Un an après sa création, l'Islam de France de Chevènement est au point mort
- Avec AFP
Le 29 août 2016, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, avait annoncé le lancement d'une fondation présidée par Jean-Pierre Chevènement et d'une association cultuelle afin de financer diverses actions. Un an après, le bilan paraît maigre.
L'annonce, le 29 août 2016, de la création d'un Islam de France avait fait grand bruit. La désignation de Jean-Pierre Chevènement à la tête de la structure avait suscité la polémique, notamment en raison des prises de position de l'ex-ministre de l'Intérieur en pleine affaire du burkini. Un an après, jour pour jour, des voix s'élèvent pour dénoncer une absence d'avancées sérieuses de l'Islam de France. «La montagne a accouché d'une souris», déplorent trois sénateurs, Corinne Féret, Nathalie Goulet et André Reichardt, dans une tribune qu'ils ont adressée à l'AFP ce 29 août 2017.
«Où en est la création de l'association cultuelle chargée de centraliser l'ensemble des financements nationaux pour le fonctionnement de l'islam et de ses lieux de culte, de la formation théologique des imams ?», s'interrogent les trois parlementaires. «Où en est la mise en place d'une contribution "volontaire et négociée" prélevée sur la filière halal ?», vitupèrent-ils encore.
Partenariat avec des scouts musulmans
Il est vrai qu'en raison de rivalités au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), l'association cultuelle n'a toujours pas vu le jour. Cette dernière devait s'appuyer sur des ressources financières jusqu'alors inexploitées, telles qu'une «redevance halal», ou encore une hypothétique taxe sur le pèlerinage à La Mecque.
La Fondation de l'islam de France, dont le domaine d'intervention est strictement profane puisque ses fonds sont en partie publics, a de son côté peu communiqué sur ses premières actions, hormis un partenariat avec les Scouts musulmans de France. Cette instance a aussi fait l'objet d'une certaine défiance, notamment de la part de l'influente Grande mosquée de Paris. En juin 2017, Dalil Boubakeur, son recteur, avait dénoncé les relents selon lui "paternalistes" d'un "Islam DE France" auquel il préfère un "Islam EN France" plus respectueux, selon lui, d'une conception de la laïcité conforme à l'esprit de la Loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat.