Béziers : six policiers blessés et une situation «chaotique» pour le syndicat des «nuiteux»
Six policiers nationaux travailleurs de nuit blessés lors d'un même contrôle routier à Béziers dans l'Hérault : un nouveau fait-divers qui fait hausser le ton à l'unique syndicat de police qui représente les fonctionnaires «nuiteux» : Option Nuit.
Un simple contrôle routier mené par des policiers nationaux à Béziers (Hérault), a dégénéré en violente agression à l'encontre des fonctionnaires dans la nuit du 22 au 23 août, selon les informations du Midi libre.
Selon cette même source, les travailleurs de la police de nuit voulaient initialement procéder au contrôle d'identité des occupants d'un véhicule se déplaçant de façon erratique sur la chaussée. Le conducteur, testé positif à l'alcool et ses trois passagers, également pris de boisson, auraient ensuite refusé de laisser leur voiture sur place.
Toujours selon le quotidien régional, les fonctionnaires ont alors appelé des renforts pour immobiliser les individus récalcitrants et une lutte très violente s'en est suivie au cours de laquelle les six policiers ont été blessés à coups de poings et coups de pieds, dont un souffre, selon Le Midi libre, de plusieurs fractures au nez et à la pommette avec un enfoncement du plancher orbital. Le policier aurait également eu plusieurs dents brisées. Un autre fonctionnaire a perdu connaissance sur place et un autre en arrivant à l'hôpital, selon cette même source.
Toujours selon cette même source, trois individus ont été interpellés sur place et un quatrième plus tard, alors qu’il revenait dans le secteur pour «chercher sa voiture avec sa mère». «Tous les quatre étaient sous l'emprise de l'alcool et des stupéfiants», selon Midi Libre.
Une source policière contactée par RT France a cependant fait savoir que le quatrième mis en cause s'était en fait rendu de son propre chef au commissariat, ce 24 août au matin. Cette source, bien informée, a par ailleurs précisé qu'il s'agissait initialement d'un contrôle d'alcoolémie «comme on en fait souvent le samedi, en sortie de soirée.»
Cette source interrogée par RT France explique que le premier équipage sur place était composé de quatre agents afin de procéder aux contrôles alcootest et que ces derniers ont donc appelé des renforts après que le corps à corps avait déjà été engagé avec les individus. Cette source proche du dossier précise que les six policiers ont été transférés à l'hôpital.
Il nous manque entre 30 et 45 policiers sur tout l'Hérault. La nuit, ça devient chaotique, c'est un vrai fléau de travailler ici
Les mis en cause seraient originaires de la zone de Villeneuve-lès-Béziers et auraient entre 25 et 30 ans selon France Bleu. Le syndicat Alliance a dénoncé «des violences quotidiennes [qui] montent toujours d'un cran», des «faits graves et intolérables» et a demandé «des peines exemplaires» à l'encontre des responsables.
«Nous demandons plus de fermeté contre ceux qui commettent des violences à l'encontre des policiers», a déclaré pour sa part Fabrice Aebi, du syndicat SGP Police FO au Midi libre.
«C'est un fléau de travailler ici» : nouveau cri d'alarme des nuiteux
Interrogé par RT France, le syndicat des travailleurs de nuit de la police, Option Nuit, a déploré : «Plus ça va, moins ça va en France. Tous les jours, on a plus de policiers agressés, on a pu le constater à Paris hier soir après le match de football [PSG-Bayern], avec encore des collègues qui sont rentrés chez eux blessés. Sur Béziers, on a un collègue qui doit subir une opération pour ses fractures à la face. Le problème, c'est que nous disposons de moins en moins d'effectifs la nuit. Si un véhicule demande des renforts à ses collègues, on se trouve parfois dans l'incapacité de gérer ce renfort et dans ces cas-là, on se débrouille à trois, ou à six, comme dans le cas présent. Ce n'est pas normal, il nous manque entre 30 et 45 personnes sur tout l'Hérault [département où se sont déroulées ces violences] et la nuit, ça devient chaotique, c'est un vrai fléau de travailler ici. Nous avons de plus en plus souvent affaire à des gens alcoolisés et sous l'emprise des stupéfiants. En plus, l'été on ramasse toutes les populations de France !»
Le secrétaire général de cet unique partenaire social dédié aux policiers «nuiteux», William Maury, décrit également l'«épuisement» des fonctionnaires nocturnes, surnommés «hiboux» et estime que les cycles horaires (12h08) imposés à ces agents sont trop longs : «L'administration fait ça pour utiliser moins d'effectifs ! Mais le résultat, ce sera de plus en plus de suicides dans la population des travailleurs de nuit dont la qualité de vie se détériore. Je rappelle qu'en seulement 24 heures, deux flics viennent de se mettre une balle dans la tronche. A présent, le ministère doit consulter sa base ! Les "nuiteux" ont l'impression d'être le tiers-monde de la police. Pendant la crise du Covid, j'achetais des masques pour mes gars, par exemple. Si Beauvau refuse à nouveau de nous écouter d'ici mi-septembre, nous allons tout bloquer ! Nous voulons des effectifs et une vraie réplique pénale à l'encontre des délinquants, des récidivistes surtout. Le public français découvre l'ensauvagement sur les Champs-Elysées, mais dans certaines cités, c'est pareil tous les soirs ! Malheureusement, ces individus sont habitués à l'absence totale de réponse pénale et la France grimpe un nouveau pallier tous les jours.»
Antoine Boitel