Des étudiants réclament l'annulation de la soirée Charb à la fac, Charlie Hebdo monte au créneau
Suite à la demande d'un syndicat étudiant d'annuler une soirée à l'université Paris-7 Diderot où doit être lu un texte de Charb, l'hebdomadaire satirique s'indigne, dénonçant une «censure». Malgré quelques manifestants, la lecture a pu avoir lieu.
Après que le syndicat étudiant Solidaires a demandé l'annulation de la lecture posthume d'un texte de Charb, Charlie Hebdo a pris la défense de l'événement dans son édition du 31 janvier.
Dans le texte du journaliste tué pendant l'assaut contre son journal le 5 janvier 2015, intitulé Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes, Charb répondait à ceux qui accusaient son journal de provocations répétées à l'encontre des musulmans.
La lecture de ce texte a déjà été annulée par deux fois à Lille en 2017. Cette fois, c'est dans l'université de Paris 7-Diderot que l'annulation est réclamée par le syndicat Solidaires et un groupe d'étudiants qui signent un texte paru sur le site paris-luttes.info. La lecture a finalement pu se dérouler le soir du 31 janvier aux alentours de 18h, malgré l'organisation d'une manifestation d'opposants à l'événement devant l'université.
«Ouvrons la fac aux migrants, pas aux charlatans»
Comme l'a constaté le reporter de RT France sur place, une vingtaine de personnes était rassemblée en début de soirée.
Une vingtaine de personnes devant Paris Diderot pour demander l'interdiction de la pièce de Charb pic.twitter.com/jmxobQZYZo
— Jonathan Moadab (@Jonathan_RTfr) 31 janvier 2018
Les opposants à la soirée en hommage à Charb portaient des pancartes qui proclamaient «Ouvrons la fac aux migrants, pas aux charlatans» ou encore «Islamophobie, ça suffit !» et ont scandé divers slogans, tels que «Je ne suis pas Charlie».
Les manifestants scandent des slogans tels que "Je ne suis pas Charlie" #Charb#Diderotpic.twitter.com/bZssyw2PSX
— Jonathan Moadab (@Jonathan_RTfr) 31 janvier 2018
Au micro de RT France, l'élu d'Ivry-sur-Seine Mourad Tagzout a pour sa part déploré une «confusion», selon lui, chez les manifestants. «Cela me fait mal au cœur de voir ces jeunes manifester contre Charb», a-t-il ajouté.
"Ça me fait mal au cœur de voir ces jeunes manifester contre #Charb" affirme Mourad Tagzout, élu d'Ivry-sur-Seine pic.twitter.com/h1eLmrgVFj
— Jonathan Moadab (@Jonathan_RTfr) 31 janvier 2018
En 2018, ce sont les étudiants qui censurent, interdisent, bâillonnent
«La pièce [...] est une nouvelle fois la cible des censeurs», dénonce le directeur de la publication de Charlie Hebdo, Riss, dans un édito. Il précise : «En 2018, ce sont les étudiants qui censurent, interdisent, bâillonnent, comme le faisait la police de De Gaulle en mai 1968, avec pour objectif de réprimer et de faire évacuer de la Sorbonne les agitateurs comme Charb.»
Charb admirait et connaissait cette culture "musulmane" dont vous ignorez tout, mais qui vous émoustille comme la danse du ventre émoustillait le colon.
Le rédacteur en chef du journal satirique Gérard Biard y va lui aussi de son éditorial titré : «Censure à la Sorbonne». Il y fustige les «sous-commissaires politiques du syndicat Solidaires» et dresse une liste : «Voici ce qu'était Charb et que vous ne serez jamais : Charb était de gauche [...], Charb admirait et connaissait cette culture "musulmane" dont vous ignorez tout, mais qui vous émoustille comme la danse du ventre émoustillait le colon. [...] Charb avait lu Orwell et avait compris ce qu'il avait lu. [...] Charb était drôle.»
Aux escrocs de @SolidairesEtu, le rédac chef de Charlie hebdo répond. pic.twitter.com/mEayotQmdJ
— JOD (@jo_delb) 31 janvier 2018
Le syndicat étudiant, pour sa part, concentrait consciencieusement son attaque sur le débat qui doit suivre la représentation. Le porte-parole de Solidaires a ainsi déclaré : «Ce qui nous dérange le plus c'est qu'on appelle à un débat sur la laïcité, dont les conclusions semblent déjà tirées dans la description faite de l'événement.» Dans sa lettre à la présidence de l'université, le syndicat a également fait valoir : «Il semble apparent que le débat sera centré sur la question de l'islam et consistera à remettre en cause la lutte contre les violences racistes islamophobes et la parole de leurs victimes.»