La Grande mosquée de Paris claque la porte de la Fondation pour l'Islam de France
La Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris a remis en question sa participation à la Fondation pour l'Islam de France et a appelé l'ensemble des musulmans à rejeter toute «ingérence» et toute mise sous tutelle de l’exercice de leur culte.
Au travers d'un communiqué paru le 23 janvier et reçu, entre autres, par l'agence algérienne de presse APS, la Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris (FNGMP) a indiqué se désolidariser de la Fondation pour l'Islam de France, officiellement lancée en décembre 2016 par le ministère de l'Intérieur pour gérer et organiser le culte musulman en France.
«Après concertation entre ses membres, la Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris décide de ne pas participer aux travaux de mise en place de la Fondation de l’islam de France et de son Conseil d’orientation ainsi qu’à ceux de la mise en place de l’Association cultuelle», a ainsi déclaré la FNGMP, qui fédère 250 des 2 500 mosquées de France.
L'institution présidée par le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a justifié sa décision en indiquant : «La FNGMP dénonce toute forme d’ingérence dans la gestion du culte musulman et de sa représentation, d’autant que l’élaboration des dites structures n’a jamais fait l’objet d’une large concertation avec les musulmans de France».
La FNGMP a également appelé toutes les organisations musulmanes qui gèrent des lieux de culte, ainsi que tous les musulmans de France à la rejoindre dans son rejet de «toute tentative de mise sous tutelle de l’exercice de leur culte».
Selon l'agence APS, qui cite une source proche de la FNGMP, la Grande mosquée de Paris et les fédérations régionales qui partagent son point de vue et lui sont affiliées s'estimeraient «minorées» par le nombre de places qui sont réservées à la FNGMP au sein du Conseil d'administration de la Fondation pour l'Islam de France. De plus, la source citée par l'agence APS a également indiqué que la présidence de cette institution par un non-musulman, en l’occurrence Jean-Pierre Chevènement, ne passe pas.
Le choix de placer Jean-Pierre Chevènement à la tête de la Fondation pour l'Islam de France avait également soulevé des interrogations au sein de la classe politique, y compris dans le gouvernement. Par ailleurs, les propos de l'ancien ministre, qui avait suggéré aux musulmans de se faire «discrets» en août dernier lors de la polémique sur le «burkini», avaient provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux.
#Chevenement justifie arrêts anti-burkini, après avoir suggéré la discrétion aux musulmans https://t.co/Sc60aeGj57pic.twitter.com/AnC3F66bHX
— RT France (@RTenfrancais) 16 août 2016
Néanmoins, le communiqué du FNGMP survient alors que le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a pourtant indiqué en juillet 2016 souhaiter que les musulmans français initient «une certaine réforme dans les institutions» de l'islam en France, au lendemain de l'égorgement d'un prêtre dans une église.
Vers une «réforme» des «institutions» de l'islam en #France? Que suggère #Boubakeur ? https://t.co/tznt1NUFjhpic.twitter.com/E94NcqfA8K
— RT France (@RTenfrancais) 27 juillet 2016
Lancée après la vague d'attentats commis par l'organisation terroriste Etat islamique en France en 2015 et 2016, la Fondation pour l'Islam de France est une organisation publique, chargée de régler des questions telles que le financement de la construction des mosquées et la formation des imams. Cette initiative gouvernementale a remplacé la Fondation des Œuvres de l'Islam de France, créée en 2005 et minée depuis par des dissensions entre les différentes structures représentatives des musulmans de France.