Réforme des retraites : des rédactions dénoncent un traitement biaisé en faveur du pouvoir

Réforme des retraites : des rédactions dénoncent un traitement biaisé en faveur du pouvoir© Bertrand GUAY Source: AFP
De gauche à droite, le ministre Olivier Dussopt, le député (alors ministre) Stéphane Travert, et les membres du gouvernement Bruno Le Maire et Gérald Darmanin le 22 août 2018 à l’Elysée. (Photo d’illustration)
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Dans un communiqué publié et un autre ébruité, les Sociétés de journalistes de France 3 et du Parisien ont dénoncé le traitement de l’information concernant la réforme des retraites par leurs médias respectifs, qu'ils jugent favorable au pouvoir.

Le traitement médiatique de la réforme des retraites a-t-il été impartial ? Clairement pas selon deux sociétés des journalistes (SDJ), associations constituées au sein des rédactions afin de veiller au respect de l’indépendance journalistique.

Dans un communiqué interne daté du 29 mars, ébruité par le site de l'émission Arrêt sur images, la SDJ du Parisien dénonce une «surexposition» dans les «grandes interviews de Une» dont ont joui les figures du gouvernement. «Difficile de lui donner tort : alors que Le Parisien n'a consacré aucune couverture à un responsable de l'opposition politique, le gouvernement, lui, y a droit plusieurs fois par mois. Gérald Darmanin le 28 janvier, Elisabeth Borne le 10 février (Acrimed avait moqué ce reportage plus que flatteur), Gabriel Attal le 22 février, Olivier Dussopt le 5 mars, et Bruno Le Maire le 19 mars», abonde le journaliste d’Arrêt sur images.

«Déséquilibre» au Parisien

Ainsi, face au directeur de la rédaction, Nicolas Charbonneau, les représentants de la rédaction du Parisien mettent les pieds dans le plat. Ceux-ci évoquent le «sentiment d'un traitement privilégié du pouvoir en place» qui serait «aujourd'hui largement partagé dans la rédaction». Face à leur «grande préoccupation», quant à un traitement «jugé partisan, sinon orienté, dans un journal traditionnellement respectueux de toutes les sensibilités républicaines et démocratiques», les membres de la SDJ affirment que Nicolas Charbonneau aurait «revendiqu[é]» vouloir «donner la parole aux faiseurs et non aux commentateurs», en «assumant le déséquilibre».

«"On a interrogé ceux qui sont à la manœuvre", clame-t-il», poursuivent les représentant de la rédaction, cités par Arrêt sur images, à propos des réponses qui leur ont été apportés sur la fameuse série de couvertures consacrées aux promoteurs de la réforme des retraites. Nicolas Charbonneau «n'entend pas, sur ce sujet-là, accorder la même exposition aux leaders de ces deux grands partis» que sont la Nupes et le RN «assumant de les traiter sur des formats plus courts», développent-ils.

«Nous devons faire attention à ne pas attiser des formes de radicalité», aurait à ce sujet justifié Nicolas Charbonneau. «J'assume des choix et je revendique une forme d'engagement : pas au service du gouvernement, mais dans la lignée des valeurs que l'on défend», aurait-il encore avancé selon le même média, réfutant tout traitement «partisan».

Les manifestants éclipsés par les casseurs… et tout le reste

De son côté, la SDJ du Parisien a fait remarquer à son directeur de la rédaction l’absence de couverture consacrée aux manifestants. «Alors que la mobilisation du 7 mars s'avère une nouvelle fois massive, le fait du jour du 7 mars est consacré à Florent Pagny et celui du 8 mars à Kylian Mbappé», soulignent les représentant de la rédaction, déplorant qu’il ait fallu «attendre les premiers débordements» du 23 mars «pour consacrer un fait du jour à un lendemain de manifestation… en titrant "Mobilisation…et violences"». «Je le reconnais, on a déclenché que quand ça a pété», aurait concédé Nicolas Charbonneau, toujours d'après la même source.

Quant à la Une du 17 mars, jour où Elisabeth Borne à dégainé l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote au Parlement le projet réforme des retraites, le quotidien titrait «Le gouvernement joue la sécurité». «Nous avions encore trouvé le moyen de faire un titre positif pour l'exécutif», s’exaspèrent les représentants de la rédaction. «C'est le fruit d'un processus collectif et on est parfois plus inspiré certains jours que d'autres», aurait rétorqué leur directeur, reconnaissant que «c’est peut-être une erreur d’avoir titré comme ça.»

La SDJ de France 3, rédaction nationale, également mal à l'aise

Un traitement en défaveur de la mobilisation contre la réforme des retraites, également dénoncé par une des SDJ… de France Télévisions. «Dans nos éditions ce sont bien les casseurs qui font la Une… avec un soin tout particulier à ne pas évoquer les violences policières, et le retour de pratiques interdites : nasse, tabassage à l’aveugle, charges et propos inappropriés des forces de l’ordre», fustigent les représentants la SDJ de France 3, rédaction nationale, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.

«La hiérarchie de l’information s’inverse. La violence des casseurs prend le pas sur les manifestants», regrettent les représentants de la rédaction, qui relatent qu’au soir du 23 mars, le 19/20 de France 3 ouvre «sur un long sujet "casseurs", qui passe en 10 secondes sur les matraquages de manifestants par les CRS» ou encore que «le lendemain, dans le journal de 8h de Télématin il n’y a même pas un sujet sur les défilés de la veille !»

«L’ensemble du traitement de cette réforme des retraites serait d’ailleurs à interroger», poursuivent-ils, au sujet des chaînes de France Télévisions. «Pas une soirée spéciale sur France 2 comme sur France 3, avant que la loi ne soit votée ! Et pourtant, il aurait été du ressort du service public de faire un travail d’analyse, et de confronter les idées», enchainent les représentants de la rédaction de cette chaine publique.

Pas une soirée spéciale sur France 2 comme sur France 3, avant que la loi ne soit votée ! 

Une situation qui, à leurs yeux, ne serait pas nouvelle. «Déjà, à l’époque des "Gilets jaunes", il aura fallu que d’autres médias s’en saisissent pour que nous en parlions», assènent les représentants de la SDJ de France 3, rédaction nationale, concernant  certaines pratiques des forces de l’ordre, tout en précisant qu’il n’est pas question de les mettre sur «un même plan» que les violences des casseurs.

Dans un sondage mené par Viavoice, à l’occasion des Assises du journalisme de Tours et dont les résultats ont été publiés le 28 mars, 70% des sondés estiment que l’information est «trop orientée, pas assez impartiale».

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