Philippot tire le rideau sur le Front national
Florian Philippot, rétrogradé la veille au rang de vice-président sans attribution du Front national pour avoir refusé de quitter la présidence de son association Les Patriotes, a annoncé sur France 2 qu'il quittait le FN.
«On m'a dit que j'étais vice-président à rien... Ecoutez, je n'ai pas le goût du ridicule, je n'ai jamais eu le goût de rien faire, donc bien sûr je quitte le Front national», a annoncé le 21 septembre Florian Philippot, qui a longtemps été considéré comme le bras droit de Marine Le Pen.
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— Caroline Roux (@Caroline_Roux) 21 septembre 2017
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«J'ai vu des choses ces dernières semaines évoluer négativement, peut-être dans ce nouveau projet [la refondation souhaitée par Marine Le Pen] je n'avais pas ma place, alors il fallait trouver des prétextes», a-t-il dit en référence aux critiques formulées en interne contre la création de son association «Les Patriotes», lancée mi-mai.
Marine Le Pen lui a intimé ces dernières semaines, en privé puis en public, de quitter la tête de son association, évoquant un conflit d'intérêt.
«Dans ce processus de refondation, j'ai vu semaine après semaine que ça se passait mal, que cette refondation se passait mal – je n'ai pas voulu le voir de suite – et que cette refondation cachait un retour en arrière terrible, le FN rattrapé par ses vieux démons», a-t-il assuré. Une critique formulée déjà la veille.
«Je voyais bien que le débat était devenu impossible. On me dit "Tu refuses les critiques" mais ça fait des années que j'endure les critiques parfois très dures [au sein du FN]», a argué celui qui était jusque-là aussi patron du groupe FN au conseil régional Grand Est.
La nouvelle orientation prise selon lui par le Front national va aboutir à un «rétrécissement» qui mènerait à une audience électorale beaucoup plus faible.
«Mon engagement politique reste intact, j'ai mes mandats, je continuerai à me battre», a-t-il par ailleurs annoncé.
«Je suis gaulliste, je n'ai jamais renoncé à mes convictions, y compris en arrivant au FN, je me battrai donc. Sous quelle forme, on verra bien, ce n'est pas le le moment d'en parler», a-t-il ajouté.
Sur Twitter, son principal lieutenant, l'eurodéputée Sophie Montel, a aussi annoncé sa démission du Front national, comme son directeur de cabinet Joffrey Bollée, conseiller régional francilien, ou d'autres de leur proches ces derniers jours.
J'envoie aujourd'hui ma lettre de démission à @MLP_officiel !
— Sophie Montel (@Sophie_Montel) September 21, 2017
Florian Philippot, haut fonctionnaire à l'Inspection générale de l'administration (IGA) âgé de 35 ans a rencontré Marine Le Pen en 2009, en même temps que son frère Damien Philippot, et a commencé à travailler pour elle, d'abord sous pseudonyme.
Fin 2011, il a été propulsé directeur stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, et était depuis la principale figure du FN à intervenir au quotidien dans les médias.
Il a notamment été l'un des artisans de la stratégie visant à «dédiaboliser» le FN, qui a obtenu des résultats électoraux croissants avant une présidentielle et des législatives 2017 qui n'ont pas été à la hauteur de ses espérances.
Le soulagement au FN
Au micro de LCP, Marine Le Pen a déploré «le positionnement de victimisation» choisi, selon elle, par Florian Philippot et a estimé que ce dernier ne souhaitait pas entrer dans la refondation du FN.
.@MLP_officiel : @f_philippot "a utilisé la victimisation, il avait du mal à intégrer mon programme de refondation nationale..." pic.twitter.com/pfAop5RRtt
— LCP (@LCP) September 21, 2017
Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen, semble pour sa part se réjouir de cette décision de Florian Philippot.
Le @FN va enfin connaître l'apaisement face à un extrémiste sectaire, arrogant et vaniteux qui tentait de museler notre liberté de débattre.
— Louis Aliot (@louis_aliot) 21 septembre 2017
Plus laconique, le secrétaire général du parti, Nicolas Bay trouve «dommage» le départ du numéro deux, mais il ajoute au micro de France info : «Le Front national s'en remettra.»
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