«Déconstruction de l'Etat» : levée de boucliers contre la disparition du corps préfectoral

«Déconstruction de l'Etat» : levée de boucliers contre la disparition du corps préfectoral© Ludovic Marin Source: AFP
Didier Lallement et la DSPAP Valérie Martineau devant le commissariat de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le 25 septembre 2020 (image d'illustration).
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Le gouvernement a annoncé le 8 mai sa décision de supprimer le corps des préfets, tout en maintenant cette fonction. L'annonce, réalisée dans le sillage de la réforme de la haute administration, a fait bondir les intéressés et les politiques.

L'annonce par le gouvernement, le 8 mai, de la suppression du corps des préfets, tout en maintenant la fonction, a fait bondir les intéressés et un certain nombre d'acteurs politiques. Une décision prise dans le cadre de la réforme de la haute administration, qui avait notamment mené à la refonte de l'Ecole nationale d'administration (ENA), déjà très critiquée.

«Le Premier ministre a rencontré le 6 mai en visioconférence l'ensemble du corps préfectoral, pour échanger avec eux sur la réforme en cours de la Haute fonction publique», qui «vise à améliorer la gestion des cadres supérieurs de l'Etat, selon une logique fondée sur les parcours et les compétences, plus que sur l'appartenance à des corps ou à des statuts», a fait savoir Matignon.

Favoriser des parcours plus ouverts et moins cloisonnés, mieux suivis et régulièrement évalués tout au long de la carrière

Le gouvernement regarde «inspection par inspection quel sera leur sort» et travaille sur l'«hypothèse d'une extinction» des grands corps d'Etat, avait informé le 22 avril le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques.

La légitimité des préfets remise en question ? 

«[Cette réforme] doit permettre de mieux recruter, former et accompagner les cadres supérieurs de l'Etat dans la diversité de leurs fonctions et métiers. Il n'est donc pas question que cette réforme puisse porter atteinte à la fonction préfectorale, à ses spécificités et à son attractivité», a poursuivi l'entourage de Jean Castex, cité par l'AFP. Elle doit également permettre, «au travers de la création d'un corps unique des Administrateurs de l'Etat, de favoriser des parcours plus ouverts et moins cloisonnés, mieux suivis et régulièrement évalués tout au long de la carrière», selon la même source.

Cette annonce a provoqué «incompréhension» et «trouble» chez les préfets et sous-préfets, a confié à l'AFP un participant à la réunion, en relevant que la réforme ne s'appliquerait ni au Conseil d'Etat, ni à la Cour des comptes, ni aux diplomates, au motif que ces corps formaient chacun une filière métier. Ce qui a accru l'incompréhension des préfets et sous-préfets, qui estiment former une filière métier.

«Ce qui est en jeu, c’est notre métier. Vous n’êtes pas préfet parce que vous êtes nommé préfet. C’est un métier qui s’apprend sur le terrain, dans le compagnonnage, avec modestie. Il faut donc absolument maintenir une filière», proteste un préfet du sud sous couvert d'anonymat dans Le Monde. D'autres acteurs craignent que cette suppression entraîne une perte de légitimité sur le terrain et dans les relations des préfets avec toutes les parties prenantes.

Une réforme contestée à gauche comme à droite 

Du côté des politiques également, de nombreuses réactions se sont fait entendre de droite à gauche de l'échiquier politique.

Florian Philippot dénonce sur un ton virulent le risque d'amateurisme et de népotisme que pourrait, selon lui, impliquer cette décision. «Suppression du corps des préfets : coup double pour Macron – détruire encore un peu plus la France – faciliter les nominations discrétionnaires aux emplois supérieurs de l’Etat. C’est à dire le copinage et le népotisme ! Stop à cette clique maléfique !», a écrit le président des Patriotes sur son compte Twitter.

Le président de l'UPR François Asselineau, ancien haut fonctionnaire, a pour sa part dénoncé «la destruction de l'Etat» dans un long commentaire sur Twitter. 

Même rejet pour le communiste Sébastien Jumel, député de Seine-Maritime. «Sans consultation du Parlement, sur un coin de table, au gré de ses lubies, pour faire moderne, Macron prend des décisions solitaires qui désossent l’Etat pour le mettre à sa main comme si la France était sa start-up», a dénoncé l'élu sur le réseau social à l'oiseau bleu.

«L’efficacité du couple préfet-maire a été démontrée pendant la [crise du] Covid-19. On ne s’improvise pas préfet : l’ordre public, la relation avec les élus, la coordination des services de l’Etat ; c’est un métier», abonde Bruno Retailleau. Le sénateur Les Républicains (LR) de Vendée dénonce également la «déconstruction de l’Etat par Emmanuel Macron».

Même son de cloche pour le député LR de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot, qui dénonce un «démantèlement de l’Etat» et un «affaissement de l’autorité». «Préfet est un métier qui s’apprend de postes en postes ! Revenez Jean Moulin, ils sont devenus fous !» écrit-il sur son compte Twitter

Les sous-préfets et préfets sont la colonne vertébrale de l'Etat dans les territoires. Ils le resteront

Pour Matignon, cette réforme doit permettre «que les jeunes hauts fonctionnaires démarrent leur carrière sur le terrain, dans des fonctions opérationnelles et, plus qu'aujourd'hui, dans les territoires». «Il n'est pas question d'ignorer la spécificité de certains métiers», tentent de rassurer les services du Premier ministre. Le métier préfectoral «s'acquiert au travers de l'expérience acquise sur le terrain», reconnaissent-ils.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a également tenté le 8 mai au soir de rassurer les fonctionnaires dont il a la tutelle, dans un message posté sur Facebook, en affirmant : «Les sous-préfets et préfets sont la colonne vertébrale de l'Etat dans les territoires. Ils le resteront.» Evoquant de «grands serviteurs de l’Etat», le ministre a rappelé qu'ils accompagnaient «depuis plus de deux siècles l’Histoire» du pays. «Comment imaginer que le Gouvernement touche à un tel symbole ? C’est évidemment hors de propos», a assuré le ministre. Il a ainsi fait valoir que «fonctionnaliser cette mission ne v[oulait] pas dire [la] supprimer mais s’assurer d’une base de recrutement plus large, plus diverse et d’encore meilleure qualité».

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