En France, toujours plus de candidats pour 2017, mais moins de chances pour les petits
A un an de la présidentielle, la France compte à ce jour 47 candidats déclarés. Dans le même temps, le Conseil constitutionnel a validé la loi limitant le temps de parole des petits candidats qui bénéficiera aux candidats des principaux partis.
Depuis une quinzaine d'années, le nombre de candidats à se présenter aux présidentielles françaises a explosé. En 2002, ils n'étaient en effet que 16, soit trois fois moins qu'aujourd'hui.
En effet, une information obtenue par le Journal du dimanche (JDD) révèle qu'à un an jour pour jour de l'élection présidentielle de 2017 en France, 47 candidats ont décidé de se présenter. Ce nombre fait de l'Hexagone le champion européen en terme de pluralité des candidatures pour une élection présidentielle et le classe au second rang mondial derrière Haïti, où pas moins de 54 candidats avaient concouru en octobre 2015.
Plus loin dans le classement, on trouve surtout des pays africains. En mars dernier, au Bénin, 33 candidatures ont été validées par la Commission électorale nationale. Au Mali en 2013, 27 candidats s'étaient présentés à la présidentielle, tandis qu'aux Comores, ils étaient au nombre de 25.
La France, un modèle de pluralisme seulement sur le papier ?
Ce nombre élevé de candidats à la présidentielle peut en effet faire penser à un fonctionnement parfaitement démocratique du mode d'élection à la magistrature suprême, car a priori plus il y a de candidats, plus le débat d'idées et l'échange démocratique est réel.
Cette vision aurait pu se révéler juste, si dans le même temps, le Conseil constitutionnel n'avait pas définitivement validé la réforme des règles de campagne pour la présidentielle. Unanimement décriée par les petits candidats, la réforme prévoit qu'à 15 jours du premier tour, la stricte égalité du temps de parole de chaque candidat sera respectée, tandis que les trois semaines qui précèdent, le temps de parole des différentes candidats dépendra de leur résultat lors des dernières élections, de ceux obtenus dans les sondages mais aussi de leur «contribution à l’animation du débat électoral».
Quid du pluralisme ? L'UDI, les radicaux de gauche, le Front de gauche et la majorité des écologistes ont voté contre ce texte qu'ils ont dénoncé comme une «tentative de verrouillage» des grands partis. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a qualifié cette loi de «scélérate».
Marie-Georges Buffet, a affirmé de son côté dans une interview au JDD, que cette loi avantageait le Front national (FN) : «On va enfermer les électeurs et les électrices dans un choix restreint. Ils ont, face à eux, un parti qui a été au pouvoir pendant dix ans et qu'ils ont rejeté en 2012, le candidat d'un parti actuellement au pouvoir et qu'ils rejettent dans tous les sondages et le candidat du Front national», a-t-elle affirmé.
Paradoxalement, le parti de Marine Le Pen, bien qu'avantagé par cette réforme, l'a lui même rejetée à plusieurs reprises.
«Ceux que certains nomment abusivement "petits candidats" seront les perdants. Mais la plus grande perdante sera la démocratie, la République et donc la France telle que nous la concevons et telle que nous la voulons», a déploré Marine le Pen dans un communiqué publié avant le vote des députés.
Dans une interview accordée à RT France, Bruno Gollnisch a déclaré : «J'ai toujours suivi avec intérêt la campagne de ceux que l'on appelle les petits candidats qui sont peut-être petits de par leur audience mais qui ne sont pas toujours petits de par l’intérêt que représente leur démarche. Par conséquent, je suis partisan d'un système d'égalité parce que si la démocratie comme dans certains pays est confisquée par deux formations politiques pré-tablies [...], il n y aura jamais de possibilité pour les challengers de se faire entendre.»