L'«immense majorité» des SDF dormiraient à la rue «par choix» : un député LREM enfonce le clou
Après la sortie polémique d'un secrétaire d'Etat sur le nombre de sans-abri sans hébergement de nuit en Ile-de-France, qu'il évaluait à 50, l'élu parisien Sylvain Maillard a estimé que les SDF restaient dormir dans la rue «par choix».
La polémique a fini par rebondir après la déclaration controversée de Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, qui avait estimé à 50 le nombre de SDF dormant dans la rue cet hiver en Ile-de-France. Le député La République en marche (LREM) Sylvain Maillard, élu de Paris, a estimé sur RFI le 5 février que «même dans les cas de grand froid, certains SDF ne souhait[aient] pas être mis à l'abri».
"L'immense majorité" des SDF dorment dans la rue "par choix", a osé le député LREM @SylvainMaillard sur @RFI. Son attaché parlementaire @AlexFontana78 contestant notre professionnalisme, voici les 2'50 minutes de la séquence en entier. A réécouter pour vous faire votre avis : pic.twitter.com/vsPO9pF3Jj
— Marianne (@MarianneleMag) 5 février 2018
Le chiffre est exact
Sylvain Maillard en a profité pour voler à la rescousse de Julien Denormandie en affirmant que «le chiffre [était] exact». «50 SDF ne se voient pas proposer une solution pour être à l'abri chaque soir à Paris et en Ile-de-France», a-t-il précisé, ajoutant que c'était selon lui «la moyenne». «On peut parfois devant un micro ne pas être suffisamment précis, mais le chiffre est exact», plaide-t-il.
Et le député de justifier son arithmétique : «50 dossiers sur lesquels nous n'arrivons pas à donner de solutions positives, favorables à une mise à l'abri.» Le député a estimé que l’erreur ne venait pas du tout de Julien Denormandie mais de ceux qui ont mal saisi une information fiable. «Il y a eu une incompréhension dans ses propos», a jugé Sylvain Maillard.
C'est leur choix
L'animateur de RFI a alors rétorqué qu’il y avait bien plus de démunis que cela dans les rues. Mais Sylvain Maillard a disculpé d’emblée le gouvernement. Il a fait valoir que pour «l'immense majorité» des sans-abri qui restent dans la rue, c'était «leur choix». «C'est très important de proposer une solution à tous ceux qui veulent être mis à l'abri, mais il y a plein de raisons pour lesquelles un SDF refuse d'être mis à l'abri», a affirmé le député. Sylvain Maillard a égrené les raisons : parce qu’ils seraient en couple, parce qu'ils sont dans des situations psychiques compliquées, qu’ils ont un animal… «Rien ne les oblige à être mis à l'abri», a-t-il en outre fait valoir.
«Sylvain Maillard ne vit pas sur Terre mais sur Jupiter» : indignation sur Twitter
Ces propos ont déclenché un tollé chez les politiques à droite comme à gauche. Le député Adrien Quatennens, de la France insoumise, estime : «Comme Macron, Sylvain Maillard ne vit pas sur Terre mais sur Jupiter.»
« Pour l’immense majorité de SDF qui dorment dans la rue, c’est leur choix». Rappelons que, comme #Macron, @SylvainMaillard ne vit pas sur Terre mais sur #Jupiter ! https://t.co/CyAlG55YSo
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 5 février 2018
Ian Brossat, ajoint PCF à la maire de Paris, a pour sa part demandé à Sylvain Maillard s’il n’avait pas honte.
"L'immense majorité des SDF sont dans la rue par choix." Franchement, @SylvainMaillard, vous n'avez pas honte de dire des choses pareilles ? Via @RFIpic.twitter.com/qxVDiLcLYg
— Ian Brossat (@IanBrossat) 5 février 2018
A droite également, les propos ont fait réagir. Nicolas Dupont-Aignan, fondateur du parti Debout la France, a déploré «une réflexion honteuse» et fustigé «un député hors sol coupé des réalités».
Encore un exemple d’un Député hors-sol coupé des réalités. Une réflexion honteuse alors que la pauvreté progresse en France ! https://t.co/4l5EageOx1
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 5 février 2018
Julien Denormandie avait affirmé le 30 janvier sur France Inter qu'une petite cinquantaine seulement d'hommes isolés restaient à la rue la nuit en Ile-de-France. Ce chiffre avait été jugé bien peu réaliste par la presse, y compris par l'AFP, et par des associations comme la Fondation Abbé-Pierre ou Médecins du Monde, qui avaient vertement dénoncé ces propos sur les réseaux sociaux.