La «pensée décoloniale» : 80 psychanalystes dénoncent «le narcissisme des petites différences»

La «pensée décoloniale» : 80 psychanalystes dénoncent «le narcissisme des petites différences»© THOMAS SAMSON Source: AFP
Houria Bouteldja, lors du dixième anniversaire du PIR à Saint-Denis, mai 2015 (image d'illustration).
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80 psychanalystes alertent dans une tribune sur les dangers que constituent l'insinuation de la pensée «décoloniale» dans le secteur universitaire. Retour sur quelques autres affaires similaires qui ont émaillé la vie étudiante depuis deux ans.

Dans une tribune parue dans le quotidien Le Monde le 25 septembre, 80 psychanalystes décrivaient la pensée dite «décoloniale» et dénonçaient le fait que celle-ci «s'insinue à l'université» : «Ce phénomène se répand de manière inquiétante. Nous n’hésitons pas à parler d’un phénomène d’emprise, qui distille subrepticement une idéologie aux relents totalitaires en utilisant des techniques de propagande. Réintroduire la "race" et stigmatiser des populations dites "blanches" ou de couleur comme coupables ou victimes, c’est dénier la complexité psychique, ce n’est pas reconnaître l’histoire trop souvent méconnue des peuples colonisés et les traumatismes qui empêchent sa transmission.»

Les psychanalystes concernés s'inquiètent que ces «militants, obsédés par l’identité, réduite à l’identitarisme, et sous couvert d’antiracisme et de défense du bien, imposent dans le champ du savoir et du social des idéologies racistes.»

Ils dénoncent également ce qu'ils appellent un «retournement du stigmate» et un «racialisme» prétendant expliquer des phénomènes sociaux par des «facteurs ethniques» et poussant à «la position victimaire, au sectarisme, à l’exclusion et finalement au mépris ou à la détestation du différent». Les signataires de la tribune déplorent également que certains de leurs collègues souscrivent aux thèses du décolonialisme : «Des universitaires, des chercheurs, des intellectuels, des psychanalystes s’y sont ralliés en pensant ainsi lutter contre les discriminations. C’est au contraire les exacerber.»

Et enfin, ils soulignent les valeurs que doit, à leur sens, porter leur discipline : «La psychanalyse s’oppose aux idéologies qui homogénéisent et massifient. La psychanalyse est un universalisme, un humanisme. Elle ne saurait supporter d’enrichir ce que Sigmund Freud appelait "narcissisme des petites différences".»

Dans les épisodes précédents de l'indigénisme français...

Cette tribune n'est pas sans rappeler quelques épisodes ayant trait au «mouvement décolonial», qui se sont multipliés au cours des deux dernières années, suscitant des remous dans la vie universitaire française.

Ainsi, en mars 2017, le Collectif Non mixte Racisé.e (Nmxr), à visée féministe et antiraciste, avait tenté d'organiser un festival à l'occasion de la Journée de la femme, qui se présentait comme «racisé» et non-mixte. En clair, ce festival, qui devait se tenir dans l'université Paris-VIII, interdisait la participation des hommes blancs à certains événements en dehors de certains horaires précis. L'organisation de cet événement par un collectif qui dénonçait notamment «la négation du terme et du thème de race», avait suscité des remous, et Nmxr avait dénoncé des pressions de l'administration universitaire, visant selon eux à faire annuler l'événement. Le festival avait tout de même pu se dérouler.

Plus tard, la même année, en novembre 2017, Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR) avait été invitée à s'exprimer lors d'un «séminaire d'études décoloniales» à l'université de Limoges. Cette invitation avait créé une nouvelle polémique sur le même sujet, des militants opposés à la venue de l'intellectuelle jugeant qu'elle était «islamiste, homophobe et antisémite». L'université en question avait, de son côté, mis en avant son opposition à toute «censure», précisant ne pas partager les «valeurs» de l'invitée, mais soulignant qu'elle n'avait jamais été condamnée. La faculté de Limoges avait finalement renoncé à inviter Houria Bouteldja.

En avril 2018, c'est cette fois le campus de Nanterre qui était bloqué par des militants, dont certains, proches du Parti des indigènes de la République, en ont profité pour donner une conférence censée dénoncer les travers de «la gauche blanche» et notamment son instrumentalisation de la sexualité. L'intervention intitulée «Les mouvements sociaux et la question de la race : les angles morts de l’extrême gauche blanche» marquait une séparation entre «la gauche blanche et le camp politique indigène» qui renvoie à leur sens à une «fracture raciale». Pour un membre du Collectif décolonial lyonnais qui s'exprimait à cette occasion, l'Occident utiliserait la promotion de l’homosexualité comme identité politique, ce qui s'apparenterait, pour le militant, à de l'«impérialisme gay». Or selon lui, les «non-blancs» ne se retrouveraient absolument pas dans ces valeurs progressistes défendues par la «gauche blanche» : «La gauche blanche "pro-LGBT" enjoint aux non-Blancs de s’identifier comme homosexuels, de choisir entre le placard ou le coming-out, de choisir entre la honte ou la fierté homosexuelle».

Ensuite, en décembre 2018, un sociologue s'est vu exclu de son groupe de recherche à l'Université de Limoges et, pour expliquer cette éviction, il a mis en cause son opposition ouverte à la promotion de thèses «racialistes» au sein de l'université. Il a notamment affirmé avoir reçu des pressions au sein de son établissement depuis qu'il s'était opposé, en 2017, à la tenue d'une conférence-débat animée par la cofondatrice du PIR, Houria Bouteldja, ainsi qu'évoqué plus haut. Il a dénoncé un «danger racialiste».

Plus récemment, au mois de mars 2019, le détachement syndical Sud Education-93 avait à nouveau fait parler de lui, après une première polémique en 2017 pour des ateliers en non-mixité. Le syndicat a réitéré avec des ateliers proposant de recevoir des parents d'élèves «racisés» afin de les «défendre» contre les attaques «racistes et islamophobes de l'Education nationale». L'atelier avait choisi un intitulé sans ambiguïté : «Comment entrer en pédagogie antiraciste». Selon les informations de FranceInfo, l'entourage du ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, avait condamné une initiative «contraire aux valeurs de l'école républicaine».

Lire aussi : Quand Nanterre accueillait une conférence contre «l'impérialisme gay» de la «gauche blanche»

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