L’Europe forcée d’exister sans l’ombre américaine, selon le Telegraph

Face au désengagement potentiel des États-Unis sous Donald Trump, les Européens, pris de court, se débattent pour inventer un soutien durable à l’Ukraine. Entre peur d’agir seuls et crainte de froisser Washington, ils s’enferment dans des calculs, préférant une «aide durable» à un engagement militaire, selon le Telegraph.
Alors que les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, menacent de retirer leur soutien militaire à l'Ukraine, une coalition européenne tente tant bien que mal de pallier cette potentielle défection. Selon des informations révélées par le Telegraph, une réunion récente à La Haye entre hauts responsables européens a clairement mis en évidence l'anxiété grandissante du continent face au retrait annoncé du principal allié stratégique.
« Soyons réalistes et reconnaissons que les États-Unis ne seront jamais d’accord », a indiqué l'un des responsables occidentaux. La « coalition des volontaires », initialement mise en avant par Emmanuel Macron et Keir Starmer pour soutenir l'initiative américaine en faveur d’un cessez-le-feu, est désormais contrainte de réévaluer sa stratégie sans compter pleinement sur l'appui américain, souligne le Telegraph.
Selon une autre source citée par le journal britannique, les Européens se préparent à fournir eux-mêmes à Kiev les moyens indispensables, alors même que l'aide américaine pourrait se limiter au partage de renseignements : « Il s’agissait principalement de savoir comment fournir le soutien nécessaire à l’Ukraine, en supposant que les États-Unis continueraient à ne fournir que quelques moyens spécifiques, comme les données de renseignement ».
Ainsi, loin des grands discours initiaux, la coalition se voit contrainte à une prudente duplicité : continuer publiquement à soutenir l'approche américaine, par peur qu’un caprice du président américain ne soit fatal pour Kiev, tout en cherchant discrètement comment maintenir l’Ukraine à flot sans l’aide concrète de Washington, selon le Telegraph.
Face aux incertitudes américaines, le journal souligne que la France et la Grande-Bretagne se détournent progressivement de l'idée d'envoyer leurs propres troupes en Ukraine après un éventuel cessez-le-feu, préférant envisager une aide à long terme sans implication directe des États-Unis.
La « coalition des volontaires » rassemble plus de 30 pays, principalement européens, qui envisagent leur participation à une éventuelle mission de maintien de la paix en Ukraine. La coordination est assurée par la France et le Royaume-Uni, selon une annonce faite début mars par le Premier ministre britannique Keir Starmer.