Président burkinabè, kwassa kwassa, «7 à 8 enfants»: quand Macron enchaîne les bourdes sur l'Afrique
Parfois jugé «arrogant», le président français semble entretenir une relation tumultueuse avec l'Afrique, à en juger par ses déclarations. Après son passage au Burkina Faso, retour sur les polémiques qui ont entouré des propos d'Emmanuel Macron.
«Mais moi je ne veux pas m'occuper de l'électricité dans les universités au Burkina Faso !»
Alors qu’il se trouvait en voyage officiel au Burkina Faso le 28 novembre 2017, Emmanuel Macron a déclenché l'hilarité des étudiants de l'université de Ougadougou aux dépens du président burkinabè. Répondant à une question de l'assistance sur le mauvais état de l'établissement, il a déclamé sur un ton mi-amusé, mi-excédé : «Quelque part vous me parlez comme si j'étais encore une puissance coloniale. Mais moi je ne veux pas m'occuper de l'électricité dans les universités au Burkina Faso !»
Tandis que les étudiants manifestaient bruyamment leurs réactions entre sifflets et applaudissements, il a ajouté : «C'est le travail du président [du Burkina Faso].» Ledit chef d’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, a alors quitté la pièce, ce qui n'a pas empêché Emmanuel Macron de renchérir : «Du coup, il s'en va... Reste là ! Du coup, il est parti réparer la climatisation...»
L'attitude du chef de l'Etat français envers le présdient burkinabè n'est pas passée inaperçue sur les réseaux sociaux, certains la qualifiant d'«arrogante» ou encore de «paternaliste».
La fécondité des femmes africaines, source de tous les maux du continent ?
Le 8 juillet 2017, en marge du sommet du G20, Emmanuel Macron avait encore trouvé les mots qui fâchent. Interrogé sur la question du développement de l'Afrique, le président français avait estimé que le problème majeur du continent africain était la fécondité des femmes. «Le défi de l'Afrique, il est civilisationnel aujourd'hui», avait expliqué Emmanuel Macron dans une analyse qui a fait couler beaucoup d'encre. «Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien», avait-il jugé.
[VIDÉO] Au G20, interrogé sur l'#Afrique, Emmanuel #Macron se lâche sur les «7 à 8 enfants» des Africaines. Un problème «civilisationnel». pic.twitter.com/pJgdaeuuoz
— Politis (@Politis_fr) 10 juillet 2017
Tandis qu'aucun pays au monde n'a de taux de fécondité aussi élevé que ne le prétend le président (la moyenne de l'Afrique sub-saharienne, en diminution, étant de cinq enfants par femme), cette sortie lui avait été vivement reprochée.
«Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien»
Le 1er juin, en déplacement officiel au Centre nautique d'Etel, dans le Morbihan, Emmanuel Macron a voulu jouer la carte de l’humour. Il a comparé ironiquement des bateaux de pêche à des embarcations utilisées par les passeurs pour transporter des migrants des Comores à Mayotte dans des conditions précaires. «Ah non, c’est à Mayotte les kwassas-kwassas […]! Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien !», avait déclaré le président tout sourire.
« Le kwassa-kwassa pêche peu ! Il amène du Comorien ! » #Quotidienpic.twitter.com/hXKRC2vWx9
— Quotidien (@Qofficiel) 2 juin 2017
Lesdites traversées en kwassa-kwassa ayant été fatales à de nombreuses personnes, un grand nombre de personnalités politiques scandalisées avaient exprimé leur fureur.
La colonisation en Algérie : «des éléments de civilisation»
Le 23 novembre 2016, dans une édition du magazine Le Point, celui qui n’était pas encore président avait déjà fait scandale en évoquant la colonisation française. Répondant à une question sur la notion de «Roman national» français, Emmanuel Macron avait estimé que le pays devait également revenir sur les passages les «moins glorieux» de son histoire. «Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un Etat, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie», avait alors poursuivi le candidat d'En marche.
Sur les réseaux sociaux, un tollé s'en était suivi, les internautes parlant ironiquement de «barbarie positive» ou de «sketch nauséabond». Quelques mois plus tard, toujours en campagne, Emmanuel Macron avait revu sa copie depuis l'Algérie, d'où il avait qualifié cette période de l'histoire de «crime contre l'humanité». Des propos qui avaient, eux aussi, provoqué d'importants remous.