«Se débarrasser de fichés S venant de Russie» : les enjeux de la visite de Darmanin à Moscou
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin doit rencontrer son homologue russe, Vladimir Kolokoltsev à Moscou. Une étape pour «se débarrasser d'un certain nombre de fichés S venant de Russie», estime Pierre Conesa interrogé par RT France.
Le ministre de l'Intérieur, Gerald Darmanin, doit se rendre le 26 octobre en Russie pour s'entretenir avec son homologue russe, Vladimir Kolokoltsev, sur les questions d’immigration clandestine et de lutte contre le terrorisme.
Ce déplacement était prévu «avant l'attentat» de Conflans-Sainte-Honorine, perpétré par Abdoullakh Anzorov, un réfugié d'origine russe tchétchène, mais le calendrier a été accéléré, a expliqué une source proche du ministre de l'Intérieur à l'AFP.
«[C'est une] première étape dans les mesures d'application annoncée par le gouvernement français, c'est-à-dire expulser ou ramener dans leurs pays des fichés S» estime Pierre Conesa, spécialiste des questions stratégiques internationales, interrogé par RT France, le 26 octobre. «Cette étape avec Moscou va probablement permettre de se débarrasser d'un certain nombre de fichés S venant de Russie», a précisé l'ancien haut fonctionnaire.
Une visite dans le cadre de négociations entre Paris et Moscou
Ces expulsions d'individus radicalisés devraient être soumises à des négociations entre les deux pays, selon Pierre Conesa. «Il n'y a aucune raison que [Moscou] refuse [le retour des fichés S] parce qu'ils ont eux-mêmes eu à subir des attentats […]. Le cas des Tchétchènes est un cas qui préoccupe la Russie», a détaillé le spécialiste des questions internationales, qui estime qu'un accord est probable bien que les relations entre le France et la Russie ne soient pas «particulièrement excellentes».
Pierre Conesa souligne par ailleurs les dysfonctionnements du droit d'asile en France, qui a permis à des individus radicalisés de s'installer dans le pays. «On a accepté des gens qui étaient parfois poursuivis pour des faits criminels, mais comme ils risquaient d'être maltraités lors des interrogatoires de police ou qu'ils pouvaient être condamnés à mort, on leur accordait le statut de réfugié politique», a-t-il ainsi regretté. «[Il faut] introduire un rapport de force avec les pays qui ne veulent pas reprendre des ressortissants qui sont actuellement sur notre territoire et qui n'ont plus le droit au statut de réfugié politique», a-t-il conclu.
Le 20 octobre, Emmanuel Macron s'était entretenu par téléphone avec le président Vladimir Poutine pour lui demander «un renforcement de la coopération franco-russe en matière de lutte contre le terrorisme et d'immigration clandestine». Cette visite devrait être l'une des étapes de la tournée de Gérald Darmanin, après celle du Maroc le 15 octobre, dans les pays qui comptent le plus de ressortissants parmi les 231 étrangers en situation irrégulière suivis pour radicalisation et que Paris souhaite expulser.