«Opérations extérieures enfants pour la France» : un projet sur le long terme envisagé par Daesh ?
Entendu plusieurs fois entre septembre 2017 et février 2018, le djihadiste français Jonathan Geffroy a livré aux autorités françaises un scénario catastrophe dans lequel Daesh prévoit de former des enfants soldats pour de futures attaques en Europe.
Ce 26 juin, Le Monde a publié sur son site plusieurs extraits du récit qu'a confié le djihadiste toulousain Jonathan Geffroy aux autorités françaises. Après avoir été capturé par l'Armée syrienne libre (ASL) en Syrie, Jonathan Geffroy a été remis en septembre à la France par la Turquie. Il se présente aujourd'hui comme un «repenti».
Après avoir fréquenté Jean-Michel et Fabien Clain, deux des plus hauts responsables français de Daesh, le Toulousain a expliqué le projet de l'organisation terroriste, qui consisterait à recruter des enfants ayant grandi en Syrie pour perpétrer des attaques en Europe : «Je sais que les futures opérations extérieures seront commises par des enfants qui auront grandi sur zone et qui, passée l’adolescence, seront envoyés en Occident, en Europe et en France, pour y mener des opérations suicides.»
Alors qu'il est difficile de savoir où en est ce projet qui aurait été conçu avant la capture de Jonathan Geffroy, celui-ci affirme qu'il s'agit là d'un projet au «long cours» : «Ils veulent qu’ils grandissent pour pas qu’il y ait de reconnaissance faciale.»
Si Le Monde rapporte les propos d'un cadre du renseignement pour qui le projet des «"adolescents kamikazes" n’a pour l'heure pas pu être recoupé par des témoignages concordants», le djihadiste toulousain semble catégorique : «Quand je suis parti, [le projet] en était au stade opératoire [...] Ça a été validé, donc je pense que ça va se faire. Quand ils disent une chose, ils le font.»
Jonathan Geffroy a par ailleurs expliqué que Jean-Michel Clain aurait confié la gestion de ce projet à Othman, l’un de ses fils, aujourd’hui âgé de 16 ans : «Je sais qu’ils ont placé Othman à la tête des "opérations extérieures enfants" pour la France. Il choisit les combattants. [...] il y a les orphelins avec des écoles pour eux, après il y a les femmes qui restent là-bas et dont les enfants grandissent avec cette idéologie, et la haine de la coalition et de l’Europe.»
La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) soupçonne une trentaine de mineurs français d’avoir participé de façon concrète aux activités de Daesh. Trois ont été identifiés dans des vidéos d’exécution dont une première diffusée le 10 mars 2015 et une autre datant du le 14 mai 2016.
Des opérations dans des campagnes françaises ?
Affichant le désenchantement d'un combattant déçu par sa hiérarchie, Jonathan Geffroy a par ailleurs confié aux autorités françaises un deuxième plan qu'auraient proposé les frères Clain au sein de l'organisation terroriste : «Le deuxième projet, dont [les frères Clain] attendaient les nouvelles quand je suis parti [correspond à] des opérations dans des campagnes isolées où il n’y a pas de caméra. Ce n’est pas de grosses attaques, mais c’est pour mettre la terreur dans la campagne française…»
#Macron, un an au pouvoir face au #terrorisme : le «risque zéro» n'existe toujours pas
— RT France (@RTenfrancais) 14 mai 2018
➡️ https://t.co/fijzJffjz1pic.twitter.com/QIWIXEDagI
S'il encourt jusqu’à 30 ans de réclusion, Jonathan Geffroy semble imaginer une peine plus courte et se montre très optimiste pour l'avenir : «On voulait aller en Turquie, le temps qu’on puisse négocier avec la France ou le Maroc pour montrer notre bonne foi. Elle [son épouse] devait rentrer au Maroc, moi que je fasse trois ans de prison en France. On devait se retrouver après pour ouvrir une boutique de lingerie…»