Permanences LREM vandalisées : la démocratie est-elle en danger ?

Permanences LREM vandalisées : la démocratie est-elle en danger ?© Capture d'écran/Twitter/@_DidierParis
Le permanence LREM de Foix dégradée, dans l'Ariège, le 30 juillet 2019 (image d'illustration).
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Des permanences de députés LREM ont été vandalisées ou dégradées par des actions diverses cette dernière semaine, notamment en lien avec le vote du CETA. Le gouvernement et la majorité ont fermement condamné ces actes.

Les actes de dégradation et vandalisme de permanences du parti présidentiel La République en marche (LREM) se sont multipliés ces derniers jours. Un phénomène qui se manifeste dans diverses régions de l’Hexagone. Dernier événement en date : dans la nuit du 29 au 30 juillet, le local LREM de Foix (Ariège) a été affublé de tags comme «En marche ou crève», «RIC», «Fuck le système» ou encore «ACAB » – l’acronyme en anglais de «Tous les Flics Sont des Salauds» («All Cops Are Bastards») ou «Tous les Capitalistes Sont des Salauds» («All Capitalists Are Bastards»).

La fin de ce mois de juillet n’est pas de tout repos pour la majorité : parmi les permanences vandalisées figurent celles de Rémy Rebeyrotte (Saône-et-Loire), Jean Baptiste Moreau (Creuse), Barbara Bessot-Ballot (Haute-Saône) ou encore de Carole Bureau-Bonnard (Oise). Le 27 juillet, en marge d’un rassemblement des Gilets jaunes à Perpignan (Pyrénées-Orientales), des individus avaient brisé les vitres de la permanence de Romain Grau et y avait mis le feu alors que le député s’y trouvait. 

Le rejet du CETA pour revendication de nombreuses actions

Dans la plupart des cas relevés, le CETA (accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada) apparaît être un motif des actions menées contre les permanences. Appliqué provisoirement depuis le 21 septembre 2017, validé le 3 juillet par le gouvernement français, soutenu par Emmanuel Macron et approuvé par l’Assemblée nationale le 23 juillet, il soulève de fortes réticences dans l'opposition de gauche comme de droite mais divise également au sein de la société civile. Dans ce contexte, de nombreux agriculteurs mécontents ont donc mené des actions de contestation auprès des députés ayant voté le texte. Des actions qui ont été revendiquées sur les réseaux sociaux.

Dans le Lot-et-Garonne, la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA) a déversé, le 26 juillet, des tas de fumier devant les permanences d’Alexandre Freschi, d’Olivier Damaisin et de Michel Lauzzana. Des banderoles étaient installées sur lesquelles on pouvait lire : «Vote CETA, on est dans la merde».

Autre type d'action : le 25 juillet, la FDSEA de Haute-Saône a mis en ligne un cliché montrant la permanence de la députée Barbara Bessot-Ballot en passe d’être scellée à l’aide de parpaings.

Bis repetita le lendemain dans la Creuse, où la FDSEA locale, accompagnée par les Jeunes Agriculteurs du département, ont employé cette même méthode. Ils ont recouvert un de leurs ouvrages du terme «Traître».

La majorité condamne fermement

Le gouvernement et la majorité se sont insurgés contre ces procédés, tandis que la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) a envoyé le 29 juillet des «consignes de vigilance», demandant des patrouilles mobiles autour des permanences quelles que soient les couleurs politiques. Le 29 juillet sur BFM TV, le porte-parole de LREM, Aurore Bergé, a dénoncé un «climat malsain et nauséabond» entraînant la «peur». «On n’a pas le droit en République, en démocratie, de chercher à me faire peur et à faire changer mon vote ou mes décisions par la peur», a-t-elle ajouté.

«Je ne pourrai jamais me résoudre à cette violence à l’encontre de la Démocratie et de ses valeurs. Ma porte a toujours été ouverte, et je me suis toujours rendue disponible pour ceux qui le souhaitaient», a expliqué sur Twitter Carole Bureau-Bonnard, qui avait retrouvé du foin et des œufs sur le parvis de sa permanence dans l’Oise.

Une vingtaine de députés bretons ont eux décidé de rédiger une tribune, publiée sur le site de France Info le 30 juillet, fustigeant un «ensauvagement des mots et du monde» qui «ne peut produire que le pire» et reprochant à certains de souffler «sur ces braises» car «ils souhaitent le pire». Ceux-ci rappellent par ailleurs qu’il «ne sera jamais toléré que la violence et la destruction se substituent au dialogue et à la démocratie».

Le CETA, source d'inquiétudes et de crispations

Si ces méthodes sont vigoureusement condamnées par la majorité, elles trahissent un rejet fort, parcourant la société, du CETA. Et ce, jusqu'au sein de la majorité.

En effet, l’accord a bel et bien été approuvé par l’Assemblée nationale, par 266 voix contre 213, mais une première ligne de fracture est apparue au sein de la majorité, puisque 52 marcheurs se sont abstenus et 9 ont voté contre. Si des abstentions avaient déjà été constatées par exemple lors de l'examen du projet de loi anticasseurs, c’est la première fois dans le groupe LREM que certains votent contre un texte porté par le gouvernement.

D’après un sondage OpinionWay daté du 29 juillet, 49% des Français sont opposés au CETA contre 26% qui y sont favorables.

Un texte partagé sur les réseaux sociaux avec le hashtag «#AfficheTonLREM» visait nommément plusieurs députés pour avoir voté «contre l’avis majoritaire des Français, au détriment de l’environnement, des générations futures, pour se conformer aux exigences du néolibéralisme», c'est-à-dire pour le CETA. 

Sans justifier aucunement les actions violentes, le porte-parole de La France insoumise, Alexis Corbière, invité de la matinale de France Info le 30 juillet, a dénoncé l'«extrémisme», à ses yeux, de l’exécutif : «Les extrémistes, c’est ce gouvernement. C’est eux qui sont des fous, des illuminés, des sectaires du libre-échange.» Il a également appelé à une mise au vote du CETA par voie référendaire. «Je propose que soit organisé un référendum sur le CETA, il faut revenir à la démocratie sur ce sujet. Le libre-échange participe au grand déménagement de la planète qui fait lui-même fondre la glace via le réchauffement climatique et modifie le climat», a-t-il conclu.

Lire aussi : Gaz à effet de serre, écologie : la France est-elle un si mauvais élève ? (ENTRETIEN)

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