Contre l’idéologie libérale-libertaire, Chevènement veut reconstruire le «récit national»
Entre triomphe du néo-libéralisme, Europe antidémocratique et politique immigrationniste culpabilisatrice, l'ancien sénateur et maire de Belfort Jean-Pierre Chevènement appelle les dirigeants français à changer de politique.
Dans une interview au magazine Causeur, Jean-Pierre Chevènement appelle les dirigeants français à changer de politique pour redonner aux fFrançais confiance en la France. L'arrimage du franc français au mark qui a conduit au «renoncement à la souveraineté monétaire», «le grand acte de dérégulation néolibérale» constitué par l'Acte unique signé par l'Union européenne en 1986, ainsi que l'abandon de l'Etat stratège sont les trois grandes explications de cette dérive de l'Etat français vers un «triomphe du néo-libéralisme et à l’explosion de l’idéologie libérale-libertaire».
Entretien @causeur : "Nous sommes sortis de l’ère libérale-libertaire" https://t.co/hcj1hskN8C
— J-P. Chevènement (@chevenement) 1 Février 2016
«Quand on voit le projet de traité transatlantique, on se demande s’il y a un pilote dans l’avion !»
«N’ayant pas correctement anticipé l’évolution des choses, ils nous ont mis à la remorque d’une Europe totalement opaque, antidémocratique, technocratique et frappée d’aboulie. Quand on voit le projet de traité transatlantique, on se demande s’il y a un pilote dans l’avion !», critique l'ancien ministre de François Mitterrand qui regrette la dissolution du «tissu industriel» français dans la «globalisation libérale».
Vantant la «dictature laïque», à la manière de l'exercice du pouvoir de l'ex-président Saddam Hussein en Irak, comme un moindre mal contre Daesh, il souligne la responsabilité de l'Occident dans la montée du djihadisme dans le monde arabe. Elle aurait été rendue possible, ces dernières années, par un soutien aux «tendance(s) identitaire(s)» incarnées selon lui par les Frères musulmans.
«L'idéologie culpabilisatrice» des élites françaises sur l'immigration
C'est un retour à «l'identité républicaine» de la France que prône le président de la fondation Res Publica notamment par l'établissement d'un «récit national» au sein de l'éducation nationale qui se veut plus objectif que l'idée de «roman national».
«L’intégration des populations issues de l’immigration, s’est mal faite jusqu’à présent, parce que la France notamment ne s’aimait pas», a expliqué Jean-Pierre Chevènement, qui voit dans la réaction des Français aux derniers attentats à Paris un «changement considérable». «Les concepts de nation, de frontières, d’autorité et des emblèmes comme la Marseillaise ou le drapeau, reprennent une signification. […] Une France qui s’aimerait attirerait à nouveau et pourrait reprendre le processus séculaire de l’intégration de ses nouveaux citoyens», a-t-il indiqué au sujet de l'immigration.
Alors que «le solde net du flux migratoire annuel est de 100 000 personnes», l'ancien sénateur plaide pour une «immigration [qui] doit être proportionnée à la capacité d’accueil et d’intégration du pays». Il critique «l'idéologie culpabilisatrice» des élites françaises par rapport à l'immigration «qui fait que l’immigré serait la victime par excellence, la figure du juif qu’on pourrait à nouveau conduire dans des camps. Tout ça ne tient pas la route». Contre la montée du Front national, qu'il assimile au danger de la montée de l'extrême droite en Europe, il conclut : «La République est la cible. Elle est aussi le remède».