Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, «on a perdu du temps avec la chloroquine»
Antoine Flahault, docteur en médecine et épidémiologiste, était l'invité de l'émission animée par Frédéric Taddeï. Au menu de l'entretien - les pandémies, le confinement et la cloroquine, un remède potentiel contre le Covid-19.
Répondant sur RT France aux questions de Frédéric Taddeï dans l'émission Interdit d'interdire, Antoine Flahaut, docteur en médecine et en bio-mathématiques, s'est exprimé sur la gestion de l'épidémie et notamment la recherche d'un traitement efficace du Covid-19.
Alors que le gouvernement impose de réserver l'utilisation de la chloroquine aux seuls cas sévères de la maladie, l'épidémiologiste explique que l'absence d'essais cliniques rend la lutte contre le coronavirus davantage compliquée.
On a perdu du temps avec la chloroquine, on pouvait faire un essai bien avant
«On a perdu du temps. On pouvait faire un essai bien avant, on a notamment un protocole qui s'appelle l'essai randomisé en double aveugle qui permet de protéger les patients, ce n'est pas une méthodologie froide et dangereuse», regrette le médecin .
Comme certains spécialistes, Antoine Flahaut se montre également enthousiaste quant à la possibilité de pouvoir utiliser la choroquine comme traitement contre le virus. Le chercheur assure également que si l'efficacité de ce médicament contre le Covid-19 était prouvée, cela permettrait une utilisation massive et à moindre coût de cette molécule : «Si jamais la chloroquine marche sur le coronavirus, ce sera magique car c'est un médicament pas cher et facile à produire, un médicament universel, c'est un excellent candidat.»
Le professeur tempère toutefois les possibilités que la choroquine s'avère efficace en évoquant son expérience avec le virus du chikungunya, une maladie similaire au coronavirus mais transmise par les moustiques. Antoine Flahaut explique que la molécule n'a pas été efficace pour traiter cette pathologie.
La chloroquine n'avait aucune efficacité contre le chikungunya
«Pour le chikungunya, on a fait un essai clinique avec la chloroquine mais il n'y avait aucune efficacité. On a observé les macaques de l'Île Maurice qui faisait un chikungunya comme nous mais ça ne marchait pas du tout. On a été très déçus. La chloroquine a une marge thérapeutique très étroite, si on donne trois fois la dose on tue le malade à coup sûr. C'est un médicament très bien toléré mais aussi très très dangereux car on ne peut pas augmenter la dose.»
Ces propos nuancés rejoignent également les consignes données à l'échelle du continent. Pour l'agence européenne du médicament, la chloroquine et son dérivé l'hydroxychloroquine ne doivent être utilisés pour traiter le Covid-19 que dans le cadre d'essais cliniques ou de «programmes d'urgence».