En France, un Syrien mis en examen pour «complicité de crimes contre l'humanité» dans son pays
Un homme syrien d'une trentaine d'années a été mis en examen à Paris, suspecté d'être complice «de crimes contre l'humanité» attribués au gouvernement syrien. Son interpellation s'inscrit dans le cadre d'une coopération franco-allemande.
Après quatre jours de garde à vue, «Abdulhamid A.», un homme syrien né en 1988, a été placé en détention provisoire ce 15 février à Paris, mis en examen pour «complicité de crimes contre l'humanité» dans son pays.
Interpellé en début de semaine en région parisienne, l'homme est soupçonné d'avoir participé à des exactions attribuées au gouvernement syrien, commises contre la population civile entre 2011 et 2013. Il était alors membre des services de renseignement syriens, selon une source judiciaire citée par l'AFP qui précise par ailleurs que l'homme avait été signalé en janvier 2018 par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Depuis le début de l'année, les enquêtes ayant conduit à ce suspect ont été menées par le pôle «crimes contre l'humanité, crimes et délits de guerre» du parquet de Paris, dans le cadre d'une coopération avec l'Allemagne qui, de son côté, a procédé à l'interpellation de deux autres Syriens (à Berlin et Zweibrücken) de «manière coordonnée» selon le Parquet.
Les deux hommes sont également soupçonnés d'être des membres des «moukhabarat», les services de renseignement syriens ; ils auraient quitté leur pays dès 2012 avant de gagner l'Allemagne et d'y demander l'asile. «Anwar R.», 56 ans, aurait été complice de tortures commises par les services secrets syriens dans une prison. «Eyad A.», 42 ans, est soupçonné d'avoir participé au meurtre de deux personnes et aux tortures infligées à «au moins 2 000 personnes entre juillet 2011 et janvier 2012», ajoute l'AFP.
Coopération franco-allemande
Ces trois interpellations, réalisées en vertu de la compétence universelle dont disposent l'Allemagne et la France notamment en matière de crimes contre l'humanité, ont été saluées par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), qui a annoncé son intention de se porter partie civile dans le dossier.
Les investigations sur ces individus sont directement liées à l'enquête dite «César», ouverte côté français en septembre 2015, plusieurs mois après qu'un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous ce pseudonyme, avait diffusé en 2014 ce qu'il avait présenté comme des photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons syriennes, entre 2011 et 2013.
La Commission d'enquête de l'ONU a accusé maintes fois les différentes parties du conflit en Syrie de commettre des crimes de guerre, et dans certains cas, des crimes contre l'humanité. En novembre, la justice française avait délivré des mandats d'arrêt internationaux contre trois hauts responsables du gouvernement syrien, soupçonnés d'être impliqués dans des exactions ayant visé deux citoyens franco-syriens.