Le camp d'été «décolonial» interdit aux Blancs s'apprête à ouvrir pour sa deuxième édition
Alors qu'en 2016, la première édition du camp d'été réservé aux personnes «racisées» (c'est-à-dire non blanches) avait déjà créé la polémique, les organisateurs prévoient une nouvelle édition, le week-end du 12 août.
En 2016, 170 personnes avaient participé au «camp d'été décolonial» réservé exclusivement aux personnes «qui subissent à titre personnel le racisme d'Etat». Logiquement, les Blancs, eux, n'y étaient pas les bienvenus.
Cette année, les organisatrices, les militantes Fania Noël et Sihame Assbague, disent attendre 220 participants pour ce rassemblement de quatre jours dans un lieu tenu secret, du samedi 12 au mercredi 16 août. Une cagnotte a été créée en ligne pour les dépenses qu'implique le projet.
Yooooo twitter,
— Sihame Assbague (@s_assbague) 6 août 2017
On est à 96% de l'objectif pour la cagnotte du camp d'été, 2è édition.
Il débute le 12 août.
▶ https://t.co/Kg6GhWaIhfpic.twitter.com/FVEEeVGYhu
Parmi les médias, seul Médiapart est autorisé à couvrir la rencontre. Mais là aussi, à une condition : les journalistes ne doivent pas être blancs, c'était du moins le cas pour l'édition précédente. Contactée par RT en juin 2016, l'une des organisatrices de la rencontre avait en effet précisé que les journalistes qui souhaitaient couvrir celle-ci devaient «être également impactés par le racisme d'Etat».
«Avec l'organisation du camp, nous n'avons pas voulu faire de la pédagogie à l'intention des Blancs – ce qui peut être utile et que nous pouvons faire à d'autres moments – mais nous concentrer sur les "racisés" comme nous, qui subissent les mêmes oppressions que nous, et qui ont besoin d'échanger sur ces questions-là», expliquait encore en décembre 2016 l'ancienne porte-parole de l'association «Stop le contrôle au faciès», Sihame Assbague, à Vice.
Le projet reste cependant controversé. L'édition précédente avait été vivement critiquée par la ministre de l'Education de l'époque, Najat Valaud-Belkacem, qui avait considéré qu'il donnait «une vision racisée et raciste de la société» et favorisait «le repli sur soi».
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), ne voyait pas non plus d'un bon œil ce camp d'été. La responsable de l'association pour la ville de Reims (où s'était tenue l'édition 2016), Noémie Michelin, avait déclaré que la lutte contre les discriminations racistes ne devait pas être menée de manière «provocatrice». «D'autant que si l'accès [au camp] est vraiment restreint, cela devient en plus illégal», avait-elle précisé.