Stade aux couleurs LGBT : l'Elysée critique l'UEFA, Le Pen ne veut pas mêler sport et politique
La polémique entre la Hongrie, Bruxelles et la Fédération européenne de football a été commentée à la fois par l'Elysée qui regrette le choix de l'UEFA, et par la présidente du RN qui estime qu'il faut «laisser le sport en dehors de la politique».
La France se mêle à la polémique. L'Elysée et la présidente du RN Marine Le Pen ont tous deux réagi ce 23 juin au refus de l'UEFA de laisser l'Allianz Arena de Munich afficher les couleurs arc-en-ciel à l'occasion du match de l'Euro 2020 Allemagne-Hongrie, qui doit se jouer dans la soirée. Une action symbolique envisagée pour dénoncer une loi hongroise jugée discriminatoire envers les homosexuels.
Si la Fédération européenne de football a réaffirmé son «engagement ferme» contre l'homophobie en parant sur Twitter son logo d'un arc-en-ciel, l'instance a néanmoins maintenu sa décision concernant le stade allemand. Ce qui a provoqué «une forme d'incompréhension» du côté de la présidence française, citée par l'AFP.
«Nous regrettons profondément la décision de l'UEFA d'interdire que le stade de Munich soit illuminé aux couleurs LGBTQI+ [...] car c'est une instance religieusement neutre et apolitique, mais qui a des valeurs», a précisé un conseiller de la présidence auprès de l'agence de presse. L'UEFA «a souvent fait la promotion, et heureusement, du respect et des droits des minorités, et elle ne veut pas en faire un acte politique, mais en renonçant à ses valeurs, c'est un acte politique qui est pris», a poursuivi cette source.
Outre la position de l'UEFA, l'Elysée – par la voix d'un conseiller du chef de l'Etat – a directement évoqué cette loi en Hongrie, «un sujet très vif de préoccupation» pour la présidence qui voit «une bonne nouvelle du point de vue des valeurs» dans le fait que la Commission européenne ait selon elle engagé une procédure d'infraction.
Cela montre que «l'Europe est en capacité de réagir en cas d'atteinte profonde» de ses valeurs, a ajouté le conseiller, estimant que «les amalgames fait en Hongrie entre homosexualité et pédophilie sont ignominieux». «Il est très probable que le sujet sera abordé au Conseil européen» les 24 et 25 juin, car «il y a un besoin de discussions et d'explications entre chefs d'Etat», toujours selon l'Elysée.
La Commission a le pouvoir de déclencher des procédures d'infraction pour violation du droit de l'UE contre un pays, pouvant mener à une saisine de la Cour de justice européenne. La Hongrie est déjà sous le coup d'une procédure européenne (au nom de l'article 7 du traité de Maastricht) pour des menaces à l'Etat de droit, comme la Pologne. Dans ce cadre, les ministres de ces pays ont été entendus le 22 juin par leurs pairs.
Or cette nouvelle législation a été qualifiée de «honte» par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Bruxelles enverra une lettre à Budapest pour exprimer ses «préoccupations» sur le plan légal avant l'entrée en vigueur d'une loi qui «discrimine les personnes sur la base de leur orientation sexuelle», a ainsi déclaré ce 23 juin la cheffe de l'exécutif européen. Une déclaration soutenue à l'heure actuelle par 15 Etats membres a appelé la Commission à agir après l'adoption de ce texte controversé par Budapest.
Le Pen : «Laissons les mineurs tranquilles»
L'UEFA a toutefois reçu une forme de soutien en France, de la part de Marine Le Pen. La députée et chef de file RN a demandé sur France Inter ce 23 juin de «laisser le sport en dehors de la politique», car c'est «un des espaces précisément où la politique ne doit pas entrer». «C'est une dérive à laquelle on a assisté depuis un certain nombre d'années», a-t-elle dénoncé, ajoutant que «le sport ça unit, donc n'insérons pas des divisions dans ce qui unit le peuple».
.@MLP_officiel sur le refus de l'#UEFA d'illuminer le stade de Munich aux couleurs #LGBT : "Je pense qu'il faut laisser le sport en dehors de la politique; Il ne faut faire la promotion d'aucune #sexualité auprès des #mineurs" #Hongrie#Droits#Homosexualité#le79Interpic.twitter.com/mRhVBBhaK8
— France Inter (@franceinter) June 23, 2021
Selon la candidate à l'élection présidentielle 2022, le représentant du gouvernement Clément Beaune «devrait d'abord s'interroger de savoir si, dans tous quartiers de France, les homosexuels peuvent marcher dans la rue en se tenant la main».
Marine Le Pen a en outre estimé qu'il ne fallait «faire la promotion d'aucune sexualité auprès des mineurs». «Laissons les mineurs tranquilles. Il n'y a pas à faire auprès des mineurs la promotion de quelque sexualité que ce soit», a-t-elle expliqué, en référence à la loi adoptée le 15 juin en Hongrie qui a déclenché l'ire de Bruxelles. Celle-ci prévoit que «la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans».
La déclaration de van der Leyen est «une honte», selon Budapest
Dans un communiqué publié le 23 juin, Budapest a vertement répliqué à Bruxelles, ciblant notamment les propos d'Ursula van der Leyen. «La déclaration de la présidente de la Commission européenne est une honte», a ainsi répété à trois reprises le gouvernement dans sa communication. Les commentaires d'Ursula von der Leyen sont «basées sur de fausses accusations», a poursuivi le gouvernement de Viktor Orban, arguant que sa loi «protège les droits des enfants, garantit les droits des parents et ne s'applique pas à l'orientation sexuelle des plus de 18 ans : elle ne contient donc pas d'éléments discriminatoires».
Un peu plus tôt, la ministre hongroise de la Justice Judit Varga avait dénoncé un «chantage politique», assurant que le texte polémique ne «prive personne de ses droits, ne discrimine aucun membre de la société», et que le gouvernement hongrois se voit «stigmatisé». La ministre avait évoqué «un clash d'idéologies», défendant le droit de son pays à promouvoir «la famille traditionnelle». La loi «indique seulement que tant que les enfants ont moins de 18 ans, leur éducation sexuelle relève exclusivement de leurs parents», avait auparavant expliqué Peter Szijjarto, chef de la diplomatie hongroise.