«Nous poursuivrons la trajectoire prévue» : de Rugy impassible face à la colère des «gilets jaunes»
Malgré la mobilisation d'au moins 280 000 personnes selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, le gouvernement garde le cap. Le ministre de l'Ecologie François de Rugy déclare ne pas vouloir «capituler» face aux contestations.
Après les manifestations du 17 novembre, les «gilets jaunes» ont-ils été entendus par le gouvernement ? Dans une interview pour Le Parisien, publiée dès la fin de la plupart des rassemblements, François de Rugy s'est en tout cas montré intraitable sur la politique menée par le gouvernement. Même si, dans le même temps, il conçoit que la «colère vient de loin».
Si l'annonce de la hausse des taxes sur les carburants en octobre dernier constituait la goutte d'essence de trop pour les «gilets jaunes», le ministre de la Transition écologique et solidaire estime de son côté : «En matière de fiscalité écologique [...] Nous poursuivrons la trajectoire prévue.» Le gouvernement sera donc inflexible, selon le ministre.
«Si la France a élu Emmanuel Macron, c’est bien pour qu’on en finisse avec le statu quo», poursuit-il encore. François de Rugy promeut ainsi la hausse des taxes pour des raisons écologiques et ce, malgré le fait que seulement 19% des recettes liées à ces taxes aillent dans la transition écologique. «Il faut absolument sortir de ce piège du tout voiture, tout pétrole, tout diesel dans lequel nous nous sommes enfermés si longtemps», étaye-t-il en affirmant que certaines précipitations exceptionnelles dans l'Aude en octobre dernier ont été causées par le réchauffement climatique. L'utilisation de voitures thermiques par les Français serait donc, selon le ministre, en partie responsable de ce réchauffement climatique.
Si les citoyens se sont largement mobilisés le 17 novembre – près de 280 000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur – pour dénoncer globalement la baisse de leur pouvoir d'achat, François de Rugy juge qu'il s'agit «avant tout l’expression de l’inquiétude profonde des habitants d’une France périurbaine prisonnière du tout voiture». Il considère en outre que ce sont des Français qui «traversent une crise identitaire» : «Face à la mondialisation, ils ont peur de voir disparaître leur métier, ils redoutent le déclassement pour eux-mêmes, leurs enfants et leurs petits-enfants.»
Face aux slogans lancés par de nombreux «gilets jaunes» que ce soit en province ou à Paris, notamment «Macron démission !», François de Rugy entend plutôt «l’expression d’une impatience».
«Ce n’est certainement pas en capitulant devant les difficultés qu’on parviendra à y répondre», ajoute-t-il, en considérant que «le conservatisme, l’inertie, ce n'est pas pour ce gouvernement».
Des propos après lesquels les «gilets jaunes» ont toutes les chances de voir rouge...