Souveraineté nationale et «souveraineté européenne» : l'ambivalence Macron ?

Souveraineté nationale et «souveraineté européenne» : l'ambivalence Macron ?© Ludovic MARIN Source: AFP
Emmanuel Macron, le 26 mai 2020 (image d'illustration).
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S'adressant aux Français depuis l'Elysée, le chef de l'Etat a prôné un concept qui lui est cher : celui de «souveraineté européenne», pour lequel il s'engage à «mener le combat dans les deux années à venir». Un parcours semé d'embûches ?

«Après des débuts timides, l'Europe s'est hissée à la hauteur du moment», a affirmé Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 14 juin, en référence à la gestion de la pandémie du Covid-19, à l'échelle de l'Union européenne (UE). Tentative d'atténuer certaines crispations entres pays membres qu'a exacerbées la crise sanitaire ? En tout état de cause, le chef de l'Etat a préféré ne pas s'épancher sur les péripéties ayant terni l'idée d'une coopération intra-européenne efficace, notamment dans le domaine de la santé.

«Une Europe plus forte, plus solidaire, plus souveraine, c'est le combat que je mènerai en votre nom dès le conseil européen de juillet et dans les deux années à venir», a encore déclaré le président de la République ce 14 juin, non sans rappeler un concept qu'il a souvent utilisé pour promouvoir une augmentation des capacités politiques de l'UE : celui de «souveraineté européenne».

Une formule que le président n'a jamais abandonnée, même au plus haut de la pandémie.

«Virage souverainiste» en temps de crise ?

Réagissant à des risques de pénurie, et plus particulièrement au manque de moyens en milieu hospitalier, Emmanuel Macron s'est en effet montré, à plusieurs reprises en pleine crise sanitaire, favorable à un programme de relance industrielle de la France, prônant l'autonomie du pays.

«Il nous faut retrouver la force morale et la volonté pour produire davantage en France et retrouver cette indépendance», a-t-il par exemple déclaré le 31 mars lors d'un déplacement sur le site de la PME Kolmi-Hopen, dans la banlieue d'Angers. Des propos qui ont rapidement été perçus comme un virage souverainiste mis en avant par l'Elysée, donnant lieu à diverses interprétations.

«"Produire en France" : le virage souverainiste de Macron suscite l'ironie des oppositions», avait par exemple titré Le Figaro le jour même. «Libéral devenu souverainiste, Emmanuel Macron change de cap politique», pouvait-on lire le lendemain, sur le site d'Europe 1, pour une chronique à ce sujet. 

Fait notable, dans son discours, Emmanuel Macron avait également expliqué qu'il n'entendait pas dissocier l'UE de ses ambitions d'indépendance française. «Le caractère stratégique impose d'avoir une souveraineté européenne [...] Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne», avait-il notamment déclaré dans la même intervention télévisée.

Deux semaines plus tard, le chef de l'Etat a encore évoqué les contours d'un «monde d'après» empreint de souverainisme, tout en y intégrant la dimension européenne. «Il nous faudra rebâtir notre économie, garder notre indépendance financière, agricole, sanitaire, et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe», a-t-il notamment déclaré lors de son allocution du 13 avril.

«Macron le souverainiste ?», s'était cette fois interrogé le directeur de Sud Radio, Didier Maïsto, dans une tribune parue sur RT France.

«Souveraineté européenne» : la méthode coué ?

Conformément à ses promesses de campagne présidentielle, l'actuel locataire de l'Elysée a souvent placé le projet européen au premier plan, faisant régulièrement appel au concept de «souveraineté européenne».

Alors candidat à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron avait annoncé la couleur dans son programme, affirmant : «La vraie souveraineté passe par une action européenne.» On pouvait par ailleurs lire dans le texte : «L’Union européenne est un outil de souveraineté sur bien des sujets.»

En septembre 2017, lors de son déplacement à Athènes, où il a fait une de ses sorties les plus controversées en affirmant ne rien vouloir céder «ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes», Emmanuel Macron avait également plaidé pour la «souveraineté de l'Europe» face au FMI.

Prononçant son discours sur la refondation de l'Union européenne depuis le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 26 décembre 2017, le président de la République avait encore développé «les six clés de la souveraineté européenne». «Il y a une souveraineté européenne à construire» avait-il affirmé, particulièrement insistant : «Souveraineté, unité et démocratie sont, pour l’Europe, indissociables.»

«Nous devons construire une nouvelle souveraineté européenne [...] Je veux appartenir à une génération qui défendra cette souveraineté européenne», avait de nouveau plaidé le chef de l'Etat lors d'une intervention au Parlement européen le 18 avril 2018.

Un concept qu'Emmanuel Macron n'a pas abandonné en cours de route, puisque sa dernière allocution faisait une fois de plus allusion à la souveraineté européenne comme un moyen de «consolid[er] une Europe indépendante qui se donne les moyens d'affirmer son identité, sa culture, sa singularité, face à la Chine et aux Etats-Unis».

Avenir semé d’embûches pour la «souveraineté européenne» ?

La «souveraineté européenne», chimère ou concept validé par les faits ? Si l'Union européenne a effectivement réagi dans les dernières heures de la pandémie de Covid-19, la crise a néanmoins mis en lumière le manque de solidarité entre différentes nations aux intérêts et modèles politiques différents.

Le constat était partagé au sein même des institutions, le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni allant jusqu'à mettre en garde le 30 mars, tandis que l'épidémie ravageait l'Italie : «Le projet européen risque de sombrer [...] Il est clair que si les divergences économiques entre pays européens augmentent et si la crise accroît les différences entre divers pays européens, au lieu de [les] diminuer [...], il sera très difficile de maintenir en l'état le projet européen.»

Si la situation sanitaire s'est depuis sensiblement améliorée, la question de la prévalence de la notion de «souveraineté européenne» sur les souverainetés nationales demeure entière. A cet égard, la crise économique majeure qui s'annonce pour les pays européens devrait s'avérer révélatrice.

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