En amont du procès qui vise son couple, Isabelle Balkany a tenté de se suicider
Quelques jours avant le procès des époux Balkany pour corruption et blanchiment de fraude fiscale, l'épouse du maire de Levallois-Perret a attenté à sa vie en absorbant des médicaments. Hospitalisée, elle est toutefois hors de danger.
Isabelle Balkany, l’épouse de Patrick Balkany, maire Les Républicains (LR) de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), elle-même première adjointe de la mairie, a tenté de mettre fin à ses jours en absorbant des médicaments le 1er mai dans sa résidence situé dans l'Eure. Admise à l'hôpital, elle est actuellement hors de danger.
Profiter pour faire une grosse sieste
Son époux Patrick Balkany en a fait état sur RTL : «Elle dort, elle est à l’hôpital, elle récupère. Elle va avoir du mal à s’en remettre [...] Elle était parfois extrêmement touchée par les propos tenus par certains.»
#jesuisfatiguée
Pour exprimer cette détresse, l'élue de Levallois a, au préalable, laissé un long message sur son profil Facebook, dans lequel elle se plaint de l'état d'esprit de la France en ce moment, et du sentiment de «haine» qui s'y déploie. A grands renforts de hashtags «je suis fatiguée», elle y vise les détracteurs de son mari, l'instruction qui les cible, et les journalistes… Et Isabelle Balkany de conclure son post par un inquiétant : «Comme c'est la Fête du travail, je vais profiter pour faire une grosse sieste.»
A propos des ennuis du couple avec la justice, l'épouse de Patrick Balkany fustige une instruction «uniquement à charge». Elle s'émeut des agissement de «navrants scribouillards nécrophages», accusés de «se repaître de leur détestation des autres, s'ériger [en juges, en moralisateurs, en bien-pensants]», et de ravager «des vies en provoquant des dégâts affectifs et psychologiques».
Une enquête qui dévoile des labyrinthes offshore
La tentative de suicide d'Isabelle Balkany coïncide avec le début prochain du procès du couple et de quatre proches pour corruption, prise illégale d’intérêts et blanchiment de fraude fiscale, prévu le 13 mai à Paris. Dans son message sur Facebook, elle fait référence à l'un des objets du délit : une sous-évaluation de certains actifs, et de l’omission de biens mobiliers et immobilier dans les déclarations d'impôts, qui selon une enquête de cinq ans, auraient permis de blanchir des avoirs à hauteur de 13 millions d'euros. Elle les qualifie de «[manquement fiscal], qui n'a, certes, aucune excuse, mais qui a, du moins, des [explications] familiales», et ne mérite pas la dénomination de «crime».
Pour éviter l'incarcération dans cette affaire, Isabelle Balkany avait dû s'acquitter d’une caution d'un million d'euros. L'enquête a été menée par les juges anticorruption Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon qui pensent y avoir découvert des montages financiers complexes dans l'acquisition de biens immobiliers de luxe, à Marrakech, dans l'île de Saint-Martin ou près de Giverny, via de véritables labyrinthe offshore. Dans ce dossier, l'ordonnance de saisie des juges mentionne : «Le patrimoine des époux Balkany est important. Pourtant aucun bien n'est à leur nom.»
Les investigations et les aveux du couple ont permis de mettre à jour au moins sept sociétés et fondations offshore créées entre 1986 et 2014 dans plusieurs paradis fiscaux. «Le montant des avoirs ayant transité sur les comptes de ces structures ne peut s'expliquer par le seul héritage des parents respectifs d'Isabelle et de Patrick Balkany, issus l'un et l'autre de familles aisées», avait estimé le ministère public dans son réquisitoire, d'après une source proche du dossier.
Sont en cause trois villas, dont une à Saint-Martin, propriété d'une fiduciaire du Liechtenstein, qui serait ainsi revenue dans l'escarcelle d’Isabelle Balkany grâce à dix millions d'euros donnés, selon elle, par ses frères et sœurs, mais sans que rien ne soit déclaré au fisc. Les magistrats suspectent Patrick Balkany d'en être également propriétaire, et le couple de posséder une seconde villa dont l'achat a également été masqué par une société écran.
Les juges ont également repéré un autre montage offshore qui a permis à Isabelle et Patrick d'acheter un riad au Maroc grâce à un prête-nom, Jean-Pierre Aubry, bras droit de Patrick Balkany. Le riad a notamment été financé par des sociétés panaméennes, dont l'une a été approvisionnée par de l'argent d'un promoteur égyptien... qui était en affaire pour un projet de constructions de tours à Levallois. Celui-ci a nié tout rapport entre ces sommes et les contrats passés avec la mairie.
Le couple est en outre accusé d'avoir sous-évalué sa propriété dans l'Eure de 60% pour échapper à l'impôt sur la fortune.
Au cours de l'enquête, les juges sont allés de surprise en surprise, découvrant des ventes de diamants et autres sociétés écrans au fil de leurs investigations. Pour les besoins de l'enquête, l’immunité parlementaire de Patrick Balkany a été levée en 2015. Son passeport a été confisqué le 18 mars 2015, pour éviter qu'il puisse se rendre aux quatre coins du globe pour entrer en contact avec les divers protagonistes s'occupant des propriétés concernées, ou avec lesquels il serait entré en transaction financière.
En mai 1996, Patrick Balkany et son épouse avaient été condamnés solidairement à quinze mois de prison avec sursis, 200 000 francs d'amende et deux ans d'inéligibilité, pour «prise illégale d'intérêts», car ils avaient employé durant dix ans dans leurs résidences personnelles trois personnes, censées officier à la mairie. Le couple a dû en conséquence rembourser les sommes versées aux gens de maison.
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