Macron, un an au pouvoir face au terrorisme : le «risque zéro» n'existe toujours pas

Macron, un an au pouvoir face au terrorisme : le «risque zéro» n'existe toujours pas
Un impact de balle, rue Monsigny à Paris, photo ©Eric FEFERBERG / AFP
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L'attaque au couteau du 12 mai, ainsi que la prise d'otages de Trèbes ou la mort du gendarme Beltrame mettent en défaut la loi antiterroriste portée par Gérard Collomb. Un an après l'élection d'Emmanuel Macron, le constat d'impuissance est le même.

La polémique est, après chaque attentat, souvent la même. L'attaque au couteau du 12 mai dans le quartier de l'Opéra, rue Monsigny à Paris, a ramené une nouvelle fois au premier plan la question épineuse de la sécurité du quotidien des Français.

Surveillance des individus faisant l'objet d'une fiche S, effectifs de police, politique du gouvernement... opposition et exécutif continuent d'opposer les mêmes arguments, au risque, au mieux, de lasser l'opinion, au pire, de l'excéder. D'autant que cet énième attentat intervient pratiquement un an jour pour jour après la passation de pouvoir sur le perron de l'Elysée entre François Hollande et Emmanuel Macron, le 14 mai 2017. 364 jours et 363 nuits pour être précis. 

Moi, je ne vais pas inventer un programme de lutte contre le terrorisme dans la nuit

Au terme de la campagne présidentielle, le 21 avril 2017, au lendemain de l'attentat des Champs-Elysées, Emmanuel Macron avait haussé le ton face aux questions pressantes d'une journaliste de RTL, Elizabeth Martichoux, qui lui demandait de préciser ses propositions en matière de risque terroriste terrorisme. «On ne fait pas de démagogie [...] moi, je ne vais pas inventer un programme de lutte contre le terrorisme dans la nuit», avait-il lâché. Et le candidat En Marche ! de marteler, tout en assurant que la protection des Français était «la première mission d'un président de la République» : «Nous vivons et nous vivrons durablement avec la menace terroriste.»

Le risque zéro n'existe pas

«Le risque zéro n'existe pas», avait-il encore jugé, préconisant de s'appuyer sur les services de renseignement et de créer une «task force anti-Daesh» dans les premières semaines de son mandat. «D'évidence, demain, celui ou celle qui sera élu président de la République aura à faire face durablement à cette menace terroriste», avait-il prophétisé. Et, un an après, les faits lui ont donné raison.

Au lendemain de l'attaque de la rue Monsigny, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux reprenait ce 13 mai 2018 presque mot pour mot le constat dressé par le candidat Macron un an plus tôt. «Malheureusement, le risque zéro n'existe pas», a-t-il ainsi répété lors de l'émission du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, mettant en avant le vote de la loi sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme en novembre 2017. «[Cette loi] a donné des moyens supplémentaires [de lutte contre le terrorisme] Trois lieux de cultes ont été fermés pour radicalisation», a-t-il argumenté. Benjamin Griveaux répondait ainsi aux critiques émises à droite.

Il n'y a pas moyen d'empêcher ce type d'événements

Dans un communiqué, le patron des Républicains (LR) Laurent Wauquiez exhortait pour sa part le gouvernement à mettre «enfin en place l'ensemble des mesures qui s'imposent». «Il n'y a plus de place pour cet aveuglement et cette inaction qui n'ont que trop duré», avait-il martelé. «Il n'y a pas moyen d'empêcher ce type d'événements», a dû se contenter de répondre Benjamin Griveaux.

Lire aussi : Selon un sondage, 87% des Français soutiennent la rétention administrative des fichés S

«S'habituer au terrorisme» ?

Pour autant, l'attaque au couteau du 12 mai rappelle que les forces de l'ordre paraissent toujours aussi impuissantes face à ce que l'on appelle un passage à l'acte isolé, un individu décidant de mener une attaque seul. Pas plus que l'état d'urgence, auquel elle a mis un terme tout en prorogeant plusieurs de ses dispositions exceptionnelles, la loi antiterroriste portée par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb ne semble pas être en mesure de prévenir ces attentats «low cost».

Une période de répit avait pourtant fait suite à l'élection d'Emmanuel Macron, toutefois marquée par une tentative de meurtre sur des militaires au moyen d'une voiture à Levallois-Perret dès le 9 août 2017. En septembre 2017, Gérard Collomb saluait ainsi le travail des policiers et du renseignement : selon lui, au moins 12 attaques avaient été déjouées rien que depuis janvier 2017. Un laboratoire clandestin d'explosifs avait par exemple été démantelé à Villejuif. Parmi les projets d'attentats révélés par le ministre de l'Intérieur figuraient également l'attaque de boîtes de nuit destinées à une clientèle homosexuelle, ainsi que l'assassinat de fonctionnaires de police. 

Mais le 1er octobre 2017, les attaques terroristes, meurtrières, reprennent, quand Ahmed Hanachi tue deux femmes sur le parvis de la gare de Marseille. Le 23 mars 2018, Radouane Lakdim prend en otages les clients d'un supermarché Super U à Trèbes (Aude). Il tue deux personnes, un employé et un client, et blesse mortellement le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame. Le même jour, il avait volé une voiture à Carcassonne (Aude), tué son passager et grièvement blessé par balle son conducteur. Il a en outre tiré sur quatre CRS et blessé l'un d'eux.

Avec la loi antiterroriste, l'exécutif affirme tenir l'engagement du candidat Macron et assurer la sécurité de la population. Mais, en même temps, Benjamin Griveaux renvoie les Français à la fatalité du terrorisme. En 2018, le discours de l'exécutif fait d'ailleurs curieusement écho à celui de Manuel Valls, Premier ministre trois ans plus tôt. «Il faut dire la vérité aux Français [...] Il faut s'habituer à vivre avec cette menace qui est le fruit d'organisations internationales particulièrement barbares [...] mais aussi d'individus radicalisés sur notre sol», avertissait-il ainsi en février 2015 sur RTL.

Le terrorisme a marqué le quinquennat de François Hollande, et son incapacité à y répondre efficacement a sans doute pesé lourd dans son échec à se présenter de nouveau face aux électeurs. Ce même terrorisme pourrait bien, avec la question sociale, peser aussi lourd pour Emmanuel Macron.

Alexandre Keller

Lire aussi : Compassion et critiques de l'exécutif : le monde politique réagit à l'attaque terroriste de Paris

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