Grenoble : les policiers auraient-ils dû abandonner la course-poursuite ?

Grenoble : les policiers auraient-ils dû abandonner la course-poursuite ?© Jean-Pierre Clatot Source: AFP
Des véhicules d'intervention de la police stationnent dans un quartier sensible alors que des émeutes font rage, le 7 mars à Grenoble.
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Après la mort de deux jeunes à Grenoble, le 2 mars, qui se sont tués en scooter alors qu'ils étaient poursuivis par un équipage de police, plusieurs nuits d'émeutes et une marche blanche ont eu lieu. Des associatifs évoquent une «bavure».

Une information pour recherche des causes de la mort des jeunes de 17 et 19 ans a été lancée à Grenoble après l'accident survenu le 2 mars et dans lequel ils ont perdu la vie. Chevauchant un scooter volé sans plaque minéralogique et sans casque, les deux jeunes ont été suivis par un équipage de police et sont entrés en collision avec un autre véhicule. Ils ont donc trouvé la mort en se retrouvant bloqués par un autocar contre le parapet d'un pont, alors que celui-ci se déportait justement pour laisser passer le scooter et la voiture qui les suivait. 

«Vous pouvez écrire que la police est responsable de leur mort», a lancé une proche des deux jeunes, citée par FranceInfo. Hassen Bouzeghoub, directeur du centre socio-culturel du quartier, cité par la même source, a déclaré : «Des jeunes du quartier ont vu ce qui s'est passé et ont le sentiment d'une bavure policière.»

De fait, depuis le décès de Fatih et Adam, plusieurs émeutes nocturnes ont éclaté dans des quartiers sensibles de Grenoble et une marche blanche a été organisée en leur mémoire le 6 mars.

Mais entre «le sentiment d'une bavure policière» et l'évaluation qui a été faite par l'équipage de police qui a décidé de prendre en charge l'infraction que semblaient avoir commise les deux jeunes, plusieurs facteurs pourraient entrer en ligne de compte.

Les poursuites sont-elles encore autorisées ?

Les poursuites motorisées de la part de la police nationale sont encadrées par une note depuis 1999, que plusieurs notes sont venues compléter depuis. RT France avait notamment abordé ce sujet en octobre 2018 et avait obtenu copie d'une note émanant de la Préfecture de police de Paris qui précisait : «Les faits qui motivent la poursuite doivent être d'une certaine gravité : fuite ou évasion d'un individu armé ayant l'intention d'attenter à la vie d'un tiers ; auteurs, armés ou non, d'un crime de sang ; auteurs non-identifiés d'autres crimes ou délits aggravés entraînant un préjudice corporel. Dans les autres situations, toute poursuite systématique est exclue, notamment pour ce qui est des refus d'obtempérer.»

Les policiers que RT France avait pu interroger à cette époque relevaient que cette note introduisait un certain paradoxe : «Imaginez-vous à la place des policiers qui doivent expliquer à la femme qui vient de se faire arracher son sac ou son téléphone par un scooter qu'on ne va pas poursuivre les malfaiteurs, qu'on n'en a pas le droit... Qu'on va se contenter de relever la plaque.»

La question qui pourrait alors se poser est la suivante : pourquoi les policiers ont-ils poursuivi ces deux jeunes à Grenoble le 2 mars ? 

Contactée par RT France, une source policière a livré son analyse : «Il y a plusieurs questions qu'il faut vraiment se poser ici. Premièrement, il faut savoir si une communication radio a été diffusée ou pas à propos des deux jeunes. Ensuite, il y a la question de la durée de la poursuite. Je dirais que si au bout de cinq minutes on n'est pas parvenu à interpeller deux jeunes qui ne portent pas de casques et qu'il a été établi qu'ils ne constituent pas un risque pour autrui, il vaut mieux arrêter la poursuite.»

Cependant, cette même source précise : «Justement, c'est là tout le problème. Il faut bien comprendre que lors d'une cavale, le policier qui conduit et son chef de bord doivent prendre en compte de nombreux paramètres en même temps. Ils ne doivent pas constituer un risque pour les passants. Ils doivent aussi évaluer la conduite des mis en cause tout en les observant... Sont-ils armés ? Semblent-ils alcoolisés ou intoxiqués ? Qui se trouve à bord du véhicule ? Combien de personnes ? Y a-t-il des enfants ? Tous ces paramètres entrent en compte et dans le même temps, il faut prendre une décision, très vite : continuer ou pas.»

En tout état de cause, l'enquête devra faire la lumière sur l'affaire, mais le parquet de Grenoble a déjà assuré que l'intervention des policiers était «totalement justifiée». Le service de communication de la police, contacté par Franceinfo, a précisé que les agents de la brigade anticriminalité (BAC) en question «ont fait un marquage et n'ont pas mis la pression aux individus».

Lire aussi : Interdits de course-poursuite, les policiers vont-ils lancer leur mouvement #PasDeVague ?

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