Après l'échec de Hollande, Macron s’attèle à son tour à la prévention de la radicalisation
Un plan ambitieux de centres pour les jeunes tentés par le djihad avait été lancé à la suite des attentats de Paris de 2015. Après la fermeture de la seule des 13 structures prévues, Emmanuel Macron veut faire oublier le fiasco de son prédécesseur.
Pour Emmanuel Macron, il s'agit de tout reprendre à zéro, après les errements de son prédécesseur, François Hollande, en matière de lutte contre le djihadisme en France et la fermeture de l'unique centre de déradicalisation controversé de Pontourny (Indre-et-Loire). Lors d'un discours devant les préfets ce 5 septembre 2017, Emmanuel Macron a annoncé une révision de la politique de prévention de la radicalisation.
Un plan national devra être adopté, «d'ici à la fin de l'année», a précisé le président de la République. «Je souhaite que, pour chacun des territoires identifiés comme sensibles, vous puissiez conduire ce travail très fin et très précis avec un plan d'action spécifique», a demandé Emmanuel Macron aux préfets.
A la suite des attentats de Paris de novembre 2015, le gouvernement de Manuel Valls avait en effet lancé un plan ambitieux d'ouverture de pas moins de 13 centres de déradicalisation. Premier – et seul – de ces centres de prévention, d'insertion et de citoyenneté (CIPC), selon la terminologie officielle, la structure de Pontourny, en Indre-et-Loire, avait ouvert ses portes en septembre 2016 dans les murs d'un château.
«Hallucinant» : les riverains commentent le fiasco du centre de #déradicalisation de #Pontourny
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Défaut majeur du dispositif, les radicalisés, tels que les candidats au départ en Syrie désirant grossir les rangs de Daesh, devaient intégrer ce centre sur la base du volontariat, et, de surcroît, ne pas faire l'objet de poursuites judiciaires. En clair, de jeunes endoctrinés devaient d'eux-mêmes se reconnaître comme tels et accepter un travail de déradicalisation. Une contradiction que le nouveau plan national souhaité par Emmanuel Macron devra résoudre pour connaître le succès. Le dispositif, qui reste à définir, comprendrait ainsi l'expérimentation d'un centre de personnes radicalisées «sous main de justice».
Un seul centre ouvert sur les 13 prévus
En juillet dernier, le gouvernement d'Edouard Philippe décidait de mettre un terme à l'expérimentation du mandat de François Hollande en matière de déradicalisation et fermait le centre de Pontourny. Destiné à recevoir à terme seulement 25 personnes radicalisées, la structure avait perdu son dernier pensionnaire en février 2017. L'encadrement avait même noté qu’il semblait se radicaliser davantage et que son rejet de la France avait tendance à s’amplifier.
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Deux semaines plus tard, alors que l'éphémère ministre de l'Intérieur Bruno Leroux ne voulait pas entendre parler d'une fermeture et comptait faire marcher l'unique centre à vide, un rapport accablant, résultat d'une enquête des deux sénateurs Esther Benbassa (Europe écologie les Verts) et Catherine Troendlé (Les Républicains), avait encore un peu plus plombé le bilan du plan «anti-djihad» de Manuel Valls. «On a voulu agir vite. Ainsi, les autorités dirigeantes n'ont pas pu s'entourer de personnes qualifiées. La précipitation a été mauvaise conseillère», déploraient alors les deux parlementaires. «On ne peut pas se contenter de construire des contre-discours pour les sortir de leur islam radicalisé et politisé. Ils n'y adhèrent pas», concluait alors, cruellement, Esther Benbassa.
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