Nouvelle-Calédonie : les indépendantistes boycottent l'invitation de Darmanin à Paris
- Avec AFP
Pour les indépendantistes, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer tente un «coup de force» en imposant un nouveau Comité des signataires de l’accord de Nouméa alors qu'ils souhaitent au préalable «des réunions bilatérales avec l'Etat».
La proposition de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, de réunir en septembre à Paris les responsables calédoniens pour ouvrir les discussions sur l’avenir politique de la Nouvelle-Calédonie satisfait les loyalistes, mais pas les indépendantistes, qui ont d'ores et déjà exprimé leur vive opposition.
«C’est encore un coup de force de l’Etat sous la pression d’une partie de la droite pour nous imposer un Comité des signataires [de l’accord de Nouméa] alors qu’on souhaite d’abord des réunions bilatérales avec l’Etat», a réagi ce 18 juillet Charles Washetine, porte-parole du Palika-FLNKS, dénonçant un «Etat totalement sorti de sa neutralité».
«Nous, on n’ira pas»
Après avoir annoncé au début du mois sa venue en Nouvelle-Calédonie le 26 juillet, avec Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, Gérald Darmanin a à la place convié par un communiqué les dirigeants calédoniens à se réunir en Comité des signataires en septembre à Paris.
La réunion de cette instance, qui veille à l’application du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa (1998), permettra «de clôturer le cycle des référendums et d’engager les discussions sur l'avenir de l’archipel au sein de la République française», a précisé Gérald Darmanin sur Twitter, ajoutant qu’il se rendrait ensuite «sur place».
Le Gouvernement réunira le Comité des signataires calédonien à la rentrée afin de clôturer le cycle des référendums et d’engager les discussions sur l’avenir de l’archipel au sein de la République Française. Je me rendrai ensuite sur place à la rencontre des calédoniens.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 16, 2022
Il s’agira du premier Comité des signataires depuis les trois référendums sur l’indépendance de l’archipel du Pacifique sud en 2018, 2020 et 2021, tous remportés par les pro-France. Le troisième a été largement gagné par les loyalistes (96,5%), du fait du boycott des indépendantistes, qui réclamaient le report du scrutin en raison de la crise sanitaire et dénoncent depuis son «illégitimité».
«Nous, on n’ira pas [à Paris]. S’il y a une discussion, c’est ici chez nous et dans le cadre de bilatérales [avec l’Etat], pas d’un énième Comité des signataires», a averti Daniel Goa, président de l’Union calédonienne et porte-parole du FLNKS. La coalition indépendantiste se réunit le 23 juillet en convention pour officialiser sa position.
Christopher Gygés, porte-parole de la confédération Ensemble!, s’est lui félicité de l’initiative de Gérald Darmanin «pour clôturer l’accord de Nouméa et ouvrir les prochaines discussions sur la base du choix des Calédoniens qui est de rester dans la France».
Président du Rassemblement-LR, Thierry Santa a qualifié cette réunion à Paris de «bonne chose», tout en estimant qu’il aurait été «pertinent d’envoyer une mission préalable ici pour s’assurer qu'elle serve véritablement à quelque chose et que tout le monde soit présent».