Démission d'Ismaël Emelien : qui est ce conseiller de l'ombre éclaboussé par l'affaire Benalla ?
Le secrétaire adjoint de l'Elysée, Ismaël Emelien, annonce sa démission du palais présidentiel par voie de presse. Eclaboussé par l'affaire Benalla à l'été 2018, il explique toutefois son départ par la publication à venir d'un ouvrage.
Selon une information exclusive du magazine Le Point révélée le 11 février, le secrétaire adjoint de l'Elysée, Ismaël Emelien doit démissionner de son poste au printemps. C'est déjà la deuxième démission d'un proche d'Emmanuel Macron au palais présidentiel depuis le début de l'année 2019, après le départ de la plume du chef de l'Etat, Sylvain Fort, au début du mois de janvier.
Ismaël Emelien : un homme de l'ombre
Conseiller spécialisé dans la communication, Ismaël Emelien faisait figure d'homme de l'ombre du premier cercle du pouvoir présidentiel et avait été éclaboussé par l'affaire Benalla au cours de l'été 2018. Il était notamment suspecté par les enquêteurs d'être celui qui aurait réceptionné les disques contenant les images des violences du 1er mai impliquant Alexandre Benalla et qui auraient ensuite fuité. Des détails de son implication dans cette affaire ont également été révélés par le site d'investigation Mediapart et le journal 20Minutes : il aurait fait partie des personnes qui ont été en contact avec Alexandre Benalla le soir du 18 juillet 2018, lorsque les frasques de l'ancien collaborateur élyséen ont été révélées par Le Monde.
Le téléphone d'Ismaël Emelien aurait en effet borné aux abords du bar à chicha où se trouvait Alexandre Benalla ce soir-là, le Damas Café et ils auraient par ailleurs échangé des SMS jusqu'à une heure avancée de la nuit. En outre, selon les enregistrements d'une conversation datant du 26 juillet 2018, qui ont été révélés par Mediapart, Alexandre Benalla assurait bénéficier du soutien du «président», de «madame», Brigitte Macron, et de «Ismaël [Emelien], qui [le] conseill[ait] sur les médias et compagnie».
Selon les informations du Point, cette démission était convenue avec Emmanuel Macron depuis la mi-novembre 2018 et Ismaël Emelien explique son départ par la publication prochaine d'un ouvrage sur le progressisme : «Par éthique personnelle, je me suis astreint en tant que conseiller spécial du président à un silence absolu qui n'est pas compatible avec la parution d'un tel ouvrage. Mon départ correspond à une nouvelle étape de mon engagement. Après Bercy, la campagne présidentielle puis l'Elysée, je veux retrouver la confrontation en première ligne. On est bien seul aujourd'hui à défendre le progressisme, on a besoin de relais dans la société et au-delà de nos frontières, et je pense que c'est dans cette position que je serai le plus utile. Je resterai à l'entière disposition du président et je continuerai à l'aider. Je poursuis le même combat, mais par d'autres chemins.»
La classe politique française 🇫🇷 réagit à la démission d'Ismaël Emelien#IsmaelEmelien#Macron#RTFrance en direct :
— RT France (@RTenfrancais) 12 février 2019
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Un soutien de première heure de Macron
Le jeune conseiller a été un soutien indéfectible d'Emmanuel Macron depuis le temps où celui-ci était ministre de l'Economie sous la présidence de François Hollande. Il était alors conseiller spécial. Il a ensuite été co-fondateur du mouvement politique En Marche. Plus récemment, il a été rappelé dans la presse qu'il avait aussi travaillé, dans le domaine de la communication, à l'élection du président vénézuélien Nicolas Maduro en 2013. Ismaël Emelien figurait alors dans les rangs de l'entreprise Havas Euro-RSCG.
Ismaël Emelien aurait également fait intégrer En Marche un de ses amis dans en 2016, un autre homme de l'ombre touché par l'affaire Benalla : Ludovic Chaker. Selon les informations du Monde, ce serait ce dernier qui aurait recruté Alexandre Benalla en 2016 pour En Marche après avoir recueilli l’assentiment de Jean-Marie Girier, directeur de cabinet de Gérard Collomb à Lyon. Alexandre Benalla est alors devenu directeur de la sécurité du candidat Macron. Ludovic Chaker a notamment appuyé Alexandre Benalla lorsqu'il a souhaité commander des armes non létales à la fin de la campagne présidentielle, une demande qui lui a été refusée par Jean-Marie Girier.
Un autre conseiller de l'Elysée partira en même temps qu'Ismaël Emelien : David Amiel qui a co-écrit l'ouvrage. Selon les informations du Point, «ce dernier, normalien et benjamin de la campagne présidentielle, travaille aujourd'hui auprès du secrétaire général de l'Elysée». A cet égard, il a déclaré à l'hebdomadaire : «Je quitterai, comme Ismaël, l'Elysée pour expliquer et défendre notre livre.»
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