«Trop de syndicats en France», quand la gauche se la joue libérale

«Trop de syndicats en France», quand la gauche se la joue libérale Source: Reuters
Jean-Marie Le Guen, Emmanuel Macron, la pilule du 20 janvier risque d'être difficile à avaler pour la gauche de la gauche.
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Jean-Marie Le Guen s’en est pris avec virulence aux syndicats français. Pour lui, ils sont bien trop nombreux. Après l’épisode Macron, c’est la deuxième déclaration libérale du jour à gauche.

Alors que les tensions étaient à leurs combles entre l’aile gauche du PS et le gouvernement, cette matinée du 20 janvier risque bien de consommer la rupture. Invité de l’émission «Questions d’Info», le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement a estimé qu’il y avait «trop d’organisations syndicale en France» et que ce fait «aboutit bien souvent à un affaiblissement du dialogue social». Une déclaration qui, après celle d’Emmanuel Macron, risque de faire bouger les lignes.

Un faible taux de syndicalisation à nuancer

Jean-Marie Le Guen a lâché les chevaux contre les représentants des salariés : «Le mouvement social et syndical français est aussi affaibli par cela, ce qui fait qu'il a une représentation largement moins grande que dans d'autres pays. La multiplication des organisations syndicales aboutit bien souvent à un affaiblissement du dialogue social.»

Il est vrai que l’Hexagone se démarque par son très faible taux de syndicalisation alors même que les organisations sont relativement nombreuses. Entre 7 et 8% de la population active adhère à ce type d’entité. Nous sommes loin de la Suède et ses presque deux tiers de syndiqués. Selon l’OCDE, seule l’Estonie aurait un taux plus faible en Europe.

Mais les propos du secrétaire d’Etat peuvent être nuancés à plus d’un titre. Tout d’abord, la culture syndicale varie fortement d’un pays à l’autre. Dans certaines nations, l’appartenance à de telles organisations conditionnent l’accès à l’assurance chômage ou même dans certains cas, à l’assurance-maladie. Les salariés ont donc intérêt à posséder leurs cartes. Dans l’Hexagone, les avantages obtenus par les syndicats bénéficient la plupart du temps à l’ensemble des salariés. D’ailleurs, en 2008, 93% des travailleurs profitaient de conventions collectives contre 56% en moyenne dans les pays de l’OCDE.

De plus, il faut différencier le taux de syndiqués de celui de la présence syndicale au sein des entreprises. A ce jeu là, la France remonte fortement dans le classement. Elle a même connu un bon ces dernières années passant de 56% en 2005 contre 50,3% en 1996. En Europe, l’Hexagone pointe à la 10ème place.

Des subtilités qui n’ont pas empêché M. Le Guen de se payer les représentants salariaux.

«Les salariés, ils ne veulent pas des défilés, des banderoles, des slogans»

Pour justifier ses propos, le secrétaire d’Etat prend l’exemple de la Fnac. Les syndicats CGT, SUD et FO ont opposé leur véto à l’accord sur le travail dominical. Et il se fait porte-parole des employés : «Je pense que les salariés, à la fois pour eux-mêmes mais aussi pour la création d'emplois, comprennent et connaissent l'importance de la dynamique de l'ouverture d'un certain nombre de magasins le dimanche, notamment dans les zones touristiques. Donc je pense que ceux qui sont des bloquants seront marginalisés. D'ailleurs ils perdent les élections».

Il va même plus loin : «Ceux qui sont sur des postures de blocage vont à la défaite sociale. Et quand ils ont une posture nationale de blocage, par exemple la CGT, on voit bien qu'au plan local, très souvent, ils signent des accords. Car la réalité, c'est que les salariés, ils ne veulent pas des défilés, des banderoles, des slogans, ils veulent que ça avance.» Les manifestants apprécieront.

L’anti-hollandisme primaire

Il semble que Jean-Marie Le Guen ait anticipé les réactions de la gauche de la gauche. Avant même d’essuyer ses attaques, il a porté la première estocade dénonçant une frange «anti-hollandaise primaire» qui donne «sans arrêt des leçons à tout le monde» mais qui est «incapable de se faire entendre par les Français».

Il s’est même risqué à une analyse de ses récents résultats décevants : «Cette gauche, entre 2007 et 2012, s'est vraiment crispée sur un retour à un discours super simpliste : les salariés contre les patrons, etc. Ce discours-là, ça ne correspond plus à la réalité économique et sociale du pays. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts, je dis que l'exaltation des conflits d'intérêts entre patronat et salariat ne correspond plus à rien».

Macron et Le Guen viennent de fournir le terreau aux critiques d’un Hollandisme trop libéral. Il apparaît clair qu’il sera fertile pour faire pousser les blâmes.

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