Législatives : la stratégie de la direction du PS qui permet de ménager En Marche !
Officiellement, les membres du PS ayant décidé de rejoindre Emmanuel Macron pour les législatives désobéissent à la direction du parti. Mais cette dernière semble vouloir leur faciliter la tâche en ne leur opposant pas de candidat socialiste.
Comme le révèle Le Parisien, le Parti socialiste (PS) aurait déjà mis sur pied sa stratégie pour les législatives du mois de juin prochain, notamment en prévision des succès que pourraient rencontrer les candidats d'En Marche !.
Le calcul serait habile: le PS veut éviter de présenter ses candidats contre des socialistes qui auraient revêtu les couleurs du mouvement d'Emmanuel Macron. La direction du parti aurait donc décidé de réserver ces circonscritpions «difficiles» aux écologistes.
En effet, l'accord électoral passé entre le PS et Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), en échange du ralliement de Yannick Jadot à Benoît Hamon, octroie 42 circonscriptions aux écologistes – ou à d'autres partis soutenant le PS, comme l'Union des démocrates et des écologistes (UDE) ou le Parti radical de gauche (PRG).
L'objectif serait ainsi de ménager En Marche ! tout en évitant que deux membres du PS ne s'affrontent directement devant les électeurs. Tel serait par exemple le cas dans la ville de Lyon, où le PS aurait décidé de ne pas présenter de candidat : dans la ville de Gérard Collomb, proche d'Emmanuel Macron, tous les candidats d'En Marche ! sont en effet d'anciens socialistes...
En Marche !, nouvelle peau du Parti socialiste après la mue libérale ?
«On comprend pourquoi le PS n'a pas condamné ceux [qui sont] partis à En marche !», s'agace Danielle Auroi, député du Puy-de-Dôme, citée par Le Point. «C'était couru d'avance : Cambadélis envoie les partenaires à la casse pour avantager Macron», ajoute-t-elle. Le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, n'a en effet entrepris aucune démarche d'exclusion à l'encontre des membres du parti qui ont décidé de soutenir Emmanuel Macron, s'en tenant à de simples menaces.
Difficile d'exclure les nombreux poids-lourds du parti, parmi lesquels l'ancien Premier ministre Manuel Valls ou le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui affichent déjà leur soutien à Emmanuel Macron. Depuis plusieurs mois, la préférence exprimée pour l'ancien ministre de l'Economie par ces figures de l'aile libérale du PS agite la gauche. «François [Hollande] me prend pour une bille ! Je sais très bien que c’est lui qui pousse les socialistes à rejoindre Macron», aurait déclaré Benoît Hamon rapporte Le Canard Enchaîné.
Chez les opposants du PS, on ne se prive pas de dénoncer le fait qu'En Marche ! ne serait qu'une excroissance de l'aile droite du PS : le général Soubelet, après avoir quitté avec fracas le mouvement d'Emmanuel Macron en mars dernier, avait affirmé qu'«En Marche ! [était] devenu une recyclerie».
La ligne stratégique adoptée pour les législatives devrait confirmer l'opinion de ceux qui estiment – pour le déplorer, s'en agacer ou s'en féliciter – qu'En Marche ! constitue moins une menace pour le PS qu'une opportunité politique dans un contexte difficile pour la gauche.