuvre les accords de Bruxelles, ainsi que l'interprétation délibérément incorrecte et sélective des anciens accords», a-t-elle ajouté.

La diplomatie russe demande à Pristina d'«arrêter les provocations»

Dans un commentaire diffusé par le ministère russe des Affaires étrangères sur Telegram dans la soirée du 31 juillet, la porte-parole de la diplomatie, Maria Zakharova, a dénoncé «la décision des "autorités" de Pristina de commencer à appliquer des "règles" discriminatoires déraisonnables sur le remplacement forcé des documents personnels [...] des Serbes locaux».

Elle a fustigé une «autre étape vers l'expulsion de la population serbe du Kosovo [et] le déplacement des institutions serbes du Kosovo qui assurent la protection des droits des résidents serbes contre l'arbitraire des radicaux de Pristina dirigés par le "Premier ministre" [Albin] Kurti».

«Les dirigeants kosovars savent que les Serbes ne resteront pas indifférents face à une atteinte directe à leurs libertés», a-t-elle ajouté, accusant les autorités locales de Pristina de pousser «délibérément» à l'escalade afin de déclencher un «scénario militaire».

«Nous appelons Pristina et ceux qui la suivent à arrêter les provocations», a-t-elle expliqué, précisant également demander aux autorités autoproclamées de Pristina à garantir les droits des Serbes.

«Une telle évolution des événements est une autre preuve de l'échec de la mission de médiation de l'Union européenne», a-t-elle enfin conclu.

Le gouvernement autoproclamé de Pristina annonce finalement repousser l'entrée en vigueur de la mesure

Après cette journée de tensions dans la République des Balkans, les autorités locales de Pristina ont finalement annoncé, dans la nuit, qu'elles avaient décidé de renoncer à l'entrée en vigueur de la mesure au 1er août, repoussant sa mise en application au 1er septembre.

«Le gouvernement du Kosovo s'engage à compter du lundi 1er août 2022, à reporter la mise en œuvre des deux décisions du 29 juin 2022 jusqu'au 1er septembre 2022», est il expliqué dans un communiqué publié dans la nuit du 31 juillet au 1er août.

«Nous remercions nos partenaires internationaux, en particulier l'ambassadeur des Etats-Unis Jeff Hovenier, pour leur engagement et leurs contributions», est-il ajouté.

Peu avant cette annonce, le président serbe s'était de nouveau exprimé à l'antenne de la télévision Pink. «Je crois que nous [...] aurons de bonnes nouvelles dans un avenir prévisible. J'espère que si ce n'est pas ce soir [le 31 juillet], alors demain [le 1er août] il y aura une désescalade et nous aurons le temps de préparer la conversation et d'essayer d'en venir à une solution de compromis, pour maintenir la paix», a-t-il assuré.

Des tensions régulières

Déjà en septembre 2021, des tensions avaient éclaté suite à la décision des autorités autoproclamées de Pristina de bannir l'entrée aux véhicules dotés d'une immatriculation serbe. Cette mesure avait déjà donné lieu à des blocages routiers dans le nord de la province et entraîné un relèvement de l'état d'alerte de l'armée serbe.

A l'époque, les autorités locales de Pristina avait justifié cette action par mesure de «réciprocité». Les véhicules immatriculés au Kosovo ne sont en effet pas reconnus par Belgrade et sont contraints de se procurer des plaques serbes temporaires pour entrer en Serbie.

Un accord provisoire sur les plaques négocié à Bruxelles par les deux parties, prévoyant le déploiement pendant deux semaines dans la zone frontalière de la KFOR avait permis de débloquer la situation.

Le Kosovo a proclamé unilatéralement son indépendance en 2008, qui est reconnue par les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux, mais pas par la Serbie, la Russie, la Chine, l’Inde ou encore l’Espagne.

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