Congrès de Versailles : Wauquiez indigné par les propos de Macron sur la «déportation» des migrants
Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a tiqué sur le terme «déportation», évoqué par Emmanuel Macron au Congrès de Versailles ce 9 juillet, pour qualifier les renvois de migrants dans leur pays d'origine.
Laurent Wauquiez n’a que peu goûté les propos d'Emmanuel Macron concernant les transferts de migrants depuis la France, qu’il a apparenté à de la déportation lors de son discours au Congrès de Versailles le 9 juillet. «Quand le président de la République a expliqué que ramener les étrangers chez eux c'était de la déportation, moi j'ai été en colère quand j'ai entendu cela», s’est insurgé ce 10 juillet le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes sur BFMTV.
Hier, le président de la République a expliqué que ramener les étrangers chez eux c'était de la déportation. Ces propos sont indignes et me choquent. Non, ramener des étrangers entrés illégalement en Europe, ce n'est pas de la déportation. #BourdinDirect
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 10 juillet 2018
Le leader des Républicains (LR) a ajouté qu’Emmanuel Macron aurait dû «comprendre que ses propos étaient indignes». En France, «quand on utilise les propos de déportation et de camp, cela renvoie à la Shoah, cela renvoie à ce qui a abouti à la mort de millions de juifs. Ce ne sont pas des mots qu'on emploie à la légère», a-t-il poursuivi.
Quand on utilise les propos de déportation et de camp, cela renvoie à la Shoah
Le député LR Eric Ciotti a fait part de la même indignation. «Quand un Président de la République ose parler de "déportation dans des camps" pour qualifier l’éloignement des étrangers en situation irrégulière en Europe, il commet une faute», a-t-il estimé sur Twitter.
Quand un Président de la République ose parler de « déportation dans des camps » pour qualifier l’éloignement des étrangers en situation irrégulière en Europe il commet une faute. Ces propos sont choquants et instrumentalisent la mémoire. #congresversailles
— Eric Ciotti (@ECiotti) 9 juillet 2018
Au cours du Congrès de Versailles, Emmanuel Macron avait défendu sa politique face à 800 parlementaires. Il a déclaré au sujet de sa politique migratoire : «Jamais la France n'acceptera les solutions de facilité [...] qui consisteraient à organiser des déportations à travers l'Europe, pour aller mettre dans je ne sais quel camp, à ses frontières ou ailleurs, des étrangers dont on ne voudrait pas.»
Immigration : "Jamais la France n'acceptera les solutions de facilité (...) qui consisteraient à organiser des déportations à travers l'Europe, pour aller mettre dans je ne sais quel camp, à ses frontières ou ailleurs, des étrangers dont on ne voudrait pas."#CongrèsVersaillespic.twitter.com/UujO623vvF
— LCP (@LCP) 9 juillet 2018
«Toute politique nationaliste de court terme ne réglera en rien la situation migratoire», avait encore estimé Emmanuel Macron. Une critique destinée aux gouvernements menant une politique hostile à l'accueil des migrants, à l'image de la Hongrie ou de l’Italie. Des propos qui contrastent avec les mesures de la loi Asile et immigration, controversée jusque dans les rangs de LREM et également dénoncée par le Défenseur des droits, Jacques Toubon. Un rapport dévoilé le 3 juillet par les associations autorisées à intervenir en centres de rétention administrative dénonce en outre le fait que la France est le pays ayant eu le plus recours à l’enfermement des migrants en Europe.
L'accord européen sur les migrations, finalisé le 27 juin après des semaines de tension et de longues négociations, prévoit la création de centres fermés sur le territoire de l’Union européenne. Ces centres, a estimé ce même jour Laurent Wauquiez, «doivent être en Libye» en non sur le territoire européen.