«Vieille lubie de gauche» : LR et FN raillent la police de sécurité du quotidien promise par Macron
La mise en place d'une police de sécurité du quotidien dont Emmanuel Macron a formulé les premiers contours le 18 octobre a été froidement accueillie par Les Républicains et le Front national, qui n'y voient qu'une nouvelle «police de proximité».
Devant les 500 plus hauts responsables de la police et de la gendarmerie, Emmanuel Macron s'est engagé le 18 octobre à donner aux forces de l'ordre les moyens d'être «plus efficaces», en particulier avec la création d'une «police de sécurité du quotidien». Un chantier présenté dans son programme présidentiel, mais dont le président de la République a désormais posé les jalons.
La police de sécurité du quotidien (PSQ), «ce n'est pas de jouer au foot avec les jeunes», a fait savoir le chef de l'Etat, soucieux de la différencier de la «police de proximité» initiée par Lionel Jospin à la fin des années 1990, puis supprimée par Nicolas Sarkozy. «C'est au contraire exercer votre métier de policier qui représente une autorité, qui conforte et qui rassure mais qui rappelle aussi les règles de vie en société chaque fois que c'est nécessaire», a-t-il expliqué. Les contours exacts de cette police restent néanmoins à déterminer.
Dès le 23 octobre sera lancée par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb une vaste consultation auprès des élus, des préfets et de «chaque policier et gendarme» pour créer cette nouvelle police. Celle-ci sera ensuite expérimentée dans quelques villes tests, avant d'être généralisée au cours de l'année 2018.
Pour Ciotti, «un immense vide destiné à communiquer»
Mais à peine évoqué, le projet est déjà critiqué à droite, en premier lieu par le député Eric Ciotti, spécialiste des questions sécurité chez Les Républicains (LR). Ce dernier a dénoncé le retour d'une «vieille lubie de la gauche» qui «fleure bon les années Jospin», et qui selon lui «consiste à vouloir charger les policiers des relations publiques dans les quartiers difficiles».
.@ECiotti "La police de sécurité du quotidien est un immense vide destiné à communiquer + qu'à protéger les Frçais" https://t.co/NRwGXKLS4i
— les Républicains (@lesRepublicains) 18 octobre 2017
Guillaume Larrivé, également député LR, s'est pour sa part fendu d'un tweet au ton moqueur, s'amusant du fait que le président de la République ne sache toujours pas définir la mission exacte de la PSQ qu'il compte instaurer.
164 jours après son élection, @EmmanuelMacron ne sait toujours pas définir "la police de sécurité du quotidien" qu'il prétend instaurer... pic.twitter.com/SpJ1LXmf4y
— Guillaume Larrivé (@GLarrive) 18 octobre 2017
«J'avoue que j'ai un peu peur qu'en essayant d'effacer les frontières on ne sache plus très bien où on est. Est-on dans la police de proximité, qui est là pour faire de la présence humaine, rappeler la loi et rassurer ou est-ce qu'on est dans un police qui est là pour faire peur aux délinquants ?», s'est interrogée Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Ile-de-France, au micro de France info.
Valérie Pécresse réagit aux annonces d'Emmanuel Macron concernant la sécurité : "J'ai un peu peur de cette police du quotidien" #TEPpic.twitter.com/Gy4RszMjaw
— franceinfo (@franceinfo) 18 octobre 2017
Sur le plateau du «FigaroLive», la secrétaire nationale LR à la culture, Florence Portelli, a estimé pour sa part qu'il serait plus opportun de concentrer les efforts sur la police nationale.
Sécurité du quotidien : il vaudrait mieux alléger les procédures administratives de la police nationale et renforcer les polices municipales pic.twitter.com/eXZ84wzAmw
— Florence Portelli (@FloPortelli) 18 octobre 2017
Un enfumage sémantique pour le FN
Au Front national, les premières réactions montrent une défiance certaine vis-à-vis de cette annonce. Julien Sanchez, l'un des porte-parole du parti, a ainsi estimé lors d'une conférence de presse au siège du FN à Nanterre qu'il «faudrait d'abord que [la police] agisse sur les problèmes les plus prédominants dans le pays». Et le président du groupe FN au conseil régional d'Occitanie d'énumérer : le trafic de drogue, les cambriolages et «l'invasion migratoire».
De même, l'eurodéputé FN Gilles Lebreton a jugé d'une manière générale que le président n'avait rien proposé de concret lors de sa conférence de presse : «Du vent et de la com [...] du pur Macron !»
Réforme de la police : du vent et de la com + que du concret. Du pur Macron !https://t.co/5uCtX4cv7D
— Gilles Lebreton (@Gilles_Lebreton) 18 octobre 2017
Candidat du Front au sénatoriales dans la Mayenne, Jean-Michel Cadenas a de son côté affirmé que la PSQ n'était qu'un «enfumage sémantique», dans une référence claire à la «police de proximité» mise en place par Lionel Jospin.
Macron annonce la création de la Police de sécurité au quotidien ! Aucun vrai professionnel ne croit à ce nouvel enfumage sémantique !
— Jean-Michel CADENAS (@JMCadenas2) 18 octobre 2017
L'essentiel pour les gens est de «voir du bleu»
Malgré tout, la PSQ a trouvé quelques personnalités politiques pour la défendre. La sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali, s'est montrée indifférente au fait qu'elle puisse se rapprocher de la police de proximité, assurant que l'essentiel était pour les gens de «voir du bleu» dans leur quotidien.
Police de proximité ou police de sécurité quotidienne, peu importe : les gens veulent voir du "bleu" @BFMTV
— Samia GHALI (@SamiaGhali) 18 octobre 2017
Venu défendre la mesure dans les studios de France Info, le député La République en marche (LREM) Gabriel Attal a tenté d'en définir l'esprit à défaut d'en dresser les contours : «La philosophie de la police de sécurité du quotidien, c’est de faire confiance aux acteurs du terrain.»
« La philosophie de la Police de Sécurité du Quotidien c’est de faire confiance aux acteurs du terrain » @GabrielAttal#lesinformes#PSQpic.twitter.com/b5XZHEmIqf
— Daoulas David (@DavidDaoulas) 18 octobre 2017
Enfin, interrogé par RT France, le secrétaire général du syndicat de police Alliance, Jean-Claude Delage, s'est montré «confiant mais vigilant» quant au discours du président de la République, expliquant qu'il jugerait «surtout aux actes».