«Nous ne renoncerons à aucun droit» : le CFCM très critiqué après ses propos sur les caricatures

De nombreuses personnalités politiques et publiques ont critiqué la position du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui a jugé que la liberté de caricaturer n’était pas un droit «absolu» sur le terrain de la foi.
Alors que certains pays musulmans multiplient les critiques contre la France, reprochant à Emmanuel Macron de défendre les caricatures du prophète de l'islam, la prise de position du Conseil français du culte musulman (CFCM) sur le sujet a suscité la polémique.
Le 27 octobre, le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a en effet déclaré sur Twitter que «la liberté de caricaturer comme les autres libertés [n'était] pas absolue». «Elle doit être encadrée et proportionnée aux impératifs de l’ordre public et le devoir de fraternité», a-t-il fait valoir.
Les musulmans doivent prendre l’exemple du prophète et ignorer les provocations d’où qu’elles viennent. La liberté de caricaturer comme les autres libertés n’est pas absolue. Elle doit être encadrée et proportionnée aux impératifs de l’ordre public et le devoir de fraternité.
— Mohammed Moussaoui (@PresidentUmf) October 27, 2020
Une position que Mohammed Moussaoui avait déjà défendue un peu plus tôt, dans une interview sur RMC : «Il faut savoir renoncer à certains droits pour que la fraternité puisse s'exprimer dans notre pays.» Selon lui, les propos du président de la République, qui avait défendu le droit à la caricature, ont été «déformés» et «instrumentalisés».
Levée de boucliers
La sortie du CFCM a déclenché une avalanche de réaction sur les réseaux, notamment de dirigeants politiques – principalement de droite – mais aussi de personnalités publiques. Le député européen proche du Rassemblement national, Gilbert Collard a ainsi dénoncé sur Twitter la sortie du «président du prétendu modéré Conseil Français du Culte Musulman», appelant à renoncer au CFCM plutôt qu'à certains droits.
Le président du prétendu modéré Conseil Français du Culte Musulman s'attaque aux caricatures de #CharlieHebdo et déclare qu'il « faut savoir renoncer à certains droits ».
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) October 27, 2020
Je propose que l'on renonce plutôt au #CFCM dont le président est lié au Maroc qui nous boycotte. pic.twitter.com/b5tU9c12fM
«Le vivre ensemble façon président du CFCM c’est entraver notre liberté» s'est insurgée la sénatrice Les républicains des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer.
c’est clair !
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) October 27, 2020
Le vivre ensemble façon Pdt du CFCM c’est entraver notre liberté (limiter le droit d’expression)
Bref tout sauf de la fraternité c’est une menace une injonction de soumission !
Un dès visage de l’islamisme
Pour moi c’est NON valeurs et identité sont non négociables https://t.co/WKNcQyciRV
«Le président du très institutionnel CFCM Moussaoui réclame l’autocensure (sous peine de décapitation ?)», questionne quant à lui le membre du Rassemblement national, Damien Rieu.
Si même le président du très institutionnel CFCM Moussaoui (@PresidentUmf) réclame l’autocensure (sous peine de décapitation ?), alors les Français vont finir par se demander où sont les modérés. Ces propos sont d’une gravité sans précédent. https://t.co/WroNnuN1U6
— Damien Rieu (@DamienRieu) October 27, 2020
Guillaume Bigot, politologue et chroniqueur à Sud radio et Cnews a moqué une «taqya [qui] n’a pas duré très longtemps !».
Le président du @CfcmOfficiel nous demande de renoncer au droit dcaricature.
— Guillaume Bigot (@Guillaume_Bigot) October 27, 2020
La taqya...n’a pas duré très longtemps ! #CFCMpic.twitter.com/CNdsenziFa
«Non l’islamiste, nous ne renoncerons à aucun droit parce que vous nous tuez pour nous en priver», s'est insurgée l'écrivain et militante pour la laïcité, Zineb El Rhazoui.
Pour #MohamedMoussaoui, pdt du CFCM, les Français doivent renoncer au droit de caricaturer #Mahomet s’ils veulent fraterniser avec les musulmans.
— Zineb El Rhazoui (@ZinebElRhazoui) October 27, 2020
Non l’islamiste, nous ne renoncerons à aucun droit parce que vous nous tuez pour nous en priver#DissolutionCFCM#DissolutionCCIFhttps://t.co/UOBtrQVJSM
Le président du groupe Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul, a appelé l'Etat à ne «pas laisser passer ces propos scandaleux qui contestent l’identité, les valeurs et la culture de notre pays».
À la suite du discours du président de la République à La Sorbonne, l’Etat ne peut pas laisser passer ces propos scandaleux qui contestent l’identité,les valeurs et la culture de notre pays. En France, aucune religion ne peut restreindre la liberté. Allez-vous réagir @GDarmanin ? https://t.co/dtOQGmPn2F
— Julien Odoul (@JulienOdoul) October 27, 2020
Le discours d'Emmanuel Macron en hommage à Samuel Paty a suscité un flot de critiques dans le monde musulman, de la part de dirigeants politiques et religieux, d'élus mais aussi de simples citoyens sur les réseaux sociaux, provoquant de nombreuses manifestations mais aussi des appels au boycott des produits français.