Affaire Augustin : ce que l'on sait sur la victime, les filles harcelées, les agresseurs
L'agression, à Lyon, d'un jeune homme de 17 ans qui aurait voulu protéger des jeunes femmes harcelées, a suscité l'indignation à droite. Tandis que les premiers témoignages divergent sur certains points, la police s'est saisie du dossier.
Le 21 août au soir, à Lyon, Augustin, jeune homme de 17 ans, a été agressé alors qu'il tentait de défendre des adolescentes harcelées. Tandis que l'affaire a rapidement fait réagir la droite, évoquant (de même que les proches d'Augustin) un lynchage, les premiers témoignages divergent sur certains points. Une vidéo qui montrerait une partie de la scène circule en outre sur internet.
Pour le site internet Lyon Mag et depuis l'hôpital où il serait toujours pris en charge, Augustin a livré sa version des faits le 25 août. Ainsi, ce soir-là, le jeune homme aurait vu «plusieurs jeunes filles se faire harceler par une bande» à proximité de la place Bellecour. Il aurait trouvé ces filles «très intimidées» et se serait interposé entre les deux groupes.
Il assure alors qu'il fait face à «au moins cinq personnes» qui se vantent d'«habiter aux Minguettes, à Vénissieux» (ville en proche banlieue de Lyon). Il confesse que loin de se faire intimider, il déplore que les passants ne viennent pas l'épauler. Selon son récit, la situation aurait dérapé. Sur ces entrefaites, il aurait «reçu un très violent coup par derrière, puis [serait] tombé K.O. au sol». Augustin parle de «trou noir», puis de s'être relevé «péniblement, en crachant une dent».
Selon Lyon Mag, «une enquête est désormais menée par la police lyonnaise, chargée de l’affaire», et la Direction départementale de la sécurité publique a lancé un appel à témoin sur les réseaux sociaux.
[#AppelàTémoins] Vendredi 21 août vers 23H00 place Bellecour à #Lyon, un jeune homme de 17 ans a été agressé par plusieurs individus. Toute personne susceptible d'aider les enquêteurs est priée de prendre attache avec le Commissariat de Lyon 2ème ⏬ pic.twitter.com/6ESCLTVU1o
— Police Nationale 69 (@PoliceNat69) August 24, 2020
Valeurs actuelles affirme pour sa part qu'Augustin, par ailleurs amateur de rugby, serait proche des militants royalistes de l’Action française. Son père, interrogé par l'hebdomadaire confirme que son fils «n’y allait pas pour taper [mais] pour permettre aux filles de partir». Checknews de Libération précise qu'Augustin «a été opéré de la mâchoire» le 24 août.
Deux témoins donnent leur version des faits
Le site internet a réussi à contacter deux des adolescentes prises à partie. Celles-ci se seraient rendues au commissariat le 25 août pour y faire leur déposition. L'une d'entre elles assure que ses amies et elle n’ont pas été victimes d'agression à proprement parler de la part des garçons, mais que ces derniers se seraient montrés «lourds et insistants».
La deuxième jeune fille interrogée évoque «une situation de harcèlement de rue» : «On était quatre copines en tout, on sortait du Monoprix, on était en train de rentrer chez nous. Là, sept garçons sont arrivés, ils nous suivaient, ils nous demandaient nos snaps [identifiants sur le réseau social Snapchat]. Ils étaient lourds et ils insistaient [...] Avec une copine, on est allées les voir, on leur a dit qu’on était en couple et qu’on n’était pas intéressées. C’est à ce moment-là qu’Augustin et son copain interviennent. Ils parlent avec les garçons, ils leur font remarquer qu’on n’a pas l’air intéressées.» Selon son récit, le ton monte, une bagarre à un contre un est évoquée. Les filles auraient alors tenté de s'interposer pour éviter que la situation ne dégénère. Puis, un coup de poing aurait été adressé à Augustin, qui perd une dent. Cette même source ne fait en revanche pas mention d'un lynchage, contrairement aux versions des proches d'Augustin, dont son frère sur Facebook.
La jeune fille poursuit pour Checknews : «Après le coup, Augustin est tombé, il s’est relevé directement, il n’a pas perdu connaissance. Je suis allée parler au garçon qui lui avait mis un coup, pour lui faire remarquer qu’Augustin lui parlait calmement et que ça ne se faisait pas de lever la main sur lui. Il s’est énervé contre moi, le ton est encore monté, puis enfin ils sont partis. Augustin a voulu leur courir après pour se venger, des garçons qui s’étaient arrêtés devant la scène le retenaient. Les autres, je ne sais pas où ils sont partis, je ne les ai pas revus. Avec mes copines, nous sommes restées une bonne vingtaine de minutes avec Augustin, son copain et les témoins. On a remercié Augustin, on lui a dit qu’on était désolées et on voulait s’assurer qu’il irait bien à l’hôpital.»
Elle a dévoilé sur les réseaux sociaux une vidéo – relayée largement sur internet – qui serait celle de la scène en question.
🚨 Pour avoir défendu de jeunes femmes, #Augustin s'est fait tabasser par des islamoracailles répétant "wallah le Coran".
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) August 25, 2020
Nos jeunes héros risquent leur vie à cause de la lâcheté de l'Etat : urgence à rétablir l'ordre et éradiquer ces violences intolérables !#JusticePourAugustinpic.twitter.com/cn8c4EHWbt
L'adolescente poursuit en disant trouver «super qu’[Augustin] soit intervenu comme ça». «Juste, à la base, je tiens à dire qu’on n’a pas été agressées comme ce qui est écrit», ajoute-t-elle.
Cette version semble différer de celle du frère d'Augustin qui évoque «plusieurs dents cassées, une fracture de la mâchoire» et un problème aux cervicales. Et Cheknews de noter que les amis d’Augustin sont aussi sceptiques sur les versions des deux filles : «Il faut qu’on nous explique comment un seul coup peut avoir cassé une dent, la mâchoire et blessé aux cervicales.»
Des blessures jugées «compatibles avec un coup unique porté au niveau du visage», selon le médecin légiste
Le 26 août, le Parquet affirme que l'«auteur» des faits, au singulier, n'était pas encore identifié. Une précision qui remettrait en cause un passage à tabac collectif.
Un médecin légiste constate le même jour sur Augustin une «fracture mandibulaire» et une «lésion dentaire», blessures jugées «compatibles avec un coup unique porté au niveau du visage» et synonymes d'une incapacité temporaire de travail (ITT) de 21 jours.
Le plaignant, pour sa part, a confié aux enquêteurs avoir reçu un coup de poing dans la mâchoire et avoir eu «le sentiment» de recevoir un autre coup, sans certitude, selon le parquet.
Les caméras de vidéosurveillance place Bellecour devraient permettre d'éclaircir les faits.