Les femmes seraient petites car privées de viande ? Une théorie peu crédible pour les scientifiques

Les femmes seraient petites car privées de viande ? Une théorie peu crédible pour les scientifiques© Désirée Martin Source: AFP
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Le fait que les femmes soient en général plus petites que les hommes est-il dû à une privation de viande organisée par ces derniers ? Si cette hypothèse a été largement relayée par les médias, elle est mise en cause par les scientifiques spécialisés.

Ce serait un «scoop anthropologique pour le moins décoiffant», selon la journaliste Aude Lancelin qui y a consacré un article dans l'hebdomadaire Le 1 : une chercheuse du CNRS, Priscille Touraille, a conclu que les privations de viande orchestrées par la gent masculine dès le paléolithique expliqueraient la différence de taille entre hommes et femmes.

La presse française s’est ruée sur cette information disruptive, calibrée pour faire du clic, aux forts accents féministes : France InterRFI ou encore L’Obs ont ainsi fait écho à cette théorie.  

A l'origine de cette vague médiatique, semble-t-il : l'interview devenue virale accordée par Françoise Héritier au journal Le Monde et publiée le 5 novembre, quelques jours avant sa mort, sur le sujet de la privation de viande que les femmes auraient subie. C'est sous la direction de la célèbre éthnologue et anthropologue française, décédée le 15 novembre, que Priscille Touraille a rédigé sa thèse Dimorphismes sexuels de taille corporelle : des adaptations meurtrières ? : les modèles de la biologie évolutive et les silences de l'écologie comportementale humaine. Françoise Héritier avait elle-même publié en 2008 un livre dédié à cette thèmatique Hommes grands, femmes petites : une évolution coûteuse. Les régimes de genre comme force sélective de l'adaptation biologique.

Dans une vidéo diffusée par France Info, une journaliste met en avant ce sujet, interviewant Priscille Touraille. Socio-anthropologue de la catégorisation de genre, celle-ci détaille sa théorie : «Lorsqu’elles subissent des restrictions alimentaires et surtout en protéines, sur le long terme, les femmes grandes ont un taux de mortalité plus important que les femmes de plus petite taille ; donc les femmes de petite taille survivent mieux. Voilà pourquoi c’est le génome des femmes de petite taille s’est répandu.»

Une thèse remise en cause par des biologistes

Pourtant Priscille Touraille, auréolée du prestige du CNRS, n’a pas mené de recherche en biologie évolutive.

Lorsque les mâles se battent pour accéder aux femelles, cela favorise des mâles de plus grande taille

Sa théorie est d'ailleurs battue en brèche par une cohorte de scientifiques, que la journaliste Peggy Sastre a interviewés pour le site SlateMichel Raymond, directeur de recherche au CNRS et responsable de l'équipe Biologie Evolutive Humaine, a ainsi qualifié la théorie de «fumeuse». Il estime que les hommes les plus grands sont ceux qui ont survécu en se battant pour les femelles et en réfère aux primates : «Lorsque les mâles se battent pour accéder aux femelles, cela favorise des mâles de plus grande taille, et cela conduit à des mâles généralement plus grands que les femelles. Cela peut être renforcé par le choix des femelles, qui préfèrent alors des mâles plus grands.»

Elle va à l’encontre des connaissances solides que l’on a sur la sélection sexuelle

Peggy Sastre a également interviewé Robert Trivers, l'un des plus grands théoriciens évolutionnaires mondiaux. Lui aussi étrille la théorie de Priscille Touraille, qu’il juge «gratuite». «Non seulement elle va à l’encontre des connaissances solides que l’on a sur la sélection sexuelle, mais en plus elle est proposée sans filet, sans apporter un éclairage supplémentaire et sans données pour la soutenir. De plus, cette hypothèse n’a jamais été publiée dans un journal scientifique, ce qui est un minimum pour qu’elle puisse être évaluée.»

Heather Heying, professeur de biologie évolutive, enfonce le clou avec une thèse contradictoire, selon des propos rapportés par Slate : «Si le dimorphisme sexuel humain était entièrement une construction culturelle, c’est-à-dire impliquée par l’alimentation, nous verrions des sociétés où les femmes seraient plus grandes et les hommes plus petits, en moyenne. Ce genre de population n'existe pas.»

De même, David Schmitt, psychologue évolutionnaire à l'université Brunel, réfute l'hypothèse : «L'idée générale voulant que s'ils étaient nourris de la même manière, notamment sur le plan des protéines, les hommes et les femmes seraient exactement les mêmes sur le plan de la taille, du poids, de la stature et de la force et en particulier, en ce qui concerne la zone relativement dismorphique du haut du corps, est franchement vraiment bizarre.»

Si ces avis de la communauté scientifique spécialisée dans le champ de l'évolution convergent, cela ne suffit néanmoins pas à invalider totalement la théorie de l’anthropologue.

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