La rétention des migrants mineurs en France a atteint des records en 2017

- Avec AFP

La rétention des migrants mineurs en France a atteint des records en 2017© Bertrand Langlois Source: AFP
Un terrain de jeu dans le centre de rétention du Canet près de Marseille en novembre 2017.
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304 migrants mineurs ont été détenus en centre de rétention en France métropolitaine en 2017, un chiffre en hausse de 70% par rapport à 2016. Les associations dénoncent les pratiques de la France, pays qui a le plus recours à l'enfermement dans l'UE.

Au total, plus de 46 800 personnes ont été placées en rétention en 2017, contre 45 900 en 2016, soulignent dans leur rapport annuel le 3 juillet les associations autorisées à intervenir en centres de rétention administrative, ou CRA (Assfam-Groupe SOS, ForumRéfugiés-Cosi, France Terre d'Asile, Cimade, Ordre de Malte, Solidarité Mayotte).

Cet enfermement pourrait être facilement évité

Point noir de ce rapport, la rétention des mineurs. Elle a augmenté de 70% l'an dernier en métropole française, pour atteindre le niveau record de 304 enfants enfermés, avec 147 familles. Lors de leur 8e conférence de presse sur les lieux de rétention, les associations ont dénoncé le recours à cet enfermement des clandestins en vue de leur éloignement.

«La rétention des enfants accompagnants dans certains CRA atteint encore cette année un chiffre record, alors que cet enfermement pourrait être facilement évité», assurent-elles.

En 2016, 179 enfants avaient été enfermés en métropole avec 88 familles. A Mayotte, en proie à une forte immigration clandestine en provenance des Comores, 2 493 mineurs ont été placés en rétention en 2017.

Des lieux traumatisants pour les enfants

Or, les CRA sont «des lieux inadaptés et très traumatisants pour les enfants», estiment les associations, en évoquant «les nombreuses décisions condamnant cette pratique» rendues par la Cour européenne des droits de l'Homme. En juin, le Contrôleur des prisons avait recommandé de l'interdire.

La rétention des mineurs a créé des tensions au sein de la majorité lors de l'examen du controversé projet de loi asile-immigration, qui doit être adopté cet été : en juin, le Sénat a limité à cinq jours la rétention d'un étranger s'il est accompagné d'un enfant, et à l'Assemblée un groupe de travail La République en marche (LREM) doit plancher sur le sujet en vue d'une proposition de loi.

Les mineurs placés en rétention le sont en famille, la France ne séparant pas parents et enfants, à l'inverse des Etats-Unis où 2 300 mineurs ont été arrachés à leurs parents à la frontière mexicaine, suscitant un tollé qui a contraint l'administration Trump à faire machine arrière.

Leur rétention est courte : 70% des familles ont été enfermées pour organiser leur transfert, «souvent la veille pour un départ le lendemain».

Les enfants concernés sont jeunes. En 2017, 52% avaient moins de six ans, un quart entre 6 et 12 ans, ajoute le rapport. Selon le document, 28% des familles concernées provenaient d'Albanie, premier pays de demande d'asile, 22% du Kosovo, ainsi que 22% d'Afrique du Nord ou subsaharienne.

Rétentions en masse après l'attentat de Marseille 

Pour les associations, la rétention «banalisée et détournée» est «trop souvent inutile et déshumanisante» et «un changement de cap» devient «plus que jamais nécessaire».

En métropole, le rapport s'inquiète d'une «explosion tous azimuts» des placements après l'attentat de Marseille d'octobre 2017, où deux femmes avaient été tuées par un Tunisien en situation irrégulière. Cette «réponse criminalisante», qui s'est faite «au mépris des droits», n'a «pas abouti à une augmentation du nombre de personnes éloignées» au dernier trimestre, ajoute le document.

Au total, 10 114 personnes ont été expulsées à partir des CRA de métropole l'an dernier, soit un taux d'éloignement de 40,4% (contre 44% en 2016). C'est moins que le nombre de personnes libérées par les juges (10 182), souvent dans les premiers jours de l'enfermement.

Alors que le gouvernement veut doubler à 90 jours la durée maximale de la rétention pour accroître sa capacité à expulser, les associations notent que l'an dernier, «80% des éloignements ont eu lieu entre le premier et le 25e jour». En moyenne, la durée de rétention s'élève à 12,8 jours. Selon les associations, l'allongement de la durée maximale de rétention ne permettra qu'une hausse «marginale» des reconduites.

La France est de loin le pays qui a le plus recours à l'enfermement

Rappelant que le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb compte construire 400 places de CRA supplémentaires, portant leur total à «environ 2 500», le rapport souligne enfin que «la France est de loin le pays qui a le plus recours à l'enfermement» dans l'UE.

Lire aussi : Semelles coupées, brimades... : Oxfam dénonce l'attitude des policiers français avec les migrants

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