Tout en saluant la qualité des liens avec Moscou le ministre de la Coopération internationale et de la Promotion du partenariat public-privé, Denis Christel Sassou Nguesso de la République du Congo, rappelle que Brazzaville reste fidèle à une politique de diversification des partenariats y compris ses partenaires historiques, notamment la France.
« Nous avons fait beaucoup de formations de cadres sur le plan civil. Nous avons fait beaucoup de coopérations militaires. Mais aujourd’hui, il faut passer au stade supérieur », a estimé dans une interview exclusive à RT en français en marge du forum économique de Saint-Pétersbourg, le ministre congolais de la Coopération internationale et de la Promotion du partenariat public-privé, Denis Christel Sassou Nguesso.
Le message est clair : le Congo souhaite intensifier les échanges, en particulier dans le domaine économique. « Nous voulons continuer à identifier les secteurs porteurs, nous voulons faire en sorte qu’il y ait beaucoup plus d’échanges entre les investisseurs des deux pays et nous voulons également augmenter les investissements ». Le ministre veut replacer la diplomatie économique au cœur de la relation bilatérale : « Parce que tout cela fera en sorte que nous ayons beaucoup plus de valeurs ajoutées, nous allons faire de la création de richesses et nous voulons vraiment mettre la diplomatie économique au cœur du développement de nos États ».
L’oléoduc stratégique : un projet d’envergure
Dans ce processus de montée en puissance de la coopération bilatérale, le projet d’oléoduc reliant Pointe-Noire, Loutété, Maloukou et Tréchot occupe une place centrale. « Ce projet est important déjà pour une raison d’ordre pratique dans notre pays. Nous avons aujourd’hui quelques difficultés d’ordre logistique pour l’approvisionnement des produits pétroliers », a déclaré le ministre.
L’initiative vise à améliorer le système logistique congolais et à poser les bases d’un développement énergétique durable : « Nous avons également des difficultés en ce qui concerne la chaîne de transport. Et une telle infrastructure, lorsqu’elle sera développée avec tous les atouts connexes, va permettre de faire en sorte qu’on n’ait plus cette rupture en termes d’approvisionnement, pour tout ce qui concerne les produits pétroliers sur tout l’ensemble de notre territoire ».
Quant au calendrier, Brazzaville veut aller vite : « Nous devons travailler maintenant à la matérialisation concrète pour aller vers la pose de la première pierre de ce projet, ce que nous comptons faire avant la fin de l’année ».
Éducation, expertise et continuité militaire
L’enseignement supérieur figure, lui aussi, dans le champ de coopération active. Le ministre salue un partenariat déjà bien établi : « L’enseignement russe n’est pas nouveau au Congo, nous avons énormément de cadres qui ont étudié en Russie ». Et la tendance ne faiblit pas : « Si depuis les années 60 jusqu’aux années 2020-2025, les étudiants congolais continuent à venir se former en Russie, cela veut dire que nous constatons la qualité de cet enseignement et nous pensons que cet enseignement doit se pérenniser ».
Lors de sa visite, le ministre s’est rendu à l’Université des Mines de Saint-Pétersbourg : « le Congo est un pays pétrolier et c’est également un pays qui dispose d’un certain nombre de ressources minières qui ont besoin d’être développées et nous avons besoin donc de cette expertise ».
La coopération militaire, quant à elle, reste vivace : « Nous avons même présentement un certain nombre d’officiers qui continuent à venir pour faire leur formation en Russie et cela se passe très bien».
Diversification des partenaires
Mais le Congo ne veut pas mettre tous ses œufs dans le même panier : « La Russie reste un partenaire au même titre que les autres. Ce n’est pas un partenaire différent ». Dans cette logique, Brazzaville entend bien renforcer également ses liens avec la France. En mai dernier, le président congolais était en visite officielle à Paris. Et bientôt, ce sera au tour du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France) de se déplacer massivement à Brazzaville.
Alors que plusieurs pays africains prennent leurs distances avec Paris, Denis Christel Sassou Nguesso nuance : « la relation entre la France et de nombreux pays africains est ancienne, et à ce jour, elle demeure une relation très forte ». Comment alors comprendre les manifestations, les retraits militaires, les tensions croissantes dans le Sahel ? Le ministre répond avec franchise : « les gens en Afrique sont parfois dans la rue parce qu’ils contestent la manière dont les choses parfois sont faites ou veulent être imposées par certaines puissances en Afrique ». Mais il insiste : « il n’y a pas de sentiment anti-français ou de néocolonialisme perçu par les Africains à mon avis ».
BRICS : convergence de vues, sans précipitation
La République du Congo va-t-elle rejoindre les BRICS ? Si les médias russes ont évoqué un intérêt manifeste, le ministre rétablit les faits: « le président de la République a plutôt dit qu’il comprenait et qu’il partageait les aspirations de la vision des BRICS qui consistait à promouvoir un ordre mondial beaucoup plus juste et qui serait différent de ce que nous avons connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale où nous avions une domination des puissances occidentales ».
Autrement dit, le Congo soutient l’idée d’un monde multipolaire, sans pour autant vouloir rejoindre le groupe immédiatement : « et en cela, le président en réalité soutient le multilatéralisme pour que les pays du Sud global, comme on dit aujourd’hui, ne soient pas mis sur le bas-côté ».
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