«Le pays ne se résume pas à Paris» : Baroin fait retentir la grogne des communes contre l'Etat
Président de l'Association des maires de France, François Baroin critique les coupes pratiquées par le gouvernement dans le budget des collectivités territoriales. Il estime que «la relation de confiance» entre l'Etat et les élus locaux est menacée.
Dans le Journal du dimanche du 8 octobre, le président de l'Association des maires de France (AMF) et maire les Républicains (LR) de Troyes, François Baroin, «tire la sonnette d'alarme» et relaie les inquiétudes des maires face aux économies drastiques demandées par l'Etat aux communes.
«Nous tirons la sonnette d'alarme», déclare-t-il. Il évoque la colère de nombreux édiles confrontés notamment à une baisse des dotations de l'Etat qui se traduit par un tour de vis budgétaire pour les communes. «L’été a été meurtrier pour la relation de confiance entre l’Etat et les élus locaux», déplore François Baroin, alors que le prochain congrès de l'AMF doit se tenir en novembre.
Bien sûr, il faut une capitale et des métropoles puissantes ; mais il faut aussi et peut-être surtout des territoires équilibrés et tirés vers le haut
«Bien sûr, il faut une capitale et des métropoles puissantes ; mais il faut aussi et peut-être surtout des territoires équilibrés et tirés vers le haut. Or, c’est la première vision qui domine dans ce budget d’inspiration purement comptable», dénonce l'édile de Troyes. Rappelant qu'Emmanuel Macron avait promis de limiter à 10 milliards d'euros les économies demandées aux collectivités territoriales (du fait notamment d'une baisse des dotations de l'Etat), François Baroin souligne que ce sont finalement 13 milliards qui sont finalement exigés.
Vers une fronde des élus locaux ?
Outre ces restrictions budgétaires de taille, le président de l'AMF relève que le gouvernement a pris plusieurs mesures qui, selon lui, pénalisent notamment les petites et moyennes communes. «Le gouvernement a gelé des crédits destinés à l’aide au développement des territoires ruraux, a supprimé la réserve parlementaire, qui permettait de financer des projets locaux... Arrive ensuite la suppression des emplois aidés», regrette-t-il.
Il ne s’agit pas d’un débat entre la gauche et la droite mais entre l’Etat et les territoires
Assurant ne pas s'exprimer en sa qualité de figure de l'opposition, mais bel et bien en tant que représentant des maires de France, François Baroin précise : «Il ne s’agit pas d’un débat entre la gauche et la droite mais entre l’Etat et les territoires.»
«Le pays ne se résume pas à Paris et de grands trous noirs qui aspirent toute l’énergie, laissant les autres dans la misère sociale, la désespérance territoriale et l’abandon numérique», ajoute-t-il.
Au cours des semaines passées, plusieurs maires ont entrepris des actions symboliques afin de dénoncer le contexte budgétaire avec lequel ils doivent composer pour l'année à venir. Robert Ménard, maire élu avec le soutien du Front national à Béziers, a récemment lancé une campagne d'affichage comparant les contraintes budgétaires imposées par l'Etat aux communes à des violences faites aux femmes, suscitant une vive polémique. Jean-François Damien, maire du village de Grand-Failly en Meurthe-et-Moselle, a décidé de réduire d'un tiers le portrait officiel du président Emmanuel Macron qui trônait dans la salle de conseil en guise de protestation.