«La violence est la répercussion de la non-écoute» : manifestation à Amiens pour le procès Goodyear

«La violence est la répercussion de la non-écoute» : manifestation à Amiens pour le procès Goodyear Source: AFP
FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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Des milliers de manifestants étaient présents à Amiens le 19 octobre pour l'ouverture du procès en appel de 8 anciens salariés de Goodyear. Le parquet a requis contre eux 24 mois de prison avec sursis pour la séquestration de deux cadres.

24 mois de prison avec sursis ont été requis contre huit ex-salariés de Goodyear, mercredi 19 octobre en fin d'après-midi, par le parquet, pour avoir séquestré deux responsables de leur entreprise. Condamnés à neuf mois de prison ferme en première instance, les anciens ouvriers de l'entreprise sont actuellement jugés en appel par le tribunal d'Amiens (Somme). 

L'affaire remonte aux 6 et 7 janvier 2014, lorsque ces salariés, révoltés contre la suppression de quelque 1 140 emplois, avaient retenu de force sur le site de production d'Amiens-Nord le directeur des ressources humaines et le directeur de la production.

Intervenant trois semaines après le procès de plusieurs salariés d'Air France qui avaient arraché la chemise d'un cadre de la compagnie aérienne, celui de Goodyear constitue lui aussi pour le syndicat CGT, cité par l'AFP, un symbole de la «criminalisation de l'action syndicale» en France.

Jean-Luc Mélenchon : «Le banc des accusés devrait être occupé par ceux qui ont confronté les ouvriers à la mort sociale» 

Dès 8h du matin, plusieurs centaines manifestants étaient déjà rassemblés devant le palais de Justice d'Amiens, afin d'appeler à la relaxe des ex-salariés jugés. Parmi leurs rangs se trouvait le leader du mouvement «La France insoumise», Jean-Luc Mélenchon.

Interrogé entre autres par RT France, l'ex-meneur du Front de Gauche s'est dit «très ému» par le sort des anciens ouvriers de Goodyear, des «gens honnêtes (...) tout d'un coup confrontés à la justice», alors qu'ils se trouvaient selon lui «en situation de légitime défense sociale» lors de la séquestration des cadres de l'usine. Le banc des accusés, a estimé l'homme politique de gauche, devrait être occupé par «ceux qui les ont confrontés à la mort sociale» – c'est-à-dire leurs employeurs.

Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon a jugé la mobilisation à Amiens essentielle, afin de montrer que «dans ce pays, les travailleurs ne se laisseront pas intimider», mais aussi pour rappeler qu'en France existe «un besoin de fraternité humaine», notamment chez les salariés affectés par des plans de licenciement.

Xavier Mathieu : «Tant que les patrons verront que la justice leur donne raison, ils fermeront les boîtes»

Tant que les patrons verront que la justice leur donne raison, ils fermeront les boîtes

L’ex-délégué syndical de la CGT Xavier Mathieu, connu pour son engagement contre la fermeture de l'usine Continental de Clairoix (Oise) en 2009, a lui aussi défendu les actions des ex-ouvriers du site Goodyear d’Amiens contre leur direction : «Quand une usine ferme, les autres font la même chose derrière. […] Tant que les patrons verront que la justice leur donne raison, ils fermeront les boîtes», a-t-il lancé, avant d’ajouter : «C’est pas une vraie justice».

Le militant, particulièrement fébrile, a confié qu’il serait «en colère jusqu’à la fin de [sa] vie», en raison des décisions de justice condamnant les ouvriers en révolte contre les fermetures d’usines. Interrogé par un correspondant de RT France, il a en outre justifié le durcissement de la lutte sociale : «S’il faut casser, 'faut casser. […] la violence n’est que la répercussion de la non-écoute en face. Au bout d’un moment, lorsqu’on ne vous écoute plus, vous utilisez d’autres moyens que la parole […]. Si l’adversaire met trois coups, il faut en mettre quatre ou cinq».

Eric Coquerel : «Le gouvernement essaie d'utiliser les tribunaux pour envoyer les salariés en prison»

Egalement interrogé par RT, le porte-parole du Parti de Gauche Eric Coquerel a dénoncé un cycle de «criminalisation sociale» et de «répression» en France, qui a commencé avec la condamnation des anciens ouvriers de Goodyear pour se poursuivre avec la loi Travail, au printemps 2016. «Puisque c'est ici que cela a commencé, il faut que ce soit ici que nous obtenions une victoire», a-t-il souligné. 

Le conseiller régional d'Ile-de-France a jugé que le gouvernement actuel était «illégitime pour faire passer des lois», ce qui le poussait à utiliser l'article 49-3 (dans le cadre des débats parlementaires sur la loi El Khomri), les gardes à vue, et désormais les tribunaux, afin «d'envoyer les salariés en prison».

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Afin de suivre le procès, de nombreux manifestants s'étaient réunis dans la matinée de mercredi sur les bords de l'étang du parc Saint-Pierre, au cœur de la ville, où était organisée une retransmission depuis le tribunal.

Une première vague de manifestations en février 2016

En février dernier, le syndicat CGT s'était déjà mobilisé dans l'ensemble du pays afin de protester contre la condamnation des huit ex-salariés de l'usine Goodyear d'Amiens.                

Lire aussi : Goodyear : c’est la résistance à l’«air du temps» qui a été punie

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