A la veille de son ouverture, le camp d'été «décolonial» déchaine les passions
L'approche d'un séminaire antiraciste réservé aux personnes non-blanches à Reims, fin août, suscite de vives réactions – la plupart indignées – auprès de nombreux politiques et internautes.
Avant même d'avoir commencé, l'événement – inédit en France – sera déjà parvenu à fait couler beaucoup d'encre : du 25 au 28 août se déroulera un camp d'été «décolonial» avec la particularité suivante : seules les victimes de «racisme structurel» peuvent y participer – ce qui exclut, de fait, les personnes blanches.
Un refus de la diversité ethnique qu'assument pleinement les deux organisatrices de la réunion, Sihame Assbague et Fania Noël : «Quels que soient les groupes sociaux dominés concernés, il nous semble que oui, la non-mixité est une nécessité politique», écrivent-elles sur leur site.
#Racisme ? Un #camp d'été «#decolonial» accusé d’interdire l’accès aux blancs de peauhttps://t.co/DDAzeKjwbopic.twitter.com/JfqW7kzwhy
— RT France (@RTenfrancais) 22 avril 2016
Contacté part RT en juin dernier, l'une des organisatrices de l'événement avait précisé que les journalistes qui souhaitaient couvrir celui-ci devaient «être également impactés par le racisme d'État».
Une initiative «provocatrice» selon la Licra
La directrice du centre de séjour où se tiendra le séminaire, Martine Solczanski, a fait savoir à l'AFP qu'elle ne considérait pas que cette politique anti-mixité soit contraire aux principes de non-discrimination défendus par l'établissement.
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), toutefois, n'est pas de cet avis : la responsable rémoise de l'association, Noémie Michelin, a en effet déclaré que la lutte contre les discriminations racistes ne devait pas être menée de manière «provocatrice». D'autant, souligne-t-elle, «que si l'accès [au camp] est vraiment restreint, cela devient en plus illégal».
Pour autant, la ville de Reims a annoncé que rien ne permettait à ce jour d'interdire l'événement.
Najat Vallaud-Belkacem, Goeffroy Didier et Marion Maréchal-Le Pen d'accord contre le camp
Annoncée depuis plusieurs mois, l'organisation de ce camp d'été interdit aux Blancs avait été critiquée par la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, qui l'avait qualifiée d'«inacceptable», dans la mesure où elle confortait selon elle «une vision racisée et raciste de la société qui n'est pas la nôtre».
A l'approche du lancement de la rencontre, un certain nombre d'hommes politiques – essentiellement de droite et du FN – ont exprimé leur indignation face au racisme dont celle-ci ferait preuve.
Le vice-président Les Républicains de la région Ile-de-France Geoffroy Didier a ainsi dénoncé «l'extrémisme inadmissible» des organisatrices du séminaire.
Un "campd'été décolonial" qui serait interdit aux Blancs? Non à cet extrémisme inadmissible! https://t.co/eXZ4l8fjv7
— Geoffroy Didier (@GeoffroyDidier) 24 août 2016
Eric Anceau, de Debout la France (DLF), a employé le terme d'«apartheid» à propos de la non-mixité prévue par le camp.
Mobilisation de @DLF_Marne contre l'apartheid aux portes de #Reims
— Eric Anceau (@Eric_Anceau) 23 août 2016
Camp décolonial https://t.co/OSV7TcDKbk
Du côté du Front national, la député du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, le maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois et le maire du 7e secteur de Marseille Stéphane Ravier ont accusé de concert le député-maire de Reims (LR), Arnaud Robinet, de tolérer l'organisation dans sa ville d'une rencontre qu'ils jugent raciste.
Camp d'été interdit aux blancs dans un centre financé par #Reims : @ArnaudRobinet soutient le racisme anti-blancs ! https://t.co/daWw2zx8qN
— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) 24 août 2016
Il est stupéfiant que le maire LR de #Reims laisse se tenir ce "camp décolonial" ouvertement anti-Blanc ! https://t.co/W1PTBforvc
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 24 août 2016
"Camp décolonial" : quand l'"antiracisme" se montre tel qu'il est bien souvent, un racisme anti-Blancs décomplexé. https://t.co/LBfnM0SP3Y
— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) 24 août 2016
La journaliste du Figaro.fr Eugénie Bastié, quant à elle, a préféré la voie de l'ironie pour dénoncer l'événement anti-mixité.
Zut, j'ai déjà perdu tout mon bronzage, je ne vais pas pouvoir aller au camp d'été décolonial.
— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) 23 août 2016
«Communautaristes et intégristes, bienvenus !»
Sur Twitter, les réactions sarcastiques ou révoltées se sont multipliées à l'approche du camp «décolonial».
Certains internautes ont décrié ce qui leur semble être un comportement raciste, de la part d'antiracistes déclarés.
Honteux, Un camp d'été «décolonial» interdit aux blancs https://t.co/8ansfxDp6T
— Verlaine (@VerlaineDJENI) 24 août 2016
Un camp d'été interdit aux blancs à Reims. HONTE À LA FRANCE.. Ah non on s'en fout en fait, ça concerne les blancs 🙃 https://t.co/qeFLfs5L2E
— Antoine Lvq (@Antoine_Lvq) 24 août 2016
ce camp d’été est interdit aux Blancs …. communautaristes et intégristes, bienvenus !!!!! pic.twitter.com/yj3HpESTZy
— †CHOISIS TON CAMPن(@Mimithemee) 24 août 2016
D'autres internautes, toutefois, ont salué la tenue de réunions visant à aider les victimes du «racisme d'Etat» à prendre conscience de celui-ci, et à s'en prémunir – ou ont regretté de ne pas pouvoir y assister.
Je souhaite un excellent moment demain d'organisation collective de solidarité et de résistance antiracistes au camp décolonial @s_assbague
— laurence-decock (@laurencedecock1) 24 août 2016
le camp d'été decolonial approche c'est bientôt, j'ai le seum de ne pas pouvoir y aller.. 😭😭😭
— Pia (@piaj98) 23 août 2016
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