L’Assemblée nationale adopte un texte contre l’antisémitisme et le racisme à l’université

L’Assemblée nationale a adopté une loi renforçant la lutte contre l’antisémitisme et le racisme à l’université, avec formations obligatoires, référents dédiés et une section disciplinaire régionale. Les débats, marqués par des tensions, ont opposé LFI et communistes à la majorité. Le texte attend une commission mixte paritaire.
L’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi sénatoriale visant à renforcer la lutte contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine dans l’enseignement supérieur.
Porté par Constance Le Grip (Renaissance) et Pierre Henriet (Horizons), le texte a recueilli 131 voix pour et 28 contre, avec l’opposition de La France insoumise (LFI) et du groupe communiste. Adopté à l’unanimité au Sénat le 20 février, il répond à une recrudescence des actes antisémites, notamment depuis le 7 octobre 2023, avec 1 570 incidents recensés en 2024 selon le Crif.
Une loi qui provoque l'ire de LFI
Le texte s’articule autour de trois axes : prévention, signalement et sanction. L’article 1 intègre la sensibilisation à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme dans les missions des établissements, rendant obligatoire la formation des enseignants et du personnel.
L’article 2 renforce les dispositifs de détection en créant une mission « Égalité et diversité » dans chaque université, avec un référent dédié et un système de signalement systématique des actes discriminatoires.
L’article 3, rétabli après sa suppression en commission, instaure une « section disciplinaire commune » aux établissements d’une région académique, présidée par un juge administratif, pour traiter les cas sensibles tout en préservant l’autonomie des universités via un amendement gouvernemental.
Les débats, tendus, ont révélé des fractures politiques. LFI, accusée par la majorité et le Rassemblement national (RN) de complaisance envers l’antisémitisme, a dénoncé une instrumentalisation pour réprimer les voix pro-palestiniennes. Le RN, malgré son soutien au texte, a été critiqué pour son passé.
Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Philippe Baptiste a insisté : « Aucun étudiant ne doit craindre d’aller en cours. » Un sondage de l’Union des étudiants juifs de France indique que 90 % des étudiants juifs ont subi des actes antisémites. Le texte, élargi à toutes formes de racisme en commission, sera examiné en commission mixte paritaire pour harmoniser les versions des deux chambres.