Adversaire du «racisme d'Etat», Rokhaya Diallo défend sa nomination au Conseil national du numérique
La militante antiraciste et journaliste rejoint les membres du très officiel Conseil national du numérique. Une nomination contradictoire avec ses prises de position, selon certains internautes auxquels Rokhaya Diallo a répondu.
Parmi la liste des membres du Conseil national du numérique nommés par un arrêté du Premier ministre Edouard Philippe publié le 12 décembre, l'un des noms a provoqué un certain nombre de réactions sur Twitter : celui de Rokhaya Diallo. L'essayiste, journaliste et militante antiraciste figure en effet parmi la trentaine de membres de cet organisme consultatif officiel, «au titre des personnalités impliquées dans le développement du numérique aux niveaux local, national ou européen, ou concernées par ses effets».
Or, sur Twitter, certains utilisateurs du réseau social ont pointé du doigt ce qu'ils considèrent être une incohérence entre cette nomination et certaines prises de position politiques de la militante. Cette dernière dénonce notamment le «racisme d'Etat». Dans un tweet du 1er décembre, elle écrivait par exemple : «"Dire qu’il existe un racisme d’Etat" ne signifie pas son inscription dans la loi mais "que le racisme fonctionne en utilisant les ressorts, les ressources, les modes d’organisation de l’Etat, et produit de fait des catégories différenciées de citoyens"».
“Dire qu’il existe un racisme d’Etat” ne signifie pas son inscription dans la loi mais “que le racisme fonctionne en utilisant les ressorts, les ressources, les modes d’organisation de l’Etat, et produit de fait des catégories différenciées de citoyens.” https://t.co/DPjodQdBf2
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) 1 décembre 2017
«Si vraiment ce racisme d'Etat existe, elle collabore avec», souligne par conséquent un internaute.
Rappel des faits : Rokhaya Diallo dénonce un racisme d'Etat, mais vient d'être nommée *par l'Etat* au conseil national du numérique. Ce qu'elle n'a pas refusé. Donc si vraiment ce racisme d'Etat existe, elle collabore avec. https://t.co/hCY94O0XdW
— Nicolas Moreau (@lordmahammer) 12 décembre 2017
Un avis relayé par certains utilisateurs de Twitter.
Notre "chère" Rokhaya Diallo, qui hurle non-stop au racisme d'Etat et défend les camps interdits aux blancs, vient d'être nommée par le Premier ministre au Conseil national du numérique. Fin de la blague. https://t.co/Im1HEp0997
— Tibabor (@Tibabor) 12 décembre 2017
La pauvre Rokhaya Diallo encore victime de cet ignoble racisme d'état.https://t.co/NbkhtKVaYc
— Jac bret (@jamatoco) 12 décembre 2017
C'est une blague ??? J'espère au moins, qu'elle fera ça bénévolement, car recevoir de l'argent des "méchants blancs" qu'elle hait, ne serait pas très logique ! #rokhayadiallo 👎😡 https://t.co/F5Kt8YWapy
— SCHWARZER Brunhilde (@BruneSMH) 12 décembre 2017
Je n’ai pas le droit de collaborer avec les instituons de mon propre pays parce que j’ose dire publiquement qu’elles sont imparfaites ? Quelle étrange conception de la démocratie
Face à ces détracteurs sur les réseaux sociaux, Rokhaya Diallo s'est exprimée sur sa nomination. Sur Twitter, elle interroge ceux qui pointent du doigt l'incompatibilité supposée entre son discours antiraciste et sa nomination : «La Noire que je suis devrait faire des courbettes de gratitude ?» Et d'ajouter : «[Barack] Obama a été élu président d’un pays dont l’Etat produit aussi du racisme.»
Rappel aux gens qui me reprochent de dénoncer un racisme d’état selon elles/eux incompatible avec mon «statut» et ma liberté d’expression (la Noire que je suis devrait faire des courbettes de gratitude?): Obama a été élu président d’un pays dont l’état produit aussi du racisme.
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) 12 décembre 2017
Dans un autre tweet, la militante antiraciste s'interroge : «Je n’ai pas le droit de collaborer avec les instituons de mon propre pays parce que j’ose dire publiquement qu’elles sont imparfaites ? Quelle étrange conception de la démocratie.»
Donc je n’ai pas le droit de collaborer avec les instituons de mon propre pays parce que j’ose dire publiquement qu’elles sont imparfaites? Quelle étrange conception de la démocratie. https://t.co/svRGMN1uiY
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) 12 décembre 2017
Outre l'emploi du concept de «racisme d'Etat», Rokhaya Diallo a déjà développé des opinions sujets à controverse, défendant par exemple l'organisation d'événements «non-mixtes» (c'est-à-dire réservés aux personnes non-blanches).
Le Conseil national du numérique, quant à lui, est officiellement «chargé d'étudier les questions relatives au numérique, en particulier les enjeux et les perspectives de la transition numérique de la société, de l'économie, des organisations, de l'action publique et des territoires». Il est placé auprès du Secrétaire d'Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi.